Sujet: Stupide chien! [Libre] Sam 19 Déc 2015 - 20:35
Le vent dans mes moustaches, qui frottait contre ma fourrure. Une odeur de liberté, assez canine certes mais pour moi c'était l'odeur de la liberté. Aux confins du territoire du Clan de l'Ombre, je restais assise sur la frontière, que j'avais renouvelé entièrement, scrutant les pins qui se succédaient, qui devenaient de plus en plus rare, laissant des plaines et des dépressions abriter mes chers prédateurs convoités. Je les entendais hurler parfois, pendant la nuit. J'entendais les reines rassurer leurs petits pleurant de peur tandis que je me délectais de ce chant nuptial.
Je laissais les odeurs se presser au sein de mon museau, avec peu d'espoir néanmoins de sentir un loup. Leur odeur était ténu ces temps ci. Leur instinct de survie doit leur dicter de quitter ce territoire pour un autre, plus giboyeux pendant la saison des neiges.
Je cheminais doucement, passant du territoire libre au mien en zigzaguant. Les aiguilles du sol étaient vraiment confortables, même si elles étaient assez énervantes lorsqu'on en retrouvait dans les coussinets. Allez les enlever après !
Je tournais la tête, une odeur attira mon attention. Je mis la truffe au sol. Une odeur ténue, mais bien une odeur de loup, enfin je crois. Elle traversait la frontière et s'enfonçait dans notre territoire. Je frétillais, je partis derechef à la poursuite de cet animal qui avait semé ces traces.
Sans me cacher, je pistais sans relâche le canidé, prenant presque le même chemin que lui, par dessus les pierres ou sous les buissons. Je croisais souvent l'odeur de mes camarades de Clan. Quelle honte si ils trouvaient mon odeur mêlée à celle du loup ! Qu'importe, je saurais me défendre face à eux, ils ne m'auront pas si facilement. Je ne trahissais pas mon Clan.
J'arrivais à la dernière bordure de buisson, après il y avait le Chemin du Tonnerre. L'odeur avait totalement disparu à cause des relents du chemin gris qu'empruntaient les monstres. Que faire ? Traverser en espérant retrouver son odeur ? J'allais entrer en plein territoire du Clan du Tonnerre ! Là, j'avais toutes les raisons d'avoir des problèmes.
Sans renoncer, je marchais au bord du Chemin du Tonnerre, sur mon coté de la frontière. Je voulais arriver au bord de la forêt des félins des bois, pour ne pas être soupçonnée d'avoir pénétré leur territoire. De plus, les monstres cacheront peut être mon odeur propre de membre du Clan de l'Ombre.
Finalement, après un cheminement assez long, je me résolus à traverser la route, pendant une longue accalmie. C'était sûrement car la nuit commençait à tomber. Mon Clan s'inquiétait sûrement de ma disparition, ou peut être pas. Je saurai me justifier.
Je me fis minuscule dès mon arrivée sur la bande de terre adverse. Je rampais doucement, en me disant que malgré mon obsession pour les loups, je devais renoncer à cette chasse si la nuit tombait tout à fait avant que j'eus retrouvé la piste convoitée.
Heureusement pour moi, la piste réapparu près de l'endroit où j'avais traversé. Elle poursuivait un chemin dégagé, sûrement un sentir de bipède, qui ne me plaisait guère. Je restais dans les buissons aux alentours, progressant avec un pas vif, sûre de moi pour ne pas laisser de trace de peur.
Les arbres se raréfièrent, de grandes tanières apparurent devant moi. Je n'avais jamais vu cela. L'endroit empestait le bipède, et l'odeur des monstres du Chemin du Tonnerre flottait légèrement ici. Prudente, je m'aventurais dans ce territoire hostile, essayant de me cacher dans ce qu'il restait de verdure. J'étais sortie du territoire du Clan du Tonnerre, mais j'aurai préféré y rester tant celui là m'étais inconnue. De grandes haies en bois, des odeurs de chats, domestiques et de chiens aussi. Je faillis en perdre l'odeur du loup. Heureusement, il avait été lui aussi très prudent et n'avait emprunté que des chemins abrités. Mais en poursuivant encore une fois sa piste, je doutais. Face à l'odeur prégnante des chiens, cette odeur de loup ne semblait pas être l'odeur d'un vrai loup. Elle se rapprochait fortement de celle des petites boules de poils de bipèdes.
