Toute la nuit, la femelle brune du Clan de la Rivière n'avait cessé de gigoter dans tout les sens sur sa couche. Elle semblait se débattre contre quelque chose d'énorme et de menaçant. La chatte ouvrit les yeux à plusieurs reprises ne pouvant plus trouver le repos. Son regard luisant dans l'obscurité se posa simultanément sur les différents couples de la tanière des guerriers. Orage de Feu et Rivière d'Argent, Esprit des Songes et Douce Brise, même sa sœur; Danse du Soleil, se trouvait blotti contre un mâle; Chant du Matin. Mélancolie des Saules commença à croire qu'elle était la seule à ne pas avoir de compagnon ou même de futur compagnon au sein de son clan. Tout ses amours de jeunesse avait été vain. Tout ces beaux mâles dont elle avait rêvé étant gamine s'était envolé pour batifoler avec une autre femelle. La jeune guerrière se souvint de son premier coup de cœur; un apprenti brun tigré du nom de Nuage de Faucon. Le pauvre avait disparu sans laisser de trace, laissant la jeune novice dans une profonde tristesse. Puis, elle s'était rapprocher de Plume Sombre, son frère. Faisant partie de la même famille, et celui-ci guider par son devoir de guérisseur, Mélancolie des Saules avait du rejeter l'idée d'aimer son propre frère autrement qu'en tant que frère. Elle avait aussi eu une certaine affection pour Cœur du Temps, son mentor, mais Mélodie des Feuilles avait déjà gagné le cœur du mâle flamboyant. Puis voilà qu'aujourd'hui, elle éprouvait une certaine affection pour un guerrier ennemi. Un mâle blanc du Clan du Vent. Alors que pouvait-elle faire? La femelle brune se retourna encore une fois sur sa couche, cherchant en vain le repos. Son esprit était ailleurs. Elle repensait encore au aveu du solitaire et à quel point il semblait désespéré de la voir partir, mais elle ne pouvait quand même pas quitté son clan, toute sa vie ne serais-ce que pour lui faire plaisir. Alors que pouvait-elle faire?

Inconsciemment, Mélancolie des Saules avait pris le chemin vers la rivière lors de la patrouille de chasse. Orage de Feu lui avait demandé de l'accompagner à la grande surprise de la jeune guerrière. Pourquoi n'avait-il pas demander à sa compagne; Rivière d'Argent? Les deux félins longèrent la rivière durant un instant qui parut presque interminable pour la femelle. Elle ne se sentait point à l'aise avec ce matou. Soudain, le mâle gris se retourna pour faire face à la guerrière pour lui annoncer qu'ils devaient se séparer. Ils partirent chacun de leur côté.

La femelle continua de longer la rivière jusqu'au nids entremêlés. Elle se dit qu'après avoir attrapé deux ou trois prise, elle pourrait se permettre une sieste, mais à peine était elle arrivé auprès des roseaux; elle crut entendre une voix lui parler. Surprise, elle se replia un peu sur elle-même, cherchant la source de ces paroles autour d'elle, quand son regard jade se posa sur une paire de yeux bleus entre les tiges dorés des roseaux. Mélancolie des Saules y reconnu le matou de la veille, son pelage clair et sombre contrastant avec la splendeur presque divin des longues herbes. Le solitaire sortit de sa cachette, la tête à peine sortit, mais le reste du corps encore camouflé comme s'il craignait une attaque.

« - Si tu veux que je te laisse en paix, dit le tout de suite. » miaula t-il au grand désarroi de la guerrière.

Celle-ci le fixait avec étonnement. Elle ne s'était pas attendu à le trouver ici et aussi près des terres de son clan. La femelle brun resta un long moment figée à contempler le matou, puis en reprenant peu à peu ses esprits, son regard se durcit.

« - Je ne comprends pas pourquoi tu t'acharnes à me suivre? » demanda t-elle sur un ton étrangement calme.

