Assise au centre de la clairière, le vent soufflant comme la brise de la saison aux feuilles verte je finissais d'organiser les patrouilles frontalières avec les quelques guerriers sélectionnés lorsque je tournai le dos au petit attroupement prêt à partir élancé. La saison froide était arrivée nous n'avions pas le moindre doute. Le gibier fuyait la gelée, les arbres ont perdu leur couleur pour nous offrir un triste et sombre paysage parmi ce marron craquelé. Le bruissement des feuilles vieillissantes contre le sol dur et glacé contraignait à avoir plus d'attention lors des patrouilles de chasse. Je voyais bien que l'ambiance n'était pas à son comble. Je voyais bien que le temps nous décourageait, il gelait nos coussinets peu habitué au début de saison. Seulement nous perdions la patte, les proies se faisaient plus rares et nous nous devions de multiplier les patrouilles de chasse, afin de ne pas s'endormir le ventre vide. Cette activité inhabituelle fatiguait notre clan, la faiblesse commençait à se ressentir. Heureusement nous avions de bons guerriers, courageux, déterminés, motivés et prêts à tout pour vaincre la pire des saisons. En faisais-je partie ? Je ne le savais pas. Physiquement peut être avais-je l'air sereine et rassurante, intérieurement mon cœur était à moitié détruit. Je n'arrivais pas à contrôler mes émotions. Tout ce qu'on pouvait voir sur mon visage n'était qu'une façade, un masque couvrant tout signe de torture morale qui rongeait chaque jour mon cœur par petit bout. Je ne savais même pas sur qui tenir. Sur qui compter. Je ne voulais rien infliger à personne. Je ne voulais pas parler, me confier de peur d'entraîner quelqu'un dans ma « chute ». Je devais me relever seule, sans l'aide de personne. Je suis une lieutenante tenace qui se doit d'avoir une attitude irréprochable. Je m'interdis aux coups de blouse, ce n'est qu'un prétexte, je n'en ai pas besoin. Je me rassure tant bien que mal d'être capable de me faire passer pour une guerrière forte sous les yeux des autres. Grâce à cette façade personne ne comprend ma situation. Pas même Nocturne des Océans. J'ai peur avec lui. Je suis départagée à tout lui raconter ou bien me réduire au silence comme je suis tellement bien partie. J'ai l'impression de ne pas trouver le réconfort que je veux avec lui. Je ne sais même pas où notre histoire en est. Son contact près de moi me manque. C'est comme un deuxième vide. Je voudrais tant qu'il sache ce que je ressens dans mon cœur. Je voudrais tant que nous soyons liés tel que nous l'étions avant. M'avait-il abandonné ? Ou l'avais-je moi seule abandonné ? Peut être était-ce moi le problème ? Et s'il ne remarquait rien ? S'il ne voyait rien et s'en fichait totalement ? Je dérive complètement n'est-ce pas ? Parfois j'ai l'impression d'être folle. Que toutes ces choses qui me tiennent à cœur sont une obsession, que j'en ai besoin pour ma survie alors qu'au fond ce n'est pas réciproque. La solitude. Je m'en tiens qu'à ça. J'ai peur de la réponse. LA réponse. Celle qui expliquera tout et éclairera nos chemins. Ou bien même celle qui les séparera. Je crois bien que j'ai peur du changement. Mais surtout peur de perdre ce que j'ai plus précieux dans mon cœur. Je suis ridicule, je ris de moi tellement que c'est ridicule. Un amour impossible. Ça doit être ça. Comme l'amour & la mort. Tu aimes, tu perds. Tu nies, tu gagnes. Mais tu souffres. Parce que tu meures d'envie de tout balancer. Dans les deux cas tu souffres. C'est triste, car tu vois des âmes satisfaites, heureuses et qui semblent déjà tracer leur avenir. Tandis que toi tu es là, tu ne sais pas ce qui va t'arriver, tu veux et ne veux pas le savoir, tu as peur que tout flanche alors que tu pries des milliers de fois le contraire. Tu te sens stupide. Oui le cœur veut ce qu'il veut. C'est bien ça les mots. Il décide de tout, contrôle tout. Tu ne choisis pas d'avoir un avenir plus pétillant, plus sûr que celui que tu as actuellement. Il te persuade d'avoir cette petite flamme et cette boule au ventre qui ne née pas pour rien. Mais après t'être lancé tu ne sais pas si cette petite flamme sera révélatrice ou bien même te brûlera à petit feu.
Vous, oui vous là qui me lisez vous ne devez peut être pas me comprendre n'est-ce pas ? C'est normal c'est mon histoire et la confusion qui gagne mon cœur. C'est en lisant ces quelques phrases que vous comprendrez ce que je ressens actuellement. Réellement.

Encore perdue dans mes pensées je ne fais pas attention à la carrure musclé du guerrier qui s'approche de moi. Qu'est-ce qu'il me veut ? Une patrouille encore ?
Je me retourne et vois arriver Supplice d'Antan un guerrier ayant rejoint nos rangs récemment. S'il me voit dans cette état-là je ne vais pas faire long feu. Alors je me redresse de toute ma hauteur, la queue bien droite la tête face à lui, d'une mine habituelle.

« Tiens, bonjour Supplice d'Antan. Qu'est-ce qui t'amène là ? As-tu bien dormi ? » Je fis une pause avant de reprendre : « T'ai-je introduit dans une patrouille ou veux-tu que je t'en désigne une ? »