LUNE ▲ NOIRE

C'est dans la fraîcheur matinale qu’Écume d'Obsidienne s'éveilla enfin, des suites d'une nuit quelques peu mouvementée. L'esprit et les sens encore brumeux, le mâle grisâtre resta à papillonner des paupières, tandis que les ombres de la tanière tournaient autour de lui. Le matin était difficile, tant l'air y était encore trop frais, trop fébrile. Secouant les moustaches, l'être aux yeux pâles s'étira, et d'un bond, sortit de la tanière. La lumière de l'extérieur lui brûla un instant les yeux, mais se guidant à l'aide de son odorat, Écume d'Obsidienne pu atteindre le tas de gibier sans encombres. Le frêle mâle s'installa, un maigre mulot dans la gueule, une proie à son image. N'ayant pas encore d'apprenti, ce dernier avait prévu une belle journée de chasse, en compagnie des arbres et des nuages. Écume d'Obsidienne ferma un moment les yeux, sentant déjà les effluves d'odeurs de gibier, les doux rayons du soleil perçant l'épais feuillage des arbres afin de venir caresser sa fourrure blanchâtre. Le mâle avait hâte. Il voulait se lever d'un bond et partir en courant vers la forêt qui s'offrait à lui. Pourtant, l’enthousiasme du félin retomba lorsque ses membres nerveux lui rappelèrent les courbatures qui le hantait. Grinçant des crocs, le mâle se leva doucement, tâtant le sol meuble de ces pattes encore frêles. Toute la nuit durant, Écume d'Obsidienne avait courut, traversant fourets, ruisseaux et chemins. Il avait sentit ses muscles se tendre, s'étirer, jusqu'à la limite des capacités du mâle. Pourtant, ce dernier avait continué. Encore et encore, jusqu'à l'épuisement. Alors, enfin, il s'était résolut à rentrer au camp, afin de jouir de ce qui restait de sa nuit de sommeil. Écume d'Obsidienne n'avait pas fait cela pour son humble plaisir, bien au contraire. C'était sous la contrainte que le mâle avait foulé tout le soir durant le territoire du clan de l'Ombre, sous la contrainte de son propre esprit. Car Écume d'Obsidienne était faible. Être frêle, petit et maigre, le mâle grisâtre n'avait guère la carrure des grands guerriers, et malgré son rang, ressemblait d'avantage à un apprenti qu'à un gardien du clan. Et cela, le maigre félin ne pouvait le supporter. Soit, il était l'un des chats les plus rapides, les plus habiles, mais sa force et sa carrure laissaient à désirer. Pour cette dernière, Écume d'Obsidienne ne pouvait rien y faire. Néanmoins, il pouvait toujours essayer d'améliorer son endurance, ainsi que sa résistance. C'est ainsi que commencèrent les entraînements intensifs d’Écume d'Obsidienne, seul avec lui-même.

Un éternuement sortit le mâle aux yeux pâles de ses rêveries. S'ébrouant rapidement, il se redressa et d'un pas doux s'en alla gagner la sortie du clan.