... Brutalité Canine.

Il y a de bons jours et de mauvais jours. J'étais dans un de ces-derniers et lorsque j'entrai dans ceux-là, mieux valait me laisser tranquille. Je trottine hors du camp, la voûte céleste laisse doucement place à la pâle lueur matinale du soleil. Je m'étire et détale au galop, slalomant entre les roseaux obstruant ma traversée du territoire. Mes griffes se plantent dans la terre meuble à chacune de mes foulées tandis que le vent léger caresse doucement mon pelage. Je freine et me stoppe net. Mes moustaches frémissent lorsque l'odeur de campagnol me vient au museau. Je ne suis pas habitué à chasser de tel proie mais bon, pour une fois. Je me mets en position et avance lentement en direction du petit mulot. Doucement. Un. Deux. Trois. Je bondis et retombe directement sur le dos du petit mammifère. Je le tue d'un coup de croc, il s'éteint avec un petit couinement puis je prends soin de l'enterrer.

Je reprends ma balade à une cadence plus calme. Je marche d'un pas sûr en boitant toujours légèrement. Je me penche au dessus d'une flaque d'eau et observe mon reflet un instant. Je claque la patte dans l'eau en revoyant ces cicatrices. Ces horribles cicatrices. Ces pourritures. Je m'ébroue et continue d'errer sans trop de but. Un bruit me fait tiquer l'oreille et je murmure d'un ton épuisé de ne pouvoir trouver de tranquillité nulle part :

« Encore ?! Y'a pas moyen d'rester tranquille un instant sur ces rochers. »

J'achève ma phrase avec un grognement court en espérant que mon « invité » se montre rapidement ; je n'ai pas de temps à perdre avec des gamineries.

Je m'aventurais, en cette journée peu ensoleillée, aux alentours de mes terres. Sauf que soudain, qui-vois-je ? Sûrement un chat un peu perdu pour venir me chercher comme ça... Il commence à me miauler dessus violemment, je sors mes griffes d'un seul jet et m'en prend à mon rival d'un petit coup très léger, je trace mon chemin en analysant des goûtes de pluie, je me solutionne à me mettre sous un arbre en attendant que la pluie cesse de tomber. J'aperçois des proies, voltiger dans tous les sens, comme si il se passait quelque chose d'alarmant... Sûrement la pluie... Je décide d'aller un peu chasser les proies se trouvant dans les arbres car mon ventre commence à crier famine.

Après avoir mastiquer ma nourriture, je décide de reprendre mon chemin et de me balader à chaque coin de rue en essayant de trouver quelque chose qui pourrait m'intéresser... Je fais ma petite toilette matinale et retrace ma route... Des feuilles commencent à gigoter. Je trouve ça plutôt étrange et je circule un peu autour de ses feuilles... Une proie ! Elle s'envole, en laissant tomber son petit insecte qu'elle était en train de manger sur ma truffe... Je m'enlève, et repars...

«Quoi ?! Encore toi ? Me suis-tu ? Pourquoi es-tu en travers de mon chemin, je n'ai pas de temps à perdre avec des êtres comme toi perdus dans la forêt, retourne chez toi !»

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... Brutalité Canine.

La forêt est bien moins dense de notre côté de territoire comparé à celui appartenant au Clan de la Rivière. Je fronce la truffe non sans gêne lorsque l'odeur du clan ennemi remonte à mes narines. Je soupire et rigole discrètement. Je trouve le Clan du Tonnerre bien pathétique à accepter n'importe quel chat dans leur clan, anciens solitaires, anciens domestiques, sang-mêlés … Un vrai clan poubelle.

Je reconnais alors une fourrure familière. J'avais déjà croisé cette jeune guerrière sur ces rochers. Je soupire et feule. Je n'aime pas ce Clan et encore moins tous leurs membres. Je montre les crocs et m'assois en prenant bien garde de ne pas dépasser d'une griffe la frontière.

« Quoi ?! Encore toi ? Me suis-tu ? Pourquoi es-tu en travers de mon chemin, je n'ai pas de temps à perdre avec des êtres comme toi perdus dans la forêt, retourne chez toi ! »

Le ton de la guerrière était agressif et me fait rager. Je grogne et me relève, la fourrure déjà en bataille. Je n'aimai pas spécialement le combat mais je ne supportais pas le manque de respect et encore moins qu'on se moque ouvertement de moi. Perdus ? Comme moi ? Comment pouvait-elle se permettre ça. Je suis bien plus âgé qu'elle, elle me doit un minimum de respect. Je grogne alors.