La nuit était belle et bien tombée, mais de petites lumières de bipède éclairaient le chemin. Les bipèdes ne voyaient pas dans le noir visiblement! A force de suivre la piste, je m'éloignais des grandes tanières de bipèdes, et je m'approchais d'un grand champ. Bon débarras ! Au moins, même si je n'avais pas les arbres, je n'avais plus les bipèdes.
Finalement, j'arrivais à ma destination convoitée, celle où l'odeur du loup était la plus forte. Mais ce n'était franchement pas ce que j'espérais. J'étais dans la poubelle des bipèdes ! Elle s'entassait, ici et là, formait des collines étranges et peu instables.
« Vraiment, y'avait rien de mieux ! »
Je donnais un coup de patte à un objet rond, qui alla se cogner contre un autre objet, et la petite tour de déchet s'effondra avec un bruit strident.
Prise de peur, je montais en haut d'une colline d'ordures en miaulant. J'entendis un grognement parvenant de l'autre coté. Je tournais la tête, et je vis deux petits yeux briller dans la nuit. C'était sûrement l'animal que j'avais coursé aujourd'hui. Je pris soin de bien monter à un endroit inaccessible, puis je m'assis pour le scruter. La lune éclairait un peu le sol, et je fus déçue lorsque le « loup » que je vis n'étais qu'un stupide chien qui adorait ramener des déchets ici. Il portait dans sa gueule quelque chose, qui posa d'un air fier et content. Je feulais. Tout ce chemin pour rien du tout ! J'étais vraiment malchanceuse ! J'allais avoir des soucis en rentrant et je n'avais même pas de quoi me consoler ! Il pouvait être fier l'animal !
De rage, je traînais dans ma gueule un objet plus gros et je le jetais sur le chien qui était venu renifler la pile de déchet sur laquelle j'étais perchée. Le canidé couina et s'enfuit sans demander son reste. Même pas un grognement !
« Pitoyable ! Et tu te prends pour un frère du loup ! »
Je descendais de mon perchoir en fulminant. Il allait falloir rentrer maintenant, refaire tout le chemin. Trouver de quoi se nourrir, et un alibi pour le Clan.
Jour de Guerre Guerrier
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Sujet: Re: Stupide chien! [Libre] Sam 21 Jan 2017 - 21:08
Stupide chien !
« I've found my friends, they're in my head... »
HRP : Pour la musique, clique tout à droite de la fenêtre et pas sur le bouton YouTube si tu veux écouter sans ouvrir une autre fenêtre. Je sais pas pourquoi ça marche pas comme d'habitude, en ce moment j'ai ce soucis...
Le soleil disparaît lentement de son côté de la Terre, alors que tu parcours tranquillement les territoires libres des Quatre Chênes. La saison froide arrivant, t'es bien obligé d'aller chercher de quoi soigner tes camarades en cas de mal vert voir de mal noir. En temps que guerrier, tu te dois de pouvoir faire le voyage seul, même s'il est très long. T'es parti tôt ce matin, car t'as a traverser toute la forêt et pis encore. Tu t'es mis en chemin sur ta propre initiative. Si tu veux montrer que tu es capable de prendre des décisions pour tes semblables, c'est bien le moment. T'as donc bien mangé ce matin : pas de plante coup-faim pour toi. Les plantes, tu les ramène, tu ne les consomme pas.
Après avoir passé les premiers arbres qui se trouvent proche du lieu de rendez-vous des clans lors des assemblées, tu te décide à bifurquer pour rejoindre le Chemin du Tonnerre. Il serait trop dangereux de traverser toute la forêt du Clan du Tonnerre tout seul. Tu vas donc te contenter de marcher sur la frontière. Là, tu ne peux être accusé de rien. C'est vrai que c'est loin, la ville des bipèdes. C'est là qu'on y trouve l'herbe qui fait tant saliver tes semblable. Celle qui soigne les maux les plus graves. Après avoir longuement marché sur le bas côté du Chemin du Tonnerre, tu rejoint la forêt pour en parcourir quelques mètres, avant de rejoindre les premières cabanes de bipèdes. Celles-ci se dressent, petites mais fières. Tu hume l'air et... surprise. Une odeur que tu connais : celle du Clan de l'Ombre. Quelqu'un est passé par ici récemment...
Préparent-ils une attaque en encerclant le Clan du Tonnerre des deux côtés ? Très judicieux ! Tu en rendra compte à ton meneur. Tu ne perçoit que le fumet d'un chat, pourtant. Ils ont donc envoyés un éclaireur ? Tu te place de façon à ce que les vents masquent ton odeur puis décide de t'approcher de la source du fumet bientôt masquée par un autre : celui des ordures de la décharge. Tu fronce le museau et t'approches encore, tout tes sens en alerte. Un aboiement de chien retentit, tu te crispe soudain. Tu décides d'évoluer en hauteur. Enfin, après quelques minutes de cavalcade, tu l’aperçoit : le félin du Clan de l'Ombre.
Le matou a l'air de s'adresser au chien qui se tient un peu plus bas. Assis sur ton mur, tu lance alors :
- Que fait un félin du Clan de l'Ombre si loin du... Clan de l'Ombre ?
Tu as un rictus malingre.
- Oh mais je crois que je sais qui tu es. Tu es ce chat qui a fait tuer son mentor ! Cette histoire m'a été racontée par les miens maintes fois. Quelle audace !
Tu plisse tes paupières, fixant le félin de tes yeux vairons. Oui, tu ne crois pas te tromper. Si ce qu'on raconte est vrai, mieux vaux te méfier de ce matou là.
HRP : Jour de Guerre miaule en #9999ff !
Croc du Loup Garou Guerrière
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Sujet: Re: Stupide chien! [Libre] Dim 29 Jan 2017 - 20:07
Dans mon mécontentement et ma colère, ainsi que ma fatigue, je n'avais pas vu le matou aux larges épaules qui s'avançait dans l'ombre. Pelage sombre dans la nuit, seul ses yeux vairons ainsi qu'une tâche blanche sur son ventre qu'éclairait la lune signalait sa présence. Au début, je le pris pour un guerrier du Clan du Tonnerre, avec son physique. Je sortis aussitôt les griffes et je montrais les dents, nullement intimidée. Il n'était pas sur son territoire, et je n'étais pas sur le sien. Il n'avait aucun droit de me reprocher quoique ce soit !
Puis, le vent m'apporta un relent de lande lorsque le matou s'approcha tout à fait. Un matou du Clan du Vent, aussi imposant ? Il avait l'air plus imposant que leur chef, Étoile Sombre, qui était déjà un chat étrangement musclé pour un chat des collines. Je me méfiais encore plus. Lui aussi était loin de chez lui. Il n'était pas venu pour le simple plaisir de se balader, en pleine nuit. Il avait dû me pister depuis le Chemin du Tonnerre, ce lapin !
Assis sur un mur, non loin des premiers déchets de cet endroit, il me lança avec un sourire :
« Que fait un félin du Clan de l'Ombre si loin du... Clan de l'Ombre ? »
J'allais lui cracher la même chose pour son cas, lorsque je surpris le plissement de ses paupières. J'avais l'habitude que les rivaux se méfient de moi, car j'étais moi aussi leur rival, mais je ne m'attendais pas du tout à ce qu'il me lâche d'un ton grave :
« Oh mais je crois que je sais qui tu es. Tu es ce chat qui a fait tuer son mentor ! Cette histoire m'a été racontée par les miens maintes fois. Quelle audace ! »
Je pris le temps de descendre de cet immonde colline de déchets de bipèdes et d'arriver au pied de son piédestal de bipède pour lui répondre droit dans les yeux.
« Grand bien te fasse de louer une action qui n'a jamais existé, seulement inventé. Mais bon, je ne peux déjà pas rétablir la vérité au sein de mon Clan, alors c'est sûrement impossible de raconter la vérité à un chat qui passe son temps à poursuivre les lapins ! »
Je n'avais aucune envie de me disputer à ce sujet. Mon poil se hérissait déjà. Ce n'était ni le moment ni l'endroit, ni le félin d'ailleurs, pour en parler. Je ne voulais plus en parler, je subissais déjà bien trop le regard biaisé de mes camarades !
