La pluie claquait avec insistance derrière l'immense fenêtre de la demeure de Duke. Harasser et s'ennuyant, le matou se planta devant la porte et la gratta d'un air impatient. Voilà exactement trois secondes qu'il attendait que ses bipèdes veuillent bien daigner lui ouvrir la porte. Il miaula une seconde fois, et regarda sa maîtresse se précipiter vers lui. La femelle bipède le toisa d'un air grave et le prit dans ses pattes. Duke se débattu et se planta de nouveau devant la porte. Son esclave céda et le lui ouvrit après l'avoir habillé chaudement. Un chat de sa valeur ne pouvait sortir sans chaussons tricoté à sa mesure ni même sans blouson imperméable assortit avec la couleur de son pelage.

Il bondit à l'extérieur en quatrième vitesse et observa les alentours. Duke s'avança de sa démarche habituelle. Lente, féminine, et snob. La tête relever vers le ciel et les yeux fermés, le jeune félin savait précisément où il allait. Il passa par son portail privé qui s'ouvrit en reconnaissance vocale et prit le chemin de la forêt. De nombreux chats lui en avaient parlé. Tous c'était mis d'accord pour dire que les chats domestiques qui l'habitaient été des sauvages qui se battaient pour la moindre souris. Duke savait que pour eux, la chasse, n'était pas, comme pour lui un simple loisir, il s'agissait de leur survie, pourtant, il se sentait l'envie soudaine d'y débusquer quelques proies ne voulant s'imposer ni discipline, ni méthode.

Sur le chemin, Duke croisa un de ses vieux copains. Ce chat était si pauvre, si maigre mais surtout et si fier qu'il n'avait jamais accepté l'argent que le jeune riche lui avait proposé. Lorsque le frêle matou s'avança timidement vers lui, le Bleu Russe préféra l'ignorer et poursuivre son objectif de la journée. Déçu, le matou sordide baissa la queue et se traîna avec peine sous son garage déficient. L'espace d'un instant Duke s'en voulu d'avoir été dur avec lui, puis, il se ravisa rapidement, trottant jusqu'à l'orée de la forêt, ignorant les regards que les autres portaient sur lui. Oui, il était le chat désaxé qui oser s'aventurer dans la forêt. D'autres disaient tout bas que c'était encore un de ses caprices de riche. Le Bleu Russe était content d'ignorer tout ce qui se disait à son sujet. "Plus on est ignorant, plus on est heureux."

Arrivé au seuil même où nichait d'immense chêne qui semblaient percer le ciel, Duke jeta un regard rapide en arrière avant de s'y avancer progressivement. Il ne ressentait pas les différents effets du sol sous ses coussinets à cause de ses petites pantoufles, il n'y avait donc pour lui aucune différence entre le goudron de la ville et les épines de pin, les feuilles sèches et les minuscule cailloux. Les odeurs quant à elles étaient bien différentes, chargés d'un tas de choses inconnus. Il pouvait presque sentir l'odeur du vent tellement l'air était pur ! Satisfait, il s'avança davantage observant chaque buisson, chaque tronc d'arbre, chaque pente, chaque arbre. Les odeurs de proies étaient difficiles à cerner puisqu'il en sentait deux à la fois. Une, qu'il connaissait, celle de la souris, la seconde lui était inconnue. Duke s'avança vers le rongeur qu'il repéra près des racines d'un arbre. Il se tapit maladroitement et courut vers elle. Elle n'eut pas de mal à échapper à ses pattes. Comment pouvez t-il espérer attraper une souris avec cette accoutrement ? Le chat domestique tendait de s'en dépatouiller, sans succès, la ficelle était bien trop serrée. Il pesta et se fit une raison. Autant s'amuser simplement à courir derrière les proies, c'était bien plus amusant.

