Vole petit oiseau, nage poisson dans l'eau.

Reine des Neiges, Petit Ciel, Petit Poisson et le Clan.

Reine des Neiges -
La nuit était longue, très longue. Je me réveillais souvent, assaillit par des crampes abdominales. Je savais ce qui se préparait, mais je n'étais pas encore prête à mettre bas. Mon corps peut-être ; pas mon esprit. Quelque chose me tracassait, comme si j'avais l'impression que la venue de cette deuxième portée n'était pas apprécier de tous les félins du clan. Certes, j'attendais ce moment depuis deux lunes. Vent du Sahara et Esprit des Songes également. De nouveaux chatons semblait être une bénédiction pour notre famille et même si ma précédente portée n'était pas encore nommé apprenti, cela m'emplissais de joie, mais ... d'un autre côté, je craignais que mes futurs petits ne soient pas accepté au même titre que mes amours. Leur père était du Clan de l'Ombre après tout. Ils ont raison de le craindre, mais pas mes chatons. Eux sont nés au Clan de la Rivière, et nul part ailleurs. Ils seront loyaux autant que je le suis. Point final.

Les contractions reprirent, plus nombreuses et plus fortes à mesure que j'essayais de les ignorés. Je devais alors me rendre à l'évidence ; mes petits naitront cette nuit ou au plus tard demain matin dès que l'aube se lèvera dans le ciel étoilé, mais pas ici. Hors de question d'évacuer la pouponnière rien que pour moi. Elle était déjà pleine à craquer avec ma première portée et celles des autres reines. Je connais les chatons, mieux que quiconque et depuis très longtemps. Ils n'aiment pas être réveillé de très bonne heure, alors c'est moi qui devait sortir et le plus tôt et rapidement possible. Je me levai chancelante, mon gros ventre rond dur sous les coups de pattes des petits à venir, je sortais de la tanière dans une démarche plutôt ridicule. N'importe lequel apprenti se serait bien marré en me voyant, mais par chance, personne n'était debout à cette heure à part moi. J'avançais à pas lent, mais surement, en direction de l'antre de notre guérisseur et comme si il m'avait senti arriver, Poisson du Nil apparut dans l'arche de son abri ciselé dans la pierre, son regard vert anis encore un peu groggy par le sommeil.

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Je m'étais finalement assoupi il y a très peu de temps. J'avais eu toutes les misères du monde à fermer les yeux, et enfin j'avais réussi quand une voix au creux de mon oreille m'ordonnait subitement de me réveiller. J'avais un mauvais pressentiment, l'impression que le devoir m'appelait au dehors tel les rayons chauds du printemps après un rude hiver. Je m'étirais donc, faisant attention de ne pas me faire craquer les vertèbres du dos et ouvrant faiblement la gueule pour mieux sentir la présence qui se dirigeait vers mon antre d'un pas lourd, j'en convint : Reine des Neiges ! Aussitôt, je fus alerté par sa respiration rauque et son souffle court. C'était le moment. La reine blanche allait mettre bas d'un instant à l'autre et je devais lui venir en aide maintenant ! Rapidement, je sortis la tête de ma tanière et l'aperçut non loin de là, souffrante et presque à bout de force.

« - Reine des Neiges ! Ne bouge plus, j'arrive ! » miaulais-je en accourant à sa rencontre.

Je passais mon crâne sous son cou, mon corps musclé contre le sien et ma queue enroulée autour de la sienne, je la guidais lentement vers mon antre en prenant soin de ne pas trop la brusquer et de m'arrêter à chacune de ses contractions qui se rapprochaient de plus en plus les unes des autres. Une fois dans ma tanière, je lui indiquais un nid vacant où elle pourrait se reposer en attendant la venue tant attendu de sa deuxième portée loin des autres chatons turbulents de la pouponnière. Ce ne fut pas très long que le premier nouveau-né pointa son petit museau, suivit d'un second au lever du soleil. Deux petits mâles, un gris tigré et un roux tigré.

Vole petit oiseau, nage poisson dans l'eau.

Reine des Neiges, Petit Ciel, Petit Poisson et le Clan.

Reine des Neiges -
Poisson du Nil vint finalement me porter secours, me prêter patte forte dans ma progression vers son antre en me permettant de m'appuyer contre son corps musclé et ses épaules larges. Toutefois, malgré sa grande gentillesse et la douceur de son geste, je ne mis pas tout mon poids de femelle pleine sur son pauvre dos meurtri et ses hanches difformes. J'ignorais ce qu'il avait bien pu vivre durant sa vie d'errance loin de notre clan, mais je savais une chose ; ce guérisseur serait toujours là pour nous, pour moi, ainsi que les autres reines en attente de leur prochaine progéniture ou déjà au service de leur nouvelle portée. Le matou couleur fumée m'amenait donc jusqu'à un nid fraîchement préparé, comme si il s'était douté d'avance que je viendrais bientôt lui rendre visite. Je m'y installais sans trop de peine, mon ventre bien rond prenant majoritairement la place versus mes membres raides et ma tête lourde. Je commençais sérieusement à avoir sommeil, à sentir mes paupières se fermer délicatement et mes sens se voiler sous l'effet de la douleur. Ils arrivent ! Maintenant !

Ne me demandez même pas comment cela s'est passé car je n'en sais rien. J'avais beau avoir déjà donné naissance auparavant, j'étais encore toute ébranlé des derniers évènements. À bout de force, je me souviens avoir brossé doucement les pelages gris et roux de mes petits en ronronnant à peine, puis je m'étais assoupit quelques heures. Maintenant, mes nouveau-nés s'activaient d'eux-mêmes autour de mon ventre, pressant leurs minuscules petits museaux roses dans mon pelage clair à la recherche d'une mamelle à téter. Je souriais doucement, heureuse de revivre une seconde fois ce moment si précieux à mes yeux. J'étais de nouveau mère. Soudain, des bruits de pas s'engouffrèrent dans la tanière sans prévenir et une pluie de chaton excentrique déboulait tout près de ma couche. Petit Narcisse et Petite Dryade avaient tous les deux doublés Vent du Sahara qui ne tardait pas à montrer le bout de son nez lui aussi.

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Vole petit oiseau, nage poisson dans l'eau.

Reine des Neiges, Petit Ciel, Petit Poisson et le Clan.

Reine des Neiges -
J'étais si heureuse et comblée de joie. Mes petits étaient finalement nés et toutes la famille ou presque était venu aussitôt à leur rencontre ; à l'exception de Chant du Matin et Patte d'Edelweiss qui manquaient toujours à l'appel et Esprit des Songes qui devait être occupé par ses nouveaux devoirs de lieutenant, mais qui ne tarderait pas à être informé de la nouvelle. Au moins, cette absence laissait amplement le temps à mes chatons présents de faire connaissance les uns avec les autres. Petite Dryade fut la première à faire le premier pas, mais aussitôt elle reculait d'un bond, sa petite truffe rose froncée de dégoût. Elle ne les détestait pas, je le savais, mais ma petite fleur était seulement déçue de ne pas avoir de petite sœur et que des frères. Patte d'Edelweiss lui manque. Elle manque à tous d'ailleurs. Je prie donc chaque jour, chaque nuit pour que l'on la retrouve saine et sauve, elle et Chant du Matin. Vent du Sahara, quant à lui, il vint s'assoir tout près de moi, son dos droit et fier d'être l'un des premiers à voir nos adorables chatons. Je lui souris en ronronnant et il me rend ce geste avec amour et tendresse. Je l'aime. Je n'en doute plus. Je l'aime et je l'aimerais toujours comme il m'aime et m'aimerais toujours également. Soudain, le guerrier doré ouvre la bouche. Il me demande alors :

« - Comment voudrais-tu les appeler ? »

C'est alors que je repense à mon rêve ; ce poisson majestueux et ce ciel magnifique, et comme la toute première fois, je décide de m'inspirer de ce songe pour les noms de mes petits. Ne manque plus que l'accord de leur père maintenant.

« - Pourquoi pas Petit Ciel pour le gris et Petit Poisson pour celui qui te ressemble ? De plus, je ne veux jamais oublier tout ce que Poisson du Nil a fait pour ma famille, je lui doit énormément. Il a d'abord été le mentor de mon frère et notre lieutenant, Esprit des Songes, puis il m'a permis d'avoir deux belles portées de chatons en pleine forme. C'est pourquoi je voudrais que ce petit rouquin soit nommé en son honneur, et puis c'est mignon comme nom. Est-ce que cela te plait ? » lui demandais-je.

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Tout c'était passé à merveille. Reine des Neiges avait donné naissance à deux autres petits mâles durant la nuit ; l'un gris comme elle et l'autre roux comme Vent du Sahara, leur père. Voilà une nouvelle bénédiction pour le clan !, pensais-je. Alors que j'entreprenais de ranger un peu ma tanière en ramassant les surplus d'herbes médicinales que je ne m'étais pas servi, j'entendis des bruits de pas de course dehors, puis une seconde plus tard déboullait une ruée de chatons ambulants à travers le rideau de mousse. Une ruée ? C'est vite dit quand ils ne sont que deux. Petit Narcisse et Petite Dryade devaient déjà avoir entendu la nouvelle et c'était sans aucun doute la raison de toute cette agitation et cette précipitation dans mon antre. Ils voulaient surement voir leur mère et leurs nouveaux petits frères, que pouvais-je faire contre cela ? Rien malheureusement. Soudain, le rideau de lierre s'écartait à nouveau, cette fois plus doucement, et laissait passer un grand matou doré aux yeux d'un bleu vif. Vent du Sahara venait lui aussi rejoindre les festivités. La place commençait à manquer près de Reine des Neiges, je dû donc me fondre dans le décor pour rejoindre ma réserve et de là-bas, j'observais la scène silencieusement, un sourire de contentement plaqué sur mes lèvres couturées de cicatrices. Quelle jolie famille heureuse, pensais-je à nouveau. Comme j'aimerais un jour connaître ce même bonheur, mais je ne suis qu'un guérisseur, vieux et miteux par-dessus tout ...

Chaude et douillet était les mots pour décrire cette place. Je gigotait gaiement, l'esprit libre, parfois je frappais quelque chose sans faire exprès. Était-elle vivante? En tout qu'à qu'elle le soit ou non elle me renvoyait de violent. Malgré cela la vie était belle, jusqu'à ce jour... J'émergea dans un nouveau monde, froid et incroyable. On me taponait de partout et je gémissait péniblement à se contact. À côté de moi, une chose hurlait de tout poumon, était-ce cette chose qui me frappai dans le monde parfait? Devais-je faire comme elle? Crier? Je n'osais pas, je continua simplement de gémir, comme une pauvre petite chose qui pleurait dans son coin. Enfin on m'agrippa et me colla sur quelque chose de chaud et poilus, c'était très confortable pour se monde. Une odeur lactée de dégageait de cette chose poilue, j'avais envie de suçer et avaler toute cette bonne odeur! Mais était-ce bien? Je pouvais entendre mon compagnon à mes côtés qui suçais violemment, je suppose que oui c'était ce que je devais faire alors. Je suça en appuyant sur la chose pour faire sortir ce bon liquide. Autour de moi j'entendais des voix et je sentais des choses, des choses vivantes. Les voix étaient aiguë et grave. Une des choses vivante vint me renifler mes aussitôt recula. Je lâcha ma tétine apeuré et commença à pleurer faiblement. Avait-elle voulue me manger? Aussitôt on vient me réconforter, grâce à cette grosse chose qui me caressait.

- Comment voudrais-tu les appeler ? » dit une voix.

Je reconnaissais cette voix, je l'entendait souvent dans l'autre monde, elle était forte mais réconfortante.

- Pourquoi pas Petit Ciel pour le gris et Petit Poisson pour celui qui te ressemble ? De plus, je ne veux jamais oublier tout ce que Poisson du Nil a fait pour ma famille, je lui doit énormément. Il a d'abord été le mentor de mon frère et notre lieutenant, Esprit des Songes, puis il m'a permis d'avoir deux belles portées de chatons en pleine forme. C'est pourquoi je voudrais que ce petit rouquin soit nommé en son honneur, et puis c'est mignon comme nom. Est-ce que cela te plait ? » dit une autre voix.

Cette voix aussi je la reconnaissait, elle me suivait partout, elle me racontait de belles histoires, elle était si jolie et douce! Était-ce Maman comme on appelait? L'ange qui veille sur nous! Au nom "Petit Poisson", une chose douce n'effleura. Était-ce moi? Était-ce mon nom? J'aimais bien, c'était jolie, c'est Maman qui l'avait choisie et cela avait une belle signification. Je miaula gaiement, je voulais faire comprendre à Maman que j'était en accord avec elle! Finalement ce monde ne sera peut-être pas si mal?

Esprit des Songes débarqua à son tour. Vraiment, je commençais sérieusement à me demander si il n'y avait pas plus de place dans la pouponnière. Malheureusement, Reine des Neiges était encore trop faible pour se lever et retourner dans son gîte avec tout ses petits collés contre elle. Je devais donc laisser une nouvelle fois ma place. Je saluais brièvement mon ancien apprenti aujourd'hui le lieutenant du Clan de la Rivière, puis je quittais ma propre tanière afin de laisser les félins se réunirent en famille. Je m'assied devant l'entrée de mon antre, le museau légèrement incliné vers le ciel et les yeux perdus dans les étoiles, je les fermais doucement et laissait le vent me caresser les moustaches. Tiens, la saison des feuilles vertes tire bientôt à sa fin pour laisser place à celle des feuilles mortes. La mauvaise saison ne saurait tardé, alors il faut s'y préparer. J'irai donc demain dans la journée cueillir quelques plants à la plaine fleurie et j'y emmènerai Nuage Perlé. Cela fait longtemps qu'on ne s'est plus parlé. Depuis mon retour au clan plus précisément.

