Le soleil se levait doucement dans la forêt tandis que tu parcourais les terres du Clan de l’Ombre dans la solitude la plus grande, le vent soufflait doucement contre ton pelage rougeoyant tandis que tu parcourais l’espace, approchant tout doucement du camp, que cela te plaise ou non. En fait non, ça te faisait ni chaud ni froid, parce que si cela ne t’avait pas plus, tu n’aurais pas chercher à t’y rendre, tu serais resté à vagabonder dans les terres sans penser même à rentrer, mais tu n’avais plus rien à faire à l’extérieur du camp. Oh, tu aurais pu chasser, mais tu n’avais pas faim, tu ne chasserais pas pour les autres chats. Si eux, ils avaient faim, ils n’avaient qu’à se débrouiller eux-mêmes. Le parcours ne fut pas long, mais quelque chose t’empêcha d’atteindre le camp : les voix. Elles se mirent à parler, à tourner autour de toi, à te rendre fou, à te faire reculer. Elles étaient là, fortes. Elles hurlaient même, te refilant un mal de tête horrible. Ton cœur battait si rapidement, tu haletais. Tu reculais. Tu tournais sur toi-même parce que le monde changeait. Les distances étaient différentes, les couleurs étaient différentes et tout était menaçant, tout voulait se refermer sur toi, tout voulait te faire souffrir et même si tu étais spécial, tu n’aimais pas avoir mal quand tu n’avais pas décidé d’avoir mal, alors cela ne te plaisait définitivement pas. Tes griffes s’enfonçaient maintenant dans le sol depuis que tu avais cessé de tourner et tu grondais contre quelque chose que tu ne voyais même pas. Jusqu’à tout ce calme et que les voix se taisent comme si elles ne s’étaient jamais faites entendre, mais tu n’oubliais jamais ces moments qui te terrifiaient. Il n’y avait après tout qu’une chose que tu craignais : les voix quand elles faisaient changer le monde qui t’entoure.

Maintenant que le silence était revenu, tu repris ta marche. Doucement, une patte après l’autre, sans penser ne serait-ce qu’un seul instant à te presser. Tu repris ta marche pour entrer au camp. Et finalement, tu parvins à l’entrer de ronce de ce lieu, et tu y entras. Les ronces ne piquèrent pas ton pelage, tu avais l’habitude de l’entrée. Après tout, tu étais souvent à l’extérieur du camp pour ne pas à avoir à croiser les chats du Clan de l’Ombre. Lusion’, ou Nuage d’Illusion, tu demeurais le même chat solitaire qui ne voulait pas à avoir à  endurer la compagnie des autres. Petit chaton désagréablement étrange. Tu t’approchas doucement, toujours sans te presser, de la pile de gibier. Tu aimais te poster à côté de la pile du gibier, sans te faire remarquer bien que tu sois assez grand. On te donnait dix sept lunes, on pensait que tu avais dix sept lunes. Tu en avais deux de moins et tu étais encore apprenti à cause de la blessure sur ton flanc qui se voyait encore même si le pelage repoussait. Ton corps était mince, à la limite de maigre, parce que tu ne mangeais pas beaucoup. Juste le minimum pour survivre. Et ironiquement, l’emplacement que tu préférais dans le camp était tout prêt de la pile de gibier bien que tu ne manges que lorsque tu ressentais la faim tordre ton estomac jusqu’à t’obliger à manger. C’était drôle, ironique, mais c’était ainsi et toi, tu ne cherchais pas à comprendre. Si tu aimais un endroit, tu y allais simplement. Alors tu t’y posas et tu restas là.

Ton regard était fixé dans le vide depuis quelques temps quand un guerrier s’y approcha pour y déposer une proie sans t’adresser un regard. Tes oreilles se tournèrent vers lui, tu ne le regardais pas, mais tu écoutais les bruits qu’il faisait et tu pus entendre ce qu’il murmurait. Chasser pour soi ? N’était-ce donc pas ce que tu faisais ? Tu n’étais pas un chat de Clan. Tu étais un solitaire et la seule raison pour laquelle on te gardait, c’était que tu ne pourrais pas te débrouiller seul et que les Clans n’étaient pas des tueurs. Tu t’étiras et t’approchas de ce guerrier dont le nom t’échappait complètement. Lusion, c’était toi. Nuage d’Illusion, c’était l’identité qu’on t’avait donné. Quoi qu’il en soit, les deux te convenaient. Même si tu restais un véritable solitaire dans l’âme. Tu étais maintenant à quelques longueurs de queue de souris de ce félin que tu ne connaissais pas et ne désirais pas connaître non plus. Seulement.. tu allais lui parler. Juste passer le commentaire que tu avais envie de passer, parce que tu ne passerais pas des commentaires si tu n’avais pas envie d’en passer et tu passais des commentaires si tu avais envie d’en passer, c’était tout. Lorsque tu te jugeas suffisamment près du guerrier, tu t’assis. Ton pelage roux était étincelant sous les rayons du soleil.

