L'arrivée de la mauvaise saison m'avait forcée à trouver refuge sur le dos de maman pour la nuit, mais celle-ci ne devait pas m'avoir senti ce matin quand elle s'est levé car d'un bond, elle me fit tomber sur le sol ; ce qui me réveilla en sursaut. J'avais tant de fois tenté de me rendormir auprès de mon frère et ma sœur ensuite, que j'avais fini par perdre sommeil et d'un élan prestigieux, je m'étais élancée au dehors pour revenir immédiatement me blottir contre Petit Firmament, transit jusqu'aux os. Comment font les guerriers pour ne pas mourir de froid ? me demandai-je en claquant des dents. Je déteste la mauvaise saison... Il fait si froid que je pourrais en perdre mes moustaches... Soudain, un faible bruissement me tira de mes songes et me dit que Petite Aube était sur le point de s'éveiller. Comme défaite, ma sœur s'étira longuement en baillant avant d'entamer de faire sa toilette seule. Amusée par ses coups de langue répétitifs contre son poitrail, je me redressait de toute ma hauteur en ronronnant doucement. C'est alors que Petite Aube me vit et d'un bond par-dessus Petit Firmament elle me demanda discrètement :

« Bonjour Petit Été ! Tu veux aller jouer dehors ? Ne réveillons pas Petit Firmament, il dors encore. »

« Je crois qu'il a oublié que l'avenir appartient aux chats qui se lèvent tôt. » rigolai-je avant d'accepter l'offre de ma sœur.

Par contre, il y avait une chose que je n'avais pas omis ; le froid de canard qu'il faisait dehors ! Mais avec Petite Aube à mes côtés, son sourire chaleureux et sa fourrure couleur du soleil, la brise hivernale me paraissait déjà moins glaciale qu'à mon réveil.

Petite Aube m'emmena au dehors comme si elle était insensible au froid glacial de la mauvaise saison. Chanceuse ! Moi, le froid me terrorisait. Je tremblais de la tête aux pattes, mes oreilles me brûlaient, ma truffe coulait et mes griffes menaçaient de tomber au moindre pas que je faisais. Nous nous dirigeâmes vers la réserve. Pourquoi là ? Je l'ignore. Peut-être que ma sœur pense qu'elle est assez âgé pour se nourrir de viande comme les grands ? Et bien, je pense aussi, mais maman ne nous y a pas encore autorisé alors oublions je te pris. Je m'apprêtais à rebrousser chemin quand soudain, quelque chose m'atterrit dessus. Prenant mon courage à cœur, je décidais de faire face à cet ennemi surprise. Je me retournai au sol, les griffes sorties et je donna un énorme coup de patte dans le ventre de mon assaillant. Mon réflexe me sauva la vie, mais me fit également culpabilisé quand je vis ma sœur plié en deux devant mes yeux, un mince filet rouge écarlate s'échappant de son flanc droit. Oh misère.

« - Petite Aube ! Ça va ?! » m'empressai-je de la rejoindre. « - Pardonne-moi, je ne voulais pas te faire mal, mais quand tu m'as prise par surprise, j'ai paniquée. Vraiment, je m'excuse. » piaulai-je en cherchant de l'aide du regard.

Justement, je vis la guérisseuse remuer dans son antre et accourut jusqu'à elle en criant désespérément :

« - Bois de Hêtre ! Bois de Hêtre ! Petite Aube est blessée ! Elle saigne ! C'est affreux ! C'est ma faute ! Aide la, je t'en pris ! »

Heureusement, la guérisseuse me suivit à l'extérieur auprès de ma sœur, Petite Aube, mais avant, elle se dirigea au fond de son antre, là où elle entreposait ses différents remèdes et revint la gueule chargé de toile blanche d'araignée. Je lui montrai le chemin, bien qu'il ne soit pas si compliqué car de sa tanière on distinguait aisément la petite chatte rousse claire étendue sur le sol neigeux, un filet de sang écarlate sur l'épaule. J'avais peur. Vraiment peur pour ma sœur. Et si elle restait marqué à vie par ma faute. J'espérais juste que cette vilaine plaie guérisse bien. Inquiète, je tournais autour des deux chattes en espérant que tous se finisse bien et sans problème, mais je devais me trouver dans les pattes de la guérisseuse car celle-ci me dit :

« - Calme-toi Petit Été, ce n'est rien. Petite Aube va s'en sortir. Ce n'est qu'une légère égratignure. » miaula Bois de Hêtre.

Je m'arrêtai net, stupéfaite de voir la chatte écaille à l'œuvre de manière si concentré. Elle étala ses remèdes sur la blessure, puis s'exclama :

« - Voilà ! »

« - Merci Bois de Hêtre ! » piaula Petite Aube.

« - Oui, merci beaucoup ! » renchéris-je.