Il s'enfonça encore plus et suivit de multiple sentier, toujours à la recherche de nouveau endroit, et pourquoi pas de chat sauvage ? Près d'un buisson de baie, le jeune matou découvrit un oiseau de type rouge-gorge. Il en avait déjà aperçu près de sa maison. En hiver ses bestiole venait toujours quémander à manger. Cependant, celui-ci n'était pas aussi maigre que la souris qu'il avait fait fuir, d'un bon calibre, il avait surement bon goût. Duke se tapit de la même façon qu'il avait fait pour la souris, puis il sauta au hasard n'évaluant pas la distance qui le séparer de sa proie. Ce fut encore un échec. L'oiseau s'envola et Duke s'écrasa lamentable après avoir glissé à cause de la pluie, dans le buisson de baie. Coincé entre le mince feuillage et les branches, le riche ne parvenait pas à retrouver son chemin. Si bien, que lorsqu'il voulait décrocher sa fourrure rester piéger entre les branches, il s'aplatit violemment au sol dans un mouvement brusque non désiré, laissant échapper un "Oh" de surprise. A ce moment particulièrement humiliant, il aurait préféré être seul, mais ce ne fut pas le cas, car quelqu'un était là. Il leva les yeux et afficha un large sourire, comme s'il commit une énorme bêtise. Exactement la même expression qu'il affichait pour ne pas se faire gronder et qui attendrissait ses bipèdes, sauf là, ce serait différent.

Tient... Tient! Un domestique.... Que fait-il donc ici?

Son interlocuteur était un mâle. Un sauvage. Un chat de la forêt, maigre comme sa queue et laid comme un nouveau-né bipède. Duke ne rétorqua pas de suite à sa provocation et tenta de se délivrer de son piège de feuille. La pluie avait salit son magnifique pelage poli et lustré, désormais, il ressemblait à son tour à un sauvage.

- La question est plutôt : Qu'est ce qu'il ne fait pas ici.

Répondit-il sans s'être totalement dépêtrer du buisson dans lequel il peinait à sortir. Cependant, en voyant le côté positif des choses, Duke était à l'abri de la pluie.

Son interlocuteur s'approcha de lui d'un pas assuré en sortant les griffes. Duke recula lentement, d'un air blasé, et laissa le sauvage s'emparaître de son habit de pluie. Tout en regardant l'objet qu'il tenait entre ses pattes le chat noir gloussa :

Dis-moi plutôt donc,... Qu'est-ce que c'est que ça pour des... Un pelage?! Je ne pensais pas que tu étais un Clown, mais un domestique...!?

Grâce à son geste généreux, le noble matou à la robe bleuté pu s'extirper en exhibant à la bête sauvage ses talents d'acrobate. C'est d'un bond particulièrement haut et remarquable qu'il sauta en deux, trois pirouettes inutiles hors du buisson épineux. Duke regarda son vêtement que le maigre mâle laissa entre les griffes, qu'il le garde s'il l'en avait envie. Le riche bleu russe en avait des armoires de cette marque. De plus sa couturière attitré pouvait lui en confectionner davantage.

Lorsqu'il s'exprima, Duke tentait de remettre ses phrases dans l'ordre. Non seulement les chats sauvages n'avaient aucun savoir vivre et aucune culture aussi bien vestimentairement parlant qu'alimentairement, mais en plus il semblait avoir du mal à s'exprimer correctement. Le riche matou s'approcha de son interlocuteur d'un pas lent et confiant puis, laissa ses dons d'éloquence s'exprimer après lui avoir posé sa queue autour de son corps dépourvu de graisse :

- Ah mon cher ami. Est-ce ta piteuse apparence qui laisse ton cerveau en défaillance ? Oh pardon c'est impossible, un cerveau tu n'en as pas.

Il laissa échapper de sa bouche quelques mélodieuses notes de célébre son rire moqueur. La Star d'Internet jouait à un jeu dangereux et il savait. L'anémique matou noir pouvait très bien le renverser à l'instant s'il le souhaitait, mais il combattrait dans le vide. Duke ne savait pas battre, mais il avait la capacité d'échapper rapidement à ses assaillants en des fulgurantes pirouettes diverses et variées. Pour achever ses adversaires, il servait de ses mots. "La plume bat l'épée."