Les deux félins se dévisageaient sans cesse, leur regard difficilement perceptible, on aurait dit deux statue de pierre se faisant face. Mélancolie des Saules resta muette, inédites et sans bouger. Elle n'avait plus l'intention de fuir. Si elle voulait mettre fin à la mascarade de ce matou, elle devait prendre sur son courage et lui faire face une bonne fois pour toute. Le mâle bicolore plongea ses yeux bleus dans les siens, cherchant à attendrir son cœur, mais la femelle ne cilla pas. La guerrière plissa les yeux en deux fentes minces et menaçantes, puis son visage se décrispa quand le solitaire pris enfin la parole et brisa ce long silence qui avait creusé un fossé entre eu deux.

« - Je voulais juste une réponse à ma question d'hier. Réponds-moi et je te laisserais tranquille. Et aussi je veux juste savoir ton nom. »

Le félin avait parlé avec tant de détachement à ses sentiments, que Mélancolie des Saules ne put se résoudre à l'abandonner. Elle ne connaissait pas bien ce matou, ne savait pas qui il était, ni de quoi il était capable; elle ne l'avait jamais vu, mais la tranquillité de sa voix trahissait une angoisse sévère. La guerrière se calma. Tout se disait par leur regards. La femelle s'attendrit, mais en restant tout de même sur ses gardes. Elle parla à son tour.

« - Si cela peu t'apaiser, je me nomme Mélancolie des Saules. » répondit-elle en tentant de faire oublier l'étrange question auquel le mâle faisait allusion.

Les prunelles sombres du matou s'agitèrent; s'étrécirent puis se dilatèrent de nouveau. il aurait pourtant du être heureux ou du moins soulagé de connaître enfin le nom de la guerrière, mais autre chose semblait la tracasser encore. Mélancolie des Saules comprit qu'il ne laisserait pas tomber si facilement; pas avant d'avoir eu la réponse à son autre question. La femelle piétina le sol de ses pattes blanches. Comment pouvait-elle lui faire comprendre que son cœur était déjà pris sans le chiffonner au point qu'il ne s'énerve et l'attaque? Le caractère inconnu du solitaire était sa plus grande crainte. Impossible de lui parler à tête reposer, car chaque mot pouvait mener à sa perte. Mélancolie des Saules s'assied, pensant qu'en adoptant cette position décontracté, le mâle bicolore deviendrait plus calme, mais le silence continu ne fit que l'irriter. Sa queue sombre fouettait l'air de gauche à droite, alors que ses prunelles prirent la forme d'une griffe effilés dans son regard. La guerrière leva une patte pour passer quelque coup de langue dessus afin de témoigner au solitaire qu'elle ne lui voulait aucun mal, mais le regard désolé qu'elle afficha ne fit qu'envenimer la situation. Voyant que les muscles du matou se nouait sous sa fourrure, Mélancolie des Saules n'eut d'autre choix que de lui avouer:

« - Je suis désolée... Si on se serrait rencontrer dans d'autre circonstance et qu'on aurait appris à se connaître, on aurait peut-être pu, mais... comprend-moi... J'aime un autre félin. » miaula t-elle penaude comme pour se culpabilisé et attendrir le solitaire pour ne pas qu'il fonce sur elle toutes griffes dehors.

Le solitaire ne répondit pas. Son doux visage se décomposa en une grimace de douleur, comme si une épine ou une griffe de blaireau lui avait transpercer la poitrine de part et d'autre. Le félin blanc aux extrémités noirs fit demi-tour sans rien demander d'autre. Il s'élança dans les fourrées sous le regard inquiète de Mélancolie des Saules. La guerrière se mit à penser qu'elle avait mal agis, mais après tout que pouvait-elle faire? Elle ne pouvait tout de même pas laisser tomber son bien-aimé, ça non, elle n'en serait jamais capable. Le visage du beau matou blanc aux yeux verdoyant de la lande apparut à son esprit, la ramenant peu à peu vers le droit chemin. Convaincue qu'elle avait finalement bien agis, Mélancolie des Saules fit demi-tour à son tour, pour rejoindre son clan, mais avant elle devait y déterrer les deux jeunes truites qu'elle avait pêché avant l'interruption du mâle solitaire.

HRP: