Ce jour-là, le camp était calme. Le soleil de fin d’après-midi déclinait doucement dans le ciel. La majorité des guerriers étaient partis en patrouille de chasse ou frontalière, avec ou sans leur apprenti. Quant à moi, je restais non loin du Roc du Clan. À son pied, j’apercevais notre lieutenante, Lumière de Sang, qui mangeait un lézard en compagnie des vétérans encore dans le camp.

Ma queue bien haute, je m’approchai de la tanière des guerriers. Aujourd’hui, je me sentais bien. Ça avait encore été une journée simple, de routine. Le matin, j’avais pris la patrouille de l’aube. Puis, j’avais mangé et j’étais allé dans une expédition de chasse. Et là, je m’apprêtais à aller faire un somme, quand un jeune chat me rentra dedans. Le choc me fit tomber. Je tournai la tête et vis Nuage d’Eucalyptus, qui semblait tout aussi sonné que moi. Je me relevai, soupirai et dis :

« Nuage d’Eucalyptus, qu’est-ce qui te prends ? Tu ne pouvais pas regarder où tu marchais ? »

Je regardai le jeune matou. Je me pris soudain à être un peu jaloux. J’aurais tout donné pour redevenir apprenti, être libéré de toutes les responsabilités d’un guerrier, pouvoir continuer à jouer à me battre comme un chaton ! Je secouai la tête. Non, je ne voulais pas redevenir un apprenti. Les apprentis nettoyaient la litière et les puces des anciens, ils recevaient des ordres de tout le monde. Ce n’était pas pour rien, s’ils espéraient tous devenir guerriers le lendemain.

[Désolée pour ce rp court et pourri, j’étais pas franchement inspirée :/]

Nuage d’Eucalyptus me regardait craintivement. Je vis une goutte de sueur couler le long de sa joue. Avais-je l’air si fâché ? Pourtant, je n’étais pas tellement en colère ; j’avais seulement été surpris que le novice me fonce dedans ainsi, et j’avais eu une réaction tout-à-fait normale.

L’apprenti et moi nous regardâmes un long moment, fixement, sans bouger d’un poil. L’apprenti, que je dépassais d’une longueur de queue environ, tremblait de tous ses membres ; moi, j’étais de bonne humeur, et, tranquillement, mon expression mécontente se mua en un sourire espiègle. Je lui donnai une petite pichenette du bout de la queue. Je dis d’un ton un peu bourru mais amical :

« Allez, petit, n’aie pas peur ! Ce n’est pas en ayant peur de tes propres camarades que tu deviendras un jour guerrier ! »

J’eus l’impression que Nuage d’Eucalyptus se calmait, et peut-être même commençait-il à avoir confiance en moi ? C’était primordial, la confiance, dans un Clan ! Tentant de savoir quel était le problème de l’apprenti, j’ajoutai :

« Tout à l’heure, je t’ai vu revenir de l’entraînement avec un air très déçu. C’est ça le problème ? Pourtant, la plupart des apprentis aiment l’entraînement, non ? J’ajoutai, dans un petit clin d’œil : Si tu veux, je peux t’aider un peu. »

Plongé dans mes souvenirs, je me rappelai certaines journées d’entraînement au combat un peu ratées. Mais, j’avais l’habitude de ne pas me laisser abattre ; j’étais un apprenti très déterminé, qui réessayait toujours, jusque à réussir ! Et puis, mon mentor ne me laissait jamais me morfondre sur mon sort, il avait le don de me remettre de bonne humeur. Si Célérité Lumineuse était sans doute trop occupée pour ce rôle, peut-être pourrais-je incarner cette image du guerrier réconfortant pour Nuage d’Eucalyptus ?