« Oui encore moi. Et je ne suis pas perdu comme tu le dis. Je suis chez moi car ces rochers nous appartiennent autant qu'ils vous appartiennent. Donc tu vas vite te calmer sinon ça risque de très mal finir. »

Je crache et plante mes griffes dans la terre meuble. Je n'attaquerai pas le premier ça c'est sûr.

« Oui encore moi. Et je ne suis pas perdu comme tu le dis. Je suis chez moi car ces rochers nous appartiennent autant qu'ils vous appartiennent. Donc tu vas vite te calmer sinon ça risque de très mal finir. »


me dit le guerrier, sèchement. Je reviens d'un balade plutôt agréable et cet adhérent au clan de la Rivière commence sérieusement à bouillir de rage et malgré moi je commence à me battre avec des mots, mon adversaire plante ses griffes dans le sol, enragé, sauf que je ne me laisse surtout pas faire, je réplique avec innocence :

« Je n'en ai rien à faire de ce qu'il t'appartient ou pas, je... je n'aime pas qu'on se mette en travers de mon chemin... Je n'ai absolument pas peur de toi, même si tu es plus âgé. »

je commence à bégayer de peur qu'il m'arrive quelque chose, malgré ça, je suis vraiment fâchée et ai envie d'en finir avec ces retrouvailles, alors, je commence à me battre. Je sors mes griffes en reculant de quelques pas, anxieuse. Mes pattes commence à trembler et je prend peur, je ne me contrôle plus et griffe mon adversaire,  je suis craintive et regarde le guerrier fixement, je sens la revanche dans ses yeux.

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... Brutalité Canine.

La jeune guerrière ennemie ne semble plus trouver ses mots. Elle bégaye. Qui est perdu maintenant ? Je suis actuellement en position de force face à elle vu son inexpérience. Un rictus se dessine sur mon visage tandis qu'elle s'avance d'un pas mal à l'aise et miaule pitoyablement.

« Je n'en ai rien à faire de ce qu'il t'appartient ou pas, je... je n'aime pas qu'on se mette en travers de mon chemin... Je n'ai absolument pas peur de toi, même si tu es plus âgé.  »

Je grogne. Elle recule. Elle ré-avance. Elle sort ses griffes et – ne m'attendant pas à ce qu'elle le fasse je ne me prépare même pas à me défendre – lance celles-ci au niveau de mon faciès. Celle si se plante non loin de mes anciennes cicatrices, dans le creux de mon museau. Je feule, enragé par la tournure que prend cette rencontre. Je sors moi-même les griffes et bondit sur la guerrière au pelage bicolore. Mes oreilles se plaquent contre mon crâne tandis que je la maîtrise sans mal au sol. Je plante mes griffes dans son flanc et la fait descendre histoire qu'elle saigne – sans pour autant la blesser réellement car ce genre de plaies se soignent très vite.

« Je compte bien te faire passer l'envie de revenir par-ici. »

Je relâche mon emprise et donne un puissant coup de patte à la guerrière la faisant rouler dans la poussière. Je cours pour lui asséner un violent coup d'épaule qu'elle esquive. Je grogne et me tourne vers elle, attendant sa prochaine tentative d'attaque.

Le guerrier du clan de la rivière ose s'attaquer à moi, il commence à sortir ses griffes, je roule sur moi même, et en tombant, je commence à légèrement saigner de ma patte arrière. je suis anxieuse mais ne perd rien pour attendre.

« Je compte bien te faire passer l'envie de revenir par-ici. »
Me dit-il.

Le vent arrive, le guerrier me donne un coup, que j'esquive de justesse, il me regarde, impatient de savoir mon prochaine coup. Je n'abandonnerais pas si facilement, crois-tu, jeune guerrier, je ne suis pas un sac poubelle et encore moins une débutante, je décide de m'en prendre violemment de façon à ne pas qu'il me prenne pour une moins que rien. Je lui griffe le dessus de sa tête, à côté de son oreille, je le regarde s'arrêter, comme si il avait l'intention d'abandonner...

Non, au contraire, il se défend et me donne aussi un coup, que je frôle mais qui me blesse, je saigne encore, lui aussi, la nuit tombe et je fais tout pour que le guerrier prenne la fuite, sauf qu'apparemment, ça ne l'intéresse pas et il veut continuer... Je le vois dans son regard, perplexe... Je me défends :

«Quoi ?! Moi partir? Sans aucun doute... Je reste, j'attends que tu m'élimines, enfin non, pardon... Que je t'élimines ! tu ne me fais pas peur et je suis capable de rivaliser avec toi même si je continue à me faire mal.»

Quelle stupidité maladive, il pensait réellement que j'allais m'en aller... Ce n'est pas car je dois avoir 5 ou 6 lunes de moins que cette pauvre bestiole, que je suis idiote ... Je reste anxieuse à l'idée de me battre avec quelqu'un, sachant que cette épreuve est déjà arrivée et j'ai ... perdu, mais bon. Je réfléchis à quoi faire avec ma tête, aux coups que je pourrais donner, je ne réfléchis pas trop longtemps et je ...
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... Brutalité Canine.

Face à mes attaques, la guerrière riposte par une série de petites attaques qui remplissent leur travail. Rapidement je saigne du côté droit de la tête à cause de ses plaies proches de mes cicatrices. Je ferme les yeux pour éviter qu'une de ses griffes s'y glissent. Avais-je sous-estimé mon adversaire ? J'en doute.

« Quoi ?! Moi partir ? Sans aucun doute ... Je reste, j'attends que tu m'élimines, enfin non, pardon ... Que je t'élimine ! Tu ne me fais pas peur et je suis capable de rivaliser avec toi même si je continue à me faire mal.  »

Belle parole, belle mentalité. Passé quelques secondes j'admire le caractère de la guerrière et son potentiel, dommage qu'elle vienne d'un clan adverse. Mais pense-t-elle pouvoir rivaliser avec moi ? Un vétéran d'une quarantaine de lunes ? Je lâche un vieux grondement pourri et je m'ébroue pour faire voler les gouttes de sang avant de me remettre en position de combat, prêt à tout pour gagner cette bataille.

J'inspire un grand coup et m'élance tout en déclenchant un coup d'épaule assez puissant pour envoyer valdinguer la guerrière au sol. Mes yeux fixent sa fourrure ensanglantée. Je suis peut être allé trop loin. Je soupire me disant qu'elle avait sans doute comprise. Je me recule un peu et murmure :

« Ce combat s'arrêtera ici. Je t'ai déjà fait bien assez de mal comme ça. »

Intérieurement je prie pour qu'elle ne se venge pas. Qu'elle fasse demi-tour et rentre dans son camp plutôt que de venir me faire chier avec ses gamineries.

Le guerrier commence à réfléchir, se met en position d'attaque, et me met un coup à côté de ma petite tête ! Je saigne, je mords la poussière. Je lâche prise, me disant qu'il faut arrêter le combat maintenant, je fais une petite toilette, histoire de laver tout le sang étaler sur mon pelage et le guerrier murmure:

« Ce combat s'arrêtera ici. Je t'ai déjà fait bien assez de mal comme ça. »

Je regarde le sol, recule d'un pas et, j'abandonne, je n'ai malheureusement plus de force et la nuit arrive à grands pas, mes amis et proches sont sûrement en train de dormir, tandis que je reste dans les arbres en boîtant de ma patte arrière... Je ne dis rien, juste, je recule de quelque pas et le regarde en souriant. J'attends sa réponse, je voulais juste lui dire, bravo...

« Nous nous sommes bien battus, au revoir. »

Mes forces me disent qu'il faut que je prenne la fuite et arrive à mon clan le plus vite possible, pour soignez mes plaies, par contre, j'ai vraiment faim, je me solutionne à aller chasser après le combat. Je m'assois par terre, regarde le sol, et baisse les oreilles, je me relève en partant d'ici, je vais chasser.

Après ma chasse, je rentre à mon clan, encore avec mes petites blessures, je mets une petite feuille sur ma patte et m'en vais dormir... Je regarde les étoiles, je n'arrive malheureusement pas à dormir, l'herbe est toute mouillée et j'ai encore très faim, sauf qu'il est vraiment tard et je n'ai pas le temps de me levée.

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... Brutalité Canine.

Elle s'arrête après mes paroles. Très bien, elle semble raisonnable. Je parle de ce combat comme on pourrait parler d'une promenade, je trouve ça tout de même affolant. Elle me regarde et je compte ses plaies voir si je ne l'ai pas trop amochée. Apparemment elle devrait survivre, aucune ne saigne sans s'arrêter. Elle gardera peut être une cicatrice mais après tout ça fait parti de la vie.

« Nous nous sommes bien battus, au revoir. »

Cela m'étonne tout de même qu'elle abandonne aussi « facilement ». Finalement, elle n'est peut être pas aussi battante que ce que je pensais. Mais elle réfléchit bien donc on pourrait lui pardonner. Je me lève et lui tourne le dos tandis qu'elle s'en va a reculons. A-t-elle peur que je l'attaque de dos ? Cela serait malsain. Je marche et m’engouffre dans les roseaux sans rien déclarer à la guerrière du Clan du Tonnerre.

Je chasse une poiscaille sur le chemin du retour histoire de pas rentrer bredouille au camp. Au pire, je n'ai de compte à rendre à personne.