Ayant trouvé quelques lézardes non loin dans le mur où était perché le guerrier du Clan du Vent, je le grimpais avant de lui lancer :
« Bon, il est tard, je rentre chez moi. J'imagine que tu devrais y penser aussi, à moins que tu comptes revenir en galopant à fond de train ? »
D'un geste plus courtois que poli, j'agitais la queue et je sautais du mur vers un carré de bruyère illuminé par un rayon de lune. Je ne me retournais pas. Mes camarades avaient déjà très peu envie de me parler, alors il serait étonnant qu'un mâle du Clan du Vent s'intéresse à moi.
Jour de Guerre Guerrier
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Sujet: Re: Stupide chien! [Libre] Dim 29 Jan 2017 - 21:28
Stupide chien !
« I've found my friends, they're in my head... »
Perché et pas très à l'aise, tu détaille du mieux que tu peux le félin dans l'ombre. Lorsque tu entends son miaulement, tu t’aperçoit alors que le félin n'est autre qu'une féline. Ton museau aurait dut le sentir, depuis le temps que tu avait repéré sa présence... Un rayon de lune te permet d’apercevoir son pelage noir qui rebique à certains endroits. La féline n'avait vraisemblablement pas sentit ta présence plus tôt. Griffes et crocs apparents, elle est exactement comme tu tu avais imaginé une guerrière du Clan de l'Ombre ! Bien sûr, tu en a déjà rencontré. Mais aucune comme elle. Elle dégage une espèce d'aura. Alors que la reine descend de la pille d'immondice pour s'approcher de ton perchoir, tu peux apercevoir ses deux yeux jaunes, perçants comme des pierres taillées.
- Grand bien te fasse de louer une action qui n'a jamais existé, seulement inventé. Mais bon, je ne peux déjà pas rétablir la vérité au sein de mon Clan, alors c'est sûrement impossible de raconter la vérité à un chat qui passe son temps à poursuivre les lapins !
Tu ricane bruyamment. Cela t'amuse de la voir partir au quart de tour pas vrai ? Tu n'as pas le temps de répliquer que celle-ci relance alors, après s'être déplacé pour venir se poster sur un muret voisin :
- Bon, il est tard, je rentre chez moi. J'imagine que tu devrais y penser aussi, à moins que tu comptes revenir en galopant à fond de train ?
Son pelage hérissé trahissait son courroux. D'un battement de queue, elle te fait signe qu'il est temps pour elle d'y aller. Déjà ? On commence à peine à s'amuser ! Tu bondit de ton mur pour grimper sur le siens et alors qu'elle se détournait déjà, tu la hèle :
- Hé, attends ! Ne t'énerve pas, j'admirai plus cette histoire que ne la dédaignait. Je dois dire que je suis presque déçu qu'elle soit inventée... Quel est ton nom déjà ? Patte du Loup... Gueule de Loup... N'est-ce pas quelque chose comme ça ?
Tu décide de descendre du muret d'un bond brusque, te tenant néanmoins à distance et sur la défensive. Ouf, tu es bien mieux sur terre, le bon plancher des vaches. Tu incline tes oreilles vers la reine. Si elle a temps de mal que ça a faire taire cette rumeur, la vie de Clan ne doit pas être une partie de plaisir pour elle. Vit-elle en marge de la société ? Tu en oublis presque ta mission improvisée. Discuter cordialement avec un membre du Clan de l'Ombre, ça n'arrive pas tous les jours. Et puis si tu peux en apprendre un peu plus sur leurs agissements, ça ne peut pas faire de mal à ton Clan. Si cette occasion se présente, pourquoi ne pas la saisir ?
- Nous les "bouffeurs de lapins" comme adorent nous appeler les autres, nous aimons les balades nocturnes. Moi, j'aime tout particulièrement croiser les chemins d'autres promeneurs nocturnes. J'aime aussi écouter des histoires. Ce soir, j'ai la chance de t'avoir sous la patte. Faisons la trêve un moment tu veux ?
