Nous étions en fin d'après-midi. Le soleil se couchait laissant place à le sombre nuit qui se préparait à apparaître, accompagné du clan des Etoiles. Le vent soufflait légèrement, mais la saison des neiges s'évaporait peu à peu, laissant place aux nouvelles herbes, feuilles, racines qui commençaient leurs premières pousses.
Il n'y avait presque plus la gelée du matin qui brûlait nos coussinets à chaque pas que nous faisions, le temps devenait enfin agréable à vivre. Seulement pour moi, rien était agréable.
Cloîtrée à la pouponnière depuis mon escapade nocturne, je n'avais d'autres choix qu'attendre le rétablissement de cette sale patte blessée. 
Pourquoi tout ce temps pour guérir ? N'ai-je pas assez attendu juste pour un simple baptême ? Faut-il encore que je passe ma vie dans ce trou infecte ?! Sans compter tous ces bruits, ces cris, ces glapissements de chaton en détresse, avec leur mère incapable de leur feuler dessus. Elles sont tellement émerveillées de leurs progénitures qu'elle en oublieraient presque de les élever et leur apprendre les bonnes manières !
Ha, tout ce monde me répugne. Aucune justice, le clan des Etoiles n'a vraiment pas pitié de moi !
Assise dans mon petit nid en mousse, je réprimai un grognement agacé puis me mis à ma toilette.
J'allais m'attaquer à mon coté droit lorsque quelque chose attira mon attention.
Le souffle rauque, les gueules entrouvertes, reines et chatons roupillaient comme ayant veillés toute une nuit.
Désagréable.
Je les fixais, mes pupilles dilatées dans cette sombre tanière, l'air exaspéré et orgueilleux.
Ce n'est pas comme si elles se battaient pour le clan...
Des reines, c'est vrai, ça ne sert à rien pas vrai ? A part encombrer le clan, donner naissance et multiplier les bouches à nourrir, en plus d'elles qui ne font rien de leurs journées.
Maman ne m'a jamais accordé autant de temps, d'ailleurs je n'en avais pas besoin. Elle au moins, se bat et chasse pour nous, je l'envie.
J'aimerais tellement être apprentie, je suis moi-même inutile dans ce monde.
Mon monde à moi n'a aucun sens !
Je clignai des yeux, ils me picotaient. Puis je les rouvris, les muscles tendus.
Bientôt j'en finirai, bientôt j'apprendrai et, bientôt, je me battrai et tout le monde pourra dire de moi, la guerrière la plus redoutable et courageuse.
Quelques secondes passèrent, gaspillées comme la plus part de mon temps, à attendre dans un nid de mousse.
Je fis un pas, puis deux, enfin je sortis à l'extérieur, là où le véritable monde m'attendait.
Le nuit était tombée. De là-haut, nos ancêtres nous surveillaient, silencieux comme toujours.
Je m'assis et pris le temps d'observer les félins faire des allées et retours, ramenant des pièces de gibier ou encore un rapport au chef, en gros quelque chose d'instructif pour le clan, chose que je ne pouvais faire.
Soudain mon regard passa entre l'un des ces guerriers, la mine songeuse.
Il me regardait, me fixait, me dévisageait si je puis dire.
Je déteste quand on me fixe.
Mon sang ne fit qu'un tour. Je m'apprêtais à lui sauter au visage seulement je savais que mes pattes ne me suivraient pas.
Qu'est-ce que t'as face de blaireau ?! Il me provoquait, il n'y avait pas d'autres moyens.
Je me ravisai de lui souffler en pleine gueule.
Si je causais encore des problèmes, je ne ferais qu'aggraver mon cas, peut être même le chef me condamnerait à rester encore à la pouponnière.
Furieuse, je me détournai du guerrier aux yeux bleus, la queue fouettant dans les aires. 
Je rejoignis clopin-clopant la pouponnière puis me recouchai dans mon nid.
Ma patte allait mieux, je l'épargnais chaque jour mais bientôt viendrait le temps où elle n'aura autre choix que de suivre mon instinct.

L'astre brillant avait complètement disparue derrière les rangées de pins, ne laissant plus qu'une longue traînée sanglante sur son passage dans les teintes de pourpre, rouge, orange et jaune. La nuit approchait bien plus rapidement que ce que Petit Hêtre avait escompter. Elle venait de délaisser sa sœur, Petite Lumière auprès de leur frère, Petit Duvet qui bavardait avec Nuage de Lynx, un vieil apprenti du clan. Le novice avait proposé aux chatons de leur enseigner les techniques de bases de la chasse, dont la position du chasseur. Le chaton ébène montrait tant d'enthousiasme à cette idée, qu'il y avait entraîner Petite Lumière, mais Petit Hêtre avait d'autre souci. "Comment peuvent-ils prendre plaisir à tuer? À faire du mal autour d'eux?" se demanda la chatonne écaille. Ce comportement barbare, la petite ne le comprenait toujours pas. Elle savait que son clan devait chasser pour survivre. Ça elle n'y voyait aucun prétexte pour éviter, mais que son clan ose se battre et ça au péril de leur vie, elle ne pouvait s'y résoudre. La vue du sang la terrorisait, comme la couleur macabre du crépuscule et de l'aube. Tout ça revenait à son rêve. Ce rêve qui la hantait depuis ses quatre lunes. Quelque chose de terrible se préparait et même si Petit Hêtre ignorait encore quoi, elle préférait attendre d'être nommé apprentie avant d'en parler avec Fleur de Lune. La chatonne retourna clopin-clopant à la pouponnière, la queue en panache. Pas qu'elle était fière, mais elle tentait de chasser ses propres pensées de son minuscule crâne. Elle détourna subitement le regard, croyant avoir vu quelque chose près de la réserve, puis elle heurta quelqu'un. Sentant une résistance contre son avancé, Petit Hêtre chercha des yeux l'obstacle qui obstruait sa voie et se rendit compte qu'elle avait bousculer Petite Apocalypse, une autre chatonne du clan. "Pardon Petite Apocalypse! Je ne t'avais pas vu." se dépêcha à dire Petit Hêtre pour se défendre. Elle connaissait bien le caractère un peu ronchon de sa compagne de tanière et elle ne voulait absolument pas avoir à faire au reproche de la chatte bicolore.