Son interlocuteur quant à lui sembler être un félin impulsif qui réfléchissait aux conséquences seulement après avoir commis les actes. Sans doute un mâle très compétent en combat à en juger ses crocs anormalement long, des tels dents qui doivent pénétrer jusqu'à la chair de quiconque oserait entrer en contact. Ce qui plaisait à Duke qui recherchait souvenant chez autrui une certaine efficacité. Il était lui-même un félin exceptionnel doté d'un immense talent. Un talent si imposant, qu'il était connu mondialement, tous les chats du quartier, et ceux du monde entier connaissait le célèbre bleu russe : Duke. Alors autant que son interlocuteur ai un talent à son tour qu'il puisse satisfaire une de ses envies tyrannique. Celle de combattre avec les mots. Le chat domestique était venu ici pour briser l'ennuyeuse routine du quotidien et le chat sauvage était la cible parfaite pour combler son besoin aussi tenace que capricieux.

Son interlocuteur confirma ses dires. En plus d'être aussi stupide qu'un nouveau né bipède, ce mâle ne comprenait pas l'ironie. La situation était plus plaisante, hilarante même. Le sauvage était bourré de stéréotype au sujet des domestiques. Mangeur de simple pâté pour chat bourré de glucides et lipides lui ? Les maîtres de Duke lui acheter toujours de la nourriture venue des meilleurs traiteurs de la région. Tantôt hachis parmentier, tantôt une diététique salade d'automne. Son menu était choisit selon ses goûtes et ses envies changeantes, mais jamais ces esclaves ne se permettraient de nourrir sa bouche divine par des croquettes ou de la pâté. Berk !

Son interlocuteur s'écarta lorsque le riche matou avait posé sa queue autour de son corps. Le sauvage n'était donc pas tactile ? Tant mieux, la provocation était le jeu favori de Duke. Cependant, il n'avait rien en tirer puisque le matou n'avait aucune répartie. Le chat domestique n'avait tout même pas fait toute cette route pour s'ennuyer avec un inconnu de la sorte. Finalement, il n'avait rien  à en tirer, sauf s'il le titiller encore un peu.

De sa démarche habituelle, le matou gris s'approcha du chat sauvage sous-alimenté et observa en lui tourna autour. D'une lueur malicieuse anima son regard qui disparut presque aussitôt pour faire place à un éclair plus indescriptible. La queue du chat noir était plus longue que la moyenne, ses épaules larges le rendait imposant, mais pas impressionnant aux yeux de Duke. Ce qu'il était maigre. Même son voisin, un chat marron vivant au dépend de plusieurs bipèdes par le biais du porte à porte, paraissait plus gros à côté. Le sauvage était si famélique que ses côtes transperçaient presque son corps sagouin. Après l'avoir analysé sérieusement, le bleu russe fini par répondre d'un ton sarcastique :

- Ow je t'en prie, la perfection n'as pas besoin de compliment.

Il suffit ses paroles d'un geste sensuel, simple et très peu modeste. Duke se lécha la patte pour ensuite la passer derrière son oreille. Il ferma les yeux savourant la beauté de sa personne. Pour rien au monde le chat domestique aurait préféré être quelqu'un autre.

L'inconnu sauta sur une petite pierre pour mettre de la distance entre eux. Duke n'y voyait aucune objection et resta pour cette fois à sa place. Visiblement exaspérer par la sombre vérité du chat domestique, le sauvage rétorqua :

- Toi, la perfection?! Mais j'espère que tu ris! Une mouche même te dépasserait en beauté! J'espère que tu ne vas pas pleurnicher près de tes maîtres de t'être un peu sali le pelage, si?

Enfin un peu de répartie ! Même s'il rester une grande majorité du travail à accomplir. D'un geste noble et digne de sa ligne pure le matou gris-bleu se lécha délicatement sa patte pour la diriger derrière sa divine oreille. La pluie avait cessé de tomber et Duke ne voyait aucune raison de rentrer, il se contenta seulement de se secouer avec grâce et d'aplatir avec quelques coups de langue ses poils rebelles. Quand le famélique matou se détourna tentant désespérément de le méconnaître, le riche matou trotta derrière lui sans chercher à être silencieux. Faire preuve d'opiniâtreté faisait parti de l'un de ses traits de caractère principal après l'arrogance.

