Une douce chaleur se déposa sur mon museau, qui me fis éternuer. Je baissai la tête, admirant le sol coloré. Quelques fleurs - notamment des violettes et des marguerites - venaient d'éclore, donnant à l'air humide un parfum sucré. J'acquiesçais un sourire; j'aimais tant l'arrivée du printemps. La nature s'éveillait petit à petit, donnant un nouvel espoir pour les saisons à venir. Un nouvel espoir. Je regardais le ciel tout en soupirant; puis adressai quelques paroles destinées au clan des Étoiles. J'espérais que nous quitterons le clan du Tonnerre assez tôt. Je l'avais promis au clan. 

Malgré les difficultés, les clans continuaient de vivre comme si de rien étaient. Mais pour moi, c'était assez difficile. Être chef - ou sous chef, par apport à Étoile Merveilleuse - était épuisant. Je devais m'assurer que tout aller bien dans le clan. Je réalisais que je n'avais pas entraînée Nuage de Soleil depuis une demi - lune. Je fermais les yeux, pensive, puis cherchai mon apprentie du regard. Je la trouvais devant la tanière des apprentis, au milieux de plusieurs d'entres eux, de la Rivière comme du Tonnerre. Je doutais de l'avenir des deux clans; et si les clans restaient unis ? Des liens forts se créaient, et je savais qu'il y aurait de nombreux problèmes quand nous nous séparons. Je m'approchais de la jeune femelle, puis lui fis signe de la queue de me suivre. Je j'étais un coup d'oeil au soleil, triomphant dans le ciel, puis adressais à Nuage de Soleil :

— Je ne vais pas forcément t'apprendre quelque chose aujourd'hui, mais je souhaite que tu viennes avec moi faire une inspection de nos terres.

Je ressentis l'excitation de la novice. J'étais aussi joyeuse, mais inquiète. J'avais peur que mon clan soit terriblement détruit par les dégâts des eaux.

La forêt étaient illuminé par les rayons du soleil, comme si les cieux leur montraient le chemin. Quelques oiseaux fredonnaient gaiement une mélodie. Le clan du Tonnerre était merveilleux, mais je n'étais tout de même pas à l'aise. J'avais terriblement hâte de partir d'ici, de retrouver les odeurs humides, le parfum du poisson, l'humidité. La rivière. Mon sourire s'effaça. La somptueuse et inoffensive rivière d'autrefois. Celle qui nourrissait mon clan, celle qui les protégeait. 
Ce paysage m'avait presque fait oublier que Nuage de Soleil était à mes côtés. Je croisais son regard azur et lui fis signe d'accélérer. Si nous marchions à ce rythme, nous y passerions la nuit. Je levais le museau et humais l'air; nous étions proches de la frontière. 

— Nous y sommes presque.

Mon cœur accéléra. Les arbres se raréfièrent, laissant place à de hautes herbes abîmées. Essoufflée, je franchis la limite du territoire du clan du Tonnerre. J'attendis que la jeune femelle me rejoigne et dévisageais le paysage qui se trouvait devant moi, calme. J'apercevais le grand saule au loin, et les chutes proches de la rivière. Tout m'avait l'air normal. Bien trop normal.
Je m'élançai vers le camp, inquiète. Ce n'était pas possible que tout soit finit. L'eau avait tellement fait de dégâts que ... Je m'arrêtais net, ahurie.
Mes pattes s'enfonçaient atrocement dans de la boue, jusqu'à atteindre mon flanc. C'était impénétrable. La terre avait ramollie et s'était transformée en boue, engluant tout sur son passage. Mais je ne lâchais pas prise. J'avançais difficilement - exactement comme si je me trouvais dans un manteau de neige - et serrai les dents. Malgré sa petite taille, Nuage de Soleil semblait mieux se débrouiller que moi grâce à sa légèreté. J'atteignis les roseaux, qui formaient maintenant des sortes de bâtons misérables. Il y avait cependant moins de boue, ce qui me permis de reprendre mon souffle. Mon pelage était complètement encrassé; je ne ressemblais à rien et cela me déshonorais. J'avançais prudemment vers le camp et soupirais. L'eau stagnait, formant une sorte de marécages. Les tanières étaient ensevelis, inaccessibles. Je remarquais que mon antre - qui se trouvait légèrement en hauteur - était intacte. Le jour de la catastrophe, celle ci était bien atteinte par l'eau dévastatrice. Le niveau avait donc baissé.

— C'est décevant. Dis-je à la rouquine.