Tu serre les crocs et redresse le menton, espérant que la guerrière ne s'échappe pas d'une traite sans te prêter attention. Après tout, tu viens de parcourir une grande route, tu as bien besoin de te poser quelques instants.
J'avais entendu le cri de corbeau qu'avait poussé cet arrogant mâle en me voyant partir. Mais qu'importe ce qu'il dirait ou pensait. Je devais rester sur mon chemin et sur ma pensée première. Qu'il aille au diable tiens !
Pourtant, le matou me héla d'un air impatient lorsque j'allais m'engouffrer dans un fourré :
« Hé, attends ! Ne t'énerve pas, j'admirai plus cette histoire que ne la dédaignait. Je dois dire que je suis presque déçu qu'elle soit inventée... Quel est ton nom déjà ? Patte du Loup... Gueule de Loup... N'est-ce pas quelque chose comme ça ? »
En entendant sa voix, je me retournais, bourrue, mais je me calmais à mesure qu'il finissait sa tirade. Qui pouvait être content qu'une histoire aussi tragique qu'un félin tué par une meute de loup ne soit pas inventée ? J'aurai tout fait pour que cette histoire ne soit jamais arrivée ! Je me revoyais, plus jeune, endurant la punition que m'avait infligé le Clan, me dévisageant comme si j'étais un blaireau, que j'allais les tuer les uns après les autres si jamais je ne les appréciais pas. Il était vrai que je ne m'entendais pas très bien avec mon mentor, mais seulement car je ne voulais en faire qu'à ma tête et prouver que je pouvais me débrouiller seule pour comprendre et apprendre. En fermant les yeux, je voyais encore le chef qui m'avait baptisé, qui avait mûrement pensé sa punition pour que je n'oublie pas. Il m'avait bien dit :
« J'ai bien réfléchi à ta punition, Nuage de Croc, et je pense te l'attribuer dès ton baptême de guerrière. Tu te nommeras désormais Croc du Loup-Garou, pour que personne n'oublie ton assassinat machiavélique. Tu porteras désormais ton châtiment jusqu'à ta mort et au delà, nul chef sera autorisé à changer ton nom, je m'en assurerai. »
Mes camarades, compagnons de Clan, avaient hurlé, comme pour fêter un nouveau guerrier, mais je savais très bien qu'ils fêtaient simplement mon châtiment. Après mon baptême, j'avais eu la vie dure, mais le temps passant, les tensions s'effaçaient, des nouveaux chatons, n'ayant pas vécu ce moment tragique, adoptaient plus d'ouverture d'esprit que leurs aînés, encore traumatisés. Ce guerrier du Clan du Vent était sûrement issue de cette génération, dont l'événement n'évoquait en lui qu'une histoire. C'était avec cette génération que je me sentais le mieux, car certains ne me jugeaient pas sur cette histoire et acceptaient de me parler un peu. Pourtant, je n'avais jamais connu de félin ayant une fascination à propos de cette histoire sombre et sanglante.
Dans une tentative de paix, je n'avais pas remarqué que le guerrier du Clan du Vent descendit du muret et se réceptionna sur le sol.
« Nous les "bouffeurs de lapins" comme adorent nous appeler les autres, nous aimons les balades nocturnes. Moi, j'aime tout particulièrement croiser les chemins d'autres promeneurs nocturnes. J'aime aussi écouter des histoires. Ce soir, j'ai la chance de t'avoir sous la patte. Faisons la trêve un moment tu veux ? »
Décidément, il était déterminé à me retenir. J'aillais mimer d'ignorer sa volonté de trêve, mais, finalement, je reculais et je me tournais vers lui :
« Je m'appelle Croc du Loup-Garou. Je porte mon nom comme le châtiment que m'a donné le chef chargé de me punir. Et cette histoire, et bien... »
J'hésitais un peu à continuer. Etait-il sage de dire ça à quelqu'un qui s'intéressait à cette histoire ? Je secouais la tête. Autant rendre mon honneur à quelqu'un qui s'intéressait à la vérité.