Vent du Sahara fixait ses petits bouger et boire leur lait, l'air perplexe. Il se souvenait très bien de ce moment, lorsqu'il était au Clan de l'Ombre, lors de la naissance de Petit Été, Petite Aube et Petit Firmament. Le petit mâle roux tigré que Reine des Neiges venait de designer pour lui offrir le nom de Petit Poisson avait d'étranges ressemblances avec Petite Aube. Et si un jour, ils découvraient qu'ils étaient demi-frère et demi-sœur, ses petits se retourneraient-ils contre lui ? Vent du Sahara secoua la tête, ce n'était pas le moment s'y penser. Le rouquin posa sa truffe sur Petit Poisson, le mâle roux tigré pour approuver le choix de sa compagne avant de faire de même avec Petit Ciel, le jeune chaton gris tigré. Il avait des ressemblances avec Esprit des Songes et Reine des Neiges ce qui fit sourire le guerrier. S'il avait fondé une famille dans le Clan qui l'avait élevé après avoir lui-même élevé les petits de sa compagne et de l'ancien lieutenant, serait-il vu comme un vrai guerrier du Clan ? Obtiendrait-il un jour là distinction de vétéran ou non ? Est-ce qu'il était obligatoire que le sang des membres du Clan de la Rivière coule dans ses veines ?

Vent du Sahara fut sortit de ses pensées à l'arrivée d'Esprit des Songes, son frère de cœur. La joie brillait dans ses yeux, autant que dans ceux du nouveau père. Il affirma alors que les deux boules de poils étaient magnifiques, comme l'avait constaté leur paternel. La tanière du guérisseur commençait à être pleine lorsque Poisson du Nil décida de la quittée. Suivit par le rouquin, il décida de s'assoir à côté de lui, laissant alors seuls Esprit des Songes, Reine des Neiges, Petit Poisson, Petit Ciel, Petit Narcisse et Petite Dryade. Soupirant, il se tourna vers le soigneur.

« Parfois, je me demande comment un guérisseur peut-il ne jamais ressentir de sentiments pour une femelle. »

Ce n'était pas une question, mais il serait possible que Poisson du Nil y réponde avec sagesse, c'était tout ce qu'attendait le mâle roux, assis, la queue enroulée autour de ses pattes.

Alors que j'étais profondément perdu dans mes pensées, une présence s'insinua à mes côtés et me força à rouvrir les paupières pour voir qu'il s'agissait là de Vent du Sahara - le père des nouveau-nés. J'étais à la fois surpris et quelque peu choqué de le trouver en dehors de mon antre, loin de ses petits alors que moi je n'aurais pas hésité une seule seconde à sa place. Je serais resté auprès de ma compagne et de mes chatons toutes la nuit durant, mais pour moi, ce genre de scénario est impossible. Je suis guérisseur, pas un guerrier, et les guérisseurs n'ont pas le droit de connaître au moins une fois ce bonheur dans leur vie. Une autre raison pour laquelle je déteste amèrement les bipèdes qui m'ont capturé ce jour-là. Ils m'ont volé ma vie, mes rêves et mes envies. Ils m'ont séparé de ma bien-aimée avec qui j'aurais pu connaître ce bonheur et avoir notre propre descendance, mais maintenant que je suis un vieux guérisseur fatigué, ce désir, je dois le restreindre et me contenter de veiller sur des herbes rabougries !

« - Parfois je me demande comment un guérisseur peut-il ne jamais ressentir de sentiments pour une femelle. » soupira Vent du Sahara sans savoir quel calvaire ce genre de réflexion m'infligeait.

Mon cœur se serra dans ma poitrine tel un étau. Le guerrier doré pouvait profiter de sa vie, être heureux, et tout ce qui semblait l'intéresser c'était la question des guérisseurs séniles ?! Je me levais d'un bond douloureux, hautement insulté de son propos, puis je retournais dans mon antre me lover dans mon nid de mousses et de feuilles aux arômes enchanteresses. Je fini par m'endormir avant même que Esprit des Songes ne quitte ma tanière suivit de Petite Dryade et Petit Narcisse.