« Si tu pourrais le faire et désire le faire, pourquoi ne le fais-tu pas ? »

Ta voix était presque uniquement un murmure, porté par le vent.

Tu étais assis près du chat. Chat qui poussa un soupir sans que tu ne lui prêtes réel attention. Ton regard sanglant était seulement fixé dans le vide tandis que tes oreilles étaient tournées vers la position du guerrier que tu avais abordé de ta voix froide. Le félin fit un mouvement de la tête que tu n’analysas pas. Tu n’analysais rien du tout des comportements des chats, n’y prêtant pas attention, enfermé dans ton monde et c’était toujours le cas actuellement. Il arque un sourcil. Comme s’il réfléchissait, mais sa précipitation à répondre venait tout juste de le trahir : aucune réflexion n’avait été de mise, il savait déjà ce qu’il allait répondre. Il te ressemblait, n’est-ce pas ? Mais pas tout à fait non plus, parce qu’il pouvait se débrouiller, lui. Tu n’avais même pas vu le sourire ironique du chat avant qu’il ne commence à parler, avant qu’il ne te dise une phrase qui ne te fit ni chaud ni froid et te laissa de marbre. Ton regard sans expression l’observait toujours, tandis qu’il te surnomma «son petit gars». Ce que tu n’étais pas. Ce fut le seul mot qui provoqua une réaction minime chez toi. Ton œil gauche tressauta, ou plus précisément le nerf de ton œil gauche tressauta, et une flamme s’invita brièvement dans ton regard. Personne n’avait le droit de dire mon en te donnant un surnom. Personne parce que mon signifiait la possession et tu n’étais à personne sauf à la mélodie.

Il poursuivit et tu ricanas légèrement. Le pauvre, il se devait de faire comme s’il était un guerrier noble devant les autres, ou tout du moins un guerrier qui suivait le code qu’ils s’étaient imposés depuis des décennies. Alors que toi.. toi, tu ne pouvais pas suivre ce code, tu n’y arrivais pas et puis, on ne pouvait pas te faire payer tes écarts de conduites, protégé par le sens de l’honneur de ces chats. De plus, ils n’étaient pas des meurtriers et tu ne pouvais pas te débrouiller tout seul, alors ils ne pouvaient tout simplement pas te laisser et de temps en temps, tu parvenais à suivre l’espace de quelques heures ce code, ce qui te permettait de prouver ta supposée bonne volonté. Elle n’existait pas, après tout, cette volonté. Chasser pour le Clan.. quelle misère. Tu chassais pour toi. Tout ce que tu faisais, c’était pour toi après tout, parce que tu ne voyais pas l’utilité de partager, de faire quoi que ce soit pour les autres, alors que ceux-ci ne te le rendraient sans doute même pas, ou alors pas dans les mêmes mesures et puis, tu ne voulais pas faire les choses pour les autres, toi, seulement les faire parce que tu désirais les faire. Les faire pour ton âme noire.

Tiens.. tiens.. la nuit, il chassait pour lui-même. La nuit, il devenait comme toi, alors que pendant la journée il chassait pour le Clan sans que cela ne le ravisse et pourtant, il ne le montrait pas, il ne le disait pas. Il chassait sans rechigner à voix haute. Hypocrisie. Tu savais bien que les chats de la Terre étaient hypocrites, ce que tu ne comprenais pas. Tu ne l’étais pas, toi. Tu n’étais pas hypocrite, et c’était peut-être un grand défaut, parce que cela pouvait te porter à préjudice. Ou pas. Considérant le félin que tu te trouvais à être, cela ne pouvait pas réellement se retourner contre toi. Ton regard terne, sans expression, vide, se posa dans celui du guerrier tandis que ta queue fouettait doucement et à intervalles régulières le sol, soulevant une couche de poudreuse qui te gelait sans que tu n’y prêtes réellement attention.

« Et eux, ils pensent que tu es un guerrier chassant loyalement.. c’est hypocrite. » Ta voix était assez froide, il fallait le dire. Mais elle était toujours ainsi. Froide et apathique. « Je chasse pour moi. » Toujours. Nuit et jour.