Je continuais sur cette pensée :
« Cette histoire n'est pas complètement inventée. Étant jeune, je m'approchais beaucoup des loups, notamment d'une meute qui vivait près d'une frontière du Clan de l'Ombre. Un jour cependant, quelques membres de la meute m'ont suivi sans que je m'en aperçoive. J'étais partie chasser seule pour une évaluation. Mon mentor m'observait....Lui aussi...il a entendu les loups trop tard, alors ils n'ont pas hésité..ils lui ont sauté dessus et... »
Non, je ne pouvais pas dire un mot de plus. La scène se passait et se repassait devant mes yeux, sans que je puisse la sortir de mon esprit. Ma voix, plus aiguë que maintenant, résonnait dans ma tête, ma colère et ma volonté de défendre mon camarade de Clan. Puis les cris d'horreur et de stupeur de la patrouille frontalière qui passait par là, lorsque j'approchais de la carcasse de mon mentor, les pattes tachées du sang alentours. Ils n'avaient pas hésité une seule seconde à m'accuser.
Sentant mes pattes trembler, je secouais la tête et je reprenais mon discours :
« Mes camarades m'ont immédiatement désigné comme coupable, malgré les preuves que c'était un prédateur qui avait tué mon mentor. Ils disaient que si c'était vraiment un prédateur qui l'avait tué, il reviendrait sur les lieux. Mais les loups ne sont jamais revenus. Évidemment, vu que ce n'était pas leur terrain de chasse. Alors j'ai été puni, et cette histoire a été transmise aux générations suivantes pour qu'ils ne s'approchent pas d'une tueuse. Heureusement, certains ont de la jugeote et ne se permettent pas de juger un félin selon les racontars qui sont colportés par les anciens ! »
La fin de mon discours avait peut être été rude, mais cela reflétait les émotions qui tourbillonnaient en moi. Les souvenirs, enterrés depuis un moment, qui refaisaient surface. Je plantais mes griffes dans le sol, et je grognais de dégoût face à la sensation terreuse et sèche du gravier sous mes pattes, face à l'humidité de mon territoire. Je préférais la surface spongieuse de mon territoire, qui me permettait de décharger ma colère et ma frustration dans le sol, à travers mes griffes.
Je ne savais pas ce qu'allait penser ce mâle du Clan du Vent. Mais j'étais prête à soutenir sa réaction, tout comme je soutenais son regard. Je n'avais pas à rougir de la vérité, pas plus que je ne rougissais des mensonges.
Alors que la reine commence à s'effacer dans la végétation après ta veine tentative pour la retenir dans le but de connaître sa version des faits, tu te renfrogne. Elle t'échappe. Tu es déçu et plutôt énervé qu'elle ne veuille pas jouer. Jouer avec son histoire, jouer avec toi. Tu es sûr que vous avez des similitudes ! D'après ce que tu as entendu, c'est une féline plutôt rejetée par les aînés de son Clan, à cause de son passé douloureux. Tu plisse les yeux, serre les crocs, puis la voilà qui reparaît. Ni vraiment partie, ni vraiment revenue. Tu as un léger rictus victorieux, tu dresse le menton. Alors, elle te confirme son nom. Croc du Loup-Garou. Punie pour avoir voulu voir la différence, punie pour avoir défendu son innocence. Seule contre tous. Son histoire te fascine ! Tu papillonne lorsqu'elle explique le jour maudit où ses observations se sont retournées contre un membre de son Clan. Comment, comment ? Toi aussi, tu les a croisés, ces loups sanguinaires. Ces loups libres, qui ne vivent que parce qu'ils en ont le devoir. Ils n'ont pas d'autres objectifs sinon la survie. La meute est leur identité. Tu t'es planqué un jour, dans un arbre quel exploit ! Toi qui déteste monter aux arbres, tu as été contraint de vaincre ta peur pour ne pas finir dans le ventre creux de ces canidés assoiffés de sang.