Trop occupé à se soucier de lui-même et à s'auto-complimenter en toisant son reflet dans des flaques que la pluie avait généreusement laissé sur le sol, Duke perdit la trace du sauvage un instant. Suivant quelques traces d'empreintes de boues dans le sol, le chat domestique monta une petite pente avant de glisser maladroitement et de salir son beau pelage. Affreusement dégoutté, il effectua une troisième toilette complète puis traversa un buisson par lequel était passé son précédent interlocuteur. C'est avec difficulté qu'il s'y engouffra sans réussir à en sortir. Il donna de vifs coups de patte rageur entre les branches afin de les couper avec ses petites griffes, sans succès. L'une des branches prie en otage unes de ses pantoufles, il tira dessus afin de s'en dépatouiller. Duke porta le coup de grâce et sentit son corps se propulser à l'horizontal. Le temps semblait fonctionner au ralenti. Sa pantoufle verte pâle resta piéger dans le buisson tandis qu'il roulait à toute allure dans une pente raide.

Dans un petit cri sur aigu de poltron fébrile, le riche matou détalait toujours le long de la côte. Un rocher orienta sa course et inversa la polarité. Le bleu russe glissa un court instant sur le ventre avant de percuter de plein fouet sur une silhouette familière.

A moitié sonné le chat domestique, lorsqu'il se releva, porta toute son attention sur son pelage bleuté devenu aussi minable que celui d'un chat sauvage. Un félidé de sa prestance ne pouvait s'accommoder à une fourrure munie de troue et de nœud. En pleine introspection son beau pelage Duke aperçut quelques tâches de sang qui ne laissa pas anodin.

Ne se souciant pas de la chasse sans doute raté de son interlocuteur, le riche matou se planta devant lui et tendit vers lui sa patte éraflée. Puisque rien ne se passa, la star d'internet s’impatienta, personne ne devait le faire attendre :

- Alors, qu'attends-tu pour lécher tout ça ?

Après tout, le sauvage avait sa part de responsabilité dans cette affaire. Il devait assumer la conséquence de ses actes qu'il soit fautif ou non. Aider Duke tout le monde en rêverait. Cependant, le snob matou ne cacha pas son sourire en coin qui était synonyme d'un certain amusant.

Le sauvage s'emporta, ce qui était digne de la classe à laquelle il appartenait. Comparé à un domestique de sa prestance qui ne se serait jamais permis de s'excéder de la sorte.

- Non mais tu rêves! Tu es tellement pathétique... Puis-je plutôt goûter ce liquide rouge qui coule à travers tes veines...? Ton sang?!


Est-ce une question où une affirmation ? Dans tous les cas, le goujat n'était décidément pas très fufute. Ses phrases se formaient dans le désordre, comme si son interlocuteur ne parvenait pas à s'organiser mentalement. En même temps qui parvenait à construire des phrases censés en présence de la plus grande star d'internet ?

Le sauvage fini par cesser et s'approcha de sa patte, un rictus satisfait s'afficha sur le visage de Duke, un sourire qui se transforma rapidement en un couinement pathétique, puisque le chat noir l'avait mordu à l'endroit désigné. Du sang perlaient aussi finement que des gouttes de rosée le long de sa patte. Le domestique dévisagea un instant sa patte sans savoir quoi faire pour stopper hémorragie. Hors de question de se lécher la patte ! Du sang... Berk, quelle horreur. Très vite, le snob matou au pelage bleu repéra une flaque d'eau, et plongea son membre douloureux à l'intérieur et soupira de soulagement.

Lorsque le riche sorti sa patte désormais détrempée, le sang avait cessé de couler mais l'eau de la pluie qui avait servi à sa guérison laissaient des traces verdâtres sur son pelage. Il faudrait des semaines pour tout remettre en état ! Sa toiletteuse personnelle s'en chargerait bien ! Après tout, elle était payé pour ça. Duke agita le bout de sa patte pour l'égoutter et se planta l'instant suivant devant le sauvage, conscient que ses provocations avaient fonctionné :

- Hé goujat ! L'appela t-il. Les chats comme toi ça porte un nom ? Il laissa un court laps de temps avant de renchérir sans laisser le temps à son interlocuteur d'ouvrir la gueule. Non laisse tomber, je ne veux pas savoir, goujat ça te va à merveille.

Sans plus attendre, le domestique s'accouda de nouveau sur lui, jouant parfois avec ses oreilles, examinant le haut de son crâne sans toutefois y toucher, ses choses là sont emplies de puce. Un chat de classe ne pouvait se permettre d'en attraper.

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