Je m'ennuyais, comme d'habitude. Même jouer avec une boule de mousse me lassait.
Je tentai de m'endormir mais en vain. Le sommeil ne ma guettait pas, je devais me résoudre à trouver quelque chose de plus passionnant au lieu de m'efforcer à faire quelque chose qui au final ne viendrait pas. 
Je me redressai, le poil ébouriffé pour cause d'avoir trop chercher mes postures qui m'aideraient à m'endormir.
Je fais ma toilette ? Non, je n'avais pas envie. Désormais la paresse prenait le dessus.
Le pelage en bataille, les muscles détendus, le corps moue, j’avançai vers la sortie de la tanière sans grand intérêt. 
Je pris un grande inspiration avant d'expirer lentement.
Soudain quelque chose vint me heurter de plein fouet avant de se redresser sous mon nez. 
Ha non ce n'était pas quelque chose, c'était quelqu'un, excusez-moi.
J'allais feuler de rage, mes griffes prêtes en cas de provocation lorsqu'une petite voix me devança :
 "Pardon Petite Apocalypse! Je ne t'avais pas vu." Disait-elle. C'était Petit Hêtre, une compagne de tanière.
Pas vu ?! Tu ne m'avais pas vu ? Je réprimai un grognement grave pour souligner mon mécontentement avant de lui lancer brutalement :
-"Tu as des yeux ? Tu sais comment les utiliser non ?!"

La journée était belle, les rayons clairs du soleil caressaient ma fourrure noire, et j'étais simplement heureuse. Étendue de tout mon long sur un rocher plat, non loin de l'entrée du camp, les yeux entrouverts, je profitait pleinement de la merveilleuse saison des feuilles vertes. Mes petits allaient pouvoir grandir au sein de mon Clan, devenir de grands guerriers, robustes et prêts à mourir pour leurs amis. Mon ventre était rond à souhait, et pourtant je ne pouvais pas me résoudre à rejoindre la pouponnière. Rester allongée à longueur de temps, au milieu de toutes ces commères était impensable. Mais n'était-je pas qu'une charge pour le Clan de l'Ombre, handicapée par mon énorme ventre ? Je chassais tant bien que mal mais mangeais comme quatre lions affamés. Écho Céleste me le rappelait d'ailleurs tous les jours ; à croire qu'il voulait se débarrasser de moi ! Le comportement de mes congénères m'agaçait, de toute façon. Ils ne me parlaient presque plus, et, quand ils le faisaient, c'était pour faire les choses à ma place. Je me sentais comme un chaton aveugle cantonné à la pouponnière, et pourtant j'étais une guerrière.
Je me levai, ou plutôt roulai de côté pour me remettre sur mes pattes, et avançai lentement vers le camp. Sage Parole, une ancienne aux longs poils noirs de jais, posa son regard anormalement jaune sur sa cadette. Elle ne dit rien, et détourna rapidement les yeux. Je la dépassai rapidement et entrai dans le camp. Les odeurs familières de mon Clan me réchauffèrent le cœur, tandis que je me dirigeai d'un pas tranquille vers le tas de gibier. Un ou deux guerriers me regardèrent, désapprobateurs. Je tournai la tête vers chacun d'eux, mes yeux d'ambres s'étant assombrit, et ils ne les soutinrent pas longtemps. Depuis mon altercation avec Croissant de Lune, une reine blanche, même si elle m'avait infligé plus de blessures que ce que mes griffes avaient creusé dans sa chair, tout le monde avait compris que je me battait férocement si besoin. Mon mauvais caractère était plutôt connu, bien qu'une ou deux personnes aient gagné ma confiance. Écho Céleste discutait avec Lune Noire, Valse des Ombres dormaient dans une flaque de soleil, et chacun vaquait à ses occupations. Je saisi une grive sur le tas de gibier et la grignotai en silence, laissant mes pensées vagabonder.
Une fois rassasiée, je fermai les yeux, prête pour une sieste dans la chaleur.
Soudain, un cri aiguë retentit, me sortant de ma somnolence. Je tournai la tête vers sa provenance et remarquai que deux chatons se disputaient près de la pouponnière. Non, une petite femelle feulait sur un autre petit. La petite femelle s'appelait Petite Apocalypse, à mon souvenir, mais je ne retrouvais pas le nom de l'autre chaton.
Un instinct maternel me força à me lever pour aller voir la querelleuse. Mon ombre s'étendit sur elle, et, en voyant son air, je