C'était juste après ton départ de chez Fol-Œil du Loup-Blanc. Oui, ton mentor. Celui que t'appelais presque "père". Presque. Défiguré par une attaque de loup, ce vieux croûton t'as toujours enseigné cette peur de ces êtres différents. Les êtres qui chassent en meute, pour le sang. Qui hurlent à la lune, astre sacré. Tu pleure aux milliers d'étoiles, ils se contentent d'une seule lune réunifiée. Tu secoue la tête en repensant à ces merveilleux souvenirs. Et à cet œil... Cet œil qui n'en était plus un. Le vieux matou s'était renommé tout seul. D'abord Loup-Blanc, à cause de sa vie éloignée des autres. Ensuite Fol-Œil, pour "toujours se souvenir des punitions de la vie". Tu te moquais toujours de lui à cause de ça. Malgré sa très mauvaise vue, il arrivait toujours à te battre, à te faire mordre la poussière. Tu te jetais toujours sur cette vieille blessure, ce vieux creux peu ragoutant, espérant lui arracher les dernières bribes de dignité qui s'accrochaient à lui avec son nom. Mais non, le vieux a toujours réussi à t'empêcher de toucher à son fier malheur.
La reine explique ensuite, avec beaucoup de calme, comment ses compagnons d'autre fois l'ont exclue. Tu es presque triste pour elle. Mais tu as appris à être rejeté. Enfin, ça n'était pas trop difficile pour toi. Tu as tout de suite fuis tes terres natales... Alors que la guerrière achève son récit, tu lance alors, sur un hochement de tête :
- Tu sais, toi et moi on est un peu pareils. Moi aussi, j'ai été jugé. Et ce bien avant ma naissance en fait. Ma mère et mon père vivaient tout les deux dans des tribus qui ne pouvaient pas tolérer les chatons... "différents". Je suis le fruit de la trahison. Ma mère est morte en mettant bas et mon père est certainement mort lorsque les chats des tribus lui sont tombés dessus. Je suis une honte, pour eux. Alors, le vie... Fol-Œil m'a élevé en territoires plus ou moins libres. J'ai été traqué comme du gibier. Plusieurs fois, j'ai recroisé mes "pairs". Plusieurs fois, moi et mon mentor avons du changer de planque car ils nous avaient retrouvés. Ces chats étaient... horribles. Ils se sont déchirés quand je suis né. Je suis l'aube d'un jour de guerre. J'ai déclenché la fin de ces tribus.
Tu fais une courte pause.
- Je suis très fier de ce que j'ai accompli. Ces chats étaient mauvais. J'espère qu'ils croupissent dix queues de renard sous terre, dévorés par les insectes. Je suis fier de porter le nom qu'on m'a donné. Je ne crois pas que ma mère voulait me donner celui-là. C'était très dur pour moi au début, mais maintenant, je trouve mon nom très beau parce qu'il a un sens. Un sens profond, véritable. Il porte mon héritage. J'espère que mes chatons auront un nom significatif, eux aussi. Un nom qui résonne. Un nom qu'on chuchote dans les pouponnières, dans les campements. Un nom qui fera se faire dessus les meneurs des autres Clans. Soit fière de ton nom, car autant que tes griffes et tes crocs, il fait de toi ce que tu es.
Tu opine vigoureusement.
- Et puis, si tu ne l'aime vraiment pas ton nom, fais toi en un autre. Vis une chose encore plus terrible. Que dirais-tu de... Exil de la Louve ? Ou... Sang-sur-les-pattes ?
Tu as un ronron, un rictus sarcastique. Tes yeux vairons se promènent de-ci de-là... Sur la poussière, sur la fumée chaude dans l'air glacé.
Peut être que je me crispais pour rien. Aucune animosité dans son regard. Rien d'agressif, même pas l'agressivité que l'on doit à un rival. Il semblait se perdre dans ses pensées. J'allais presque lui rétorquer que si il ne m'écoutait pas, cela ne servait à rien que je gaspille ma salive, mais je me retins. Heureusement d'ailleurs, car il était totalement alerte. Après avoir fini mon discours, pantelante, je remarquais qu'il m'adressait un respectueux hochement de tête, puis il prit la parole à son tour pour me raconter son histoire.
