Il l’emmenait au loin, se retournant de temps en temps afin de voir si je le suivais. Je ne comprenais pas ce qui se passait, il allait nous sauver, nous emmener en sécurité. Nuage d’une Fée essayait de se débattre, prétendant qu’elle pouvait marcher toute seule. Mais il ne la lâchait pas. Jusqu’à ce qu’il arrive près de ce grand arbre. Il s’arrêta, la déposa au sol. Puis il se retourna, et me regarda.

« Et si on s’amusait un peu Petit Mensonge ? »

Il attrapa la petite femelle tricolore et la balança contre l’arbre. Il se mit à rigoler. Un rire rauque. Un rire qui résonnait encore dans ma mémoire.

« C’est amusant n’est-ce-pas ! »

Il haletait, complètement fou. Je me recroquevillai sur moi-même, appelant ma sœur en chuchotant. Elle ne se relevait pas. J’avais peur. Je tremblais de tout mon corps. Il s’approcha de moi et me dit de faire la même chose. De l’imiter. De jeter ma sœur sur cet arbre. Jusqu’à ce qu’elle meurt. Il était fou. Fou. Complètement taré. J’avais tellement peur. Il me poussa violemment vers le corps de ma sœur en hurlant un « vas-y ! ». Je ne savais pas quoi faire. J’avais si peur que je ne pouvais presque plus penser. Il s’approcha. Je bondis. Mes minuscules griffes lui arrachèrent un bout de museau. Il hurla, me plaqua au sol. Lentement il approcha sa griffe de mon œil et la planta si vite que je nu même pas le temps de le refermer. La douleur était si intense que je m’évanouis.
Mon rêve se termina avec l’image du corps blanc de ma sœur trempé de sang rouge. La tête basculée en arrière, la gorge ouverte.

Je me relevai, j’étais allongé à côté du tas de gibier. Je m’étais assoupi, je n’avais pas assez dormis. J’avais la patte sur mon œil, le pelage humide. Je me relevai, remarquant que Lumière de Sang distribuait les patrouilles. Je ne m’approchai pas, j’avais l’ouïe assez fine pour savoir dans quelle patrouille j’avais été assigné.

« Pourquoi tu parles pas ? »

Nuage d’une Fée ? Surpris, je tournai la tête un peu trop vite. Un vertige me pris, me rappelant que j’avais encore du sommeil à rattraper. Une petite chatonne rousse se tenait devant moi, les yeux brillant de curiosité. Ce n’était pas Nuage d’une Fée. Bien sûr que non Beau Mensonge, ta sœur est mort ! Quel idiot fais-tu.

« Peut-être parce que je n’ai rien à dire. » dis-je d’une voix faible.

Cette petite m’avait troublé. Pourquoi venait-elle me parler ? Les chatons du Clan avaient peur de moi, justement parce que je ne parlais presque jamais. Pourquoi me faisait-elle penser à ma sœur ? Elle ne lui ressemblait pas.