« Tu sais, toi et moi on est un peu pareils. Moi aussi, j'ai été jugé. Et ce bien avant ma naissance en fait. Ma mère et mon père vivaient tout les deux dans des tribus qui ne pouvaient pas tolérer les chatons... "différents". Je suis le fruit de la trahison. Ma mère est morte en mettant bas et mon père est certainement mort lorsque les chats des tribus lui sont tombés dessus. Je suis une honte, pour eux. Alors, le vie... Fol-Œil m'a élevé en territoires plus ou moins libres. J'ai été traqué comme du gibier. Plusieurs fois, j'ai recroisé mes "pairs". Plusieurs fois, moi et mon mentor avons du changer de planque car ils nous avaient retrouvés. Ces chats étaient... horribles. Ils se sont déchirés quand je suis né. Je suis l'aube d'un jour de guerre. J'ai déclenché la fin de ces tribus. »
Je réfléchissais à la perspective que mes parents puissent avoir eu honte de moi, après ce scandale. Ils ne me l'avaient jamais montré en tout cas. Je devais me sentir chanceuse, face à ce chat qui, deux clans contre lui, n'avait même pas eu ses parents comme réconfort.
Après sa pause, il continua son récit :
« Je suis très fier de ce que j'ai accompli. Ces chats étaient mauvais. J'espère qu'ils croupissent dix queues de renard sous terre, dévorés par les insectes. Je suis fier de porter le nom qu'on m'a donné. Je ne crois pas que ma mère voulait me donner celui-là. C'était très dur pour moi au début, mais maintenant, je trouve mon nom très beau parce qu'il a un sens. Un sens profond, véritable. Il porte mon héritage. J'espère que mes chatons auront un nom significatif, eux aussi. Un nom qui résonne. Un nom qu'on chuchote dans les pouponnières, dans les campements. Un nom qui fera se faire dessus les meneurs des autres Clans. Soit fière de ton nom, car autant que tes griffes et tes crocs, il fait de toi ce que tu es. »
Penchant la tête de coté, je réfléchissais à ses paroles. Après tout, aurais-je pus porter un autre nom ? Je pense que le chef, connaissant mon penchant pour les loups, m'aurait appelé Croc du Loup. Quasiment pas si différent de mon nom actuel au fond. Et puis, après cet événement, quelque soit mon nom, les choses n'auraient pas été différentes. On m'aurait détesté, même si je m'étais appelée Fleur de Lis ! Pourquoi pas en être fière au fond ? Je l'avais reçu comme un châtiment, mais je pouvais en faire une force.
Avec un petit ronron, le matou ajouta :
« Et puis, si tu ne l'aime vraiment pas ton nom, fais toi en un autre. Vis une chose encore plus terrible. Que dirais-tu de... Exil de la Louve ? Ou... Sang-sur-les-pattes ? »
Il avait quand même un certain humour, et du courage. Il n'avait pas peur que je lui fasse ravaler son ronronnement à coup de griffe. Finalement, quand on les laissait parler, certains félins rivaux pouvaient quand même être une bonne compagnie. Puisqu'il était en si bons termes avec moi, pourquoi rester sur ma réserve ?
Un petit sourire au coin des babines, je lui répondis :
« Je ne sais pas. Sûrement que si cet accident ne s'était pas produit, il m'aurait appelé Croc du Loup. A peu de chose près, c'est mon nom, alors finalement autant s'en contenter. De toute façon, j'ai cessé d'y voir une provocation. Je préfère être fière d'être une guerrière. »
Un peu plus mielleuse, je m'approchais, à distance respectueuse tout du moins, la patte légère. Après tout, si il s'amusait avec moi, pourquoi je n'en profiterai pas ? « Et toi alors ? Quel est ton nom, celui dont tu es aussi fier de porter ? Je pense que toi, si tu avais le choix, tu ne changerai pas de nom n'est-ce pas ? »
Il se permettait des familiarités avec moi, je le suivais ! Qu'il n'aille pas s'offusquer de ces paroles, c'était lui qui avait commencé. De toute façon, je saurai lui répondre ! Ce n'était pas parce que, d'une certaine manière, je me sentais proche de lui par notre passé, que j'allais me mettre à ronronner comme une cervelle de grenouille ! Malgré tout, je me sentais touchée par la confiance, je supposais que c'était de la confiance, qu'il me donnait pour me raconter son histoire. Je la garderai dans mon esprit, pour me rappeler que je ne suis pas seule, et que l'on doit toujours être fier de ce qu'on est. Les événements qui sont passés, ce n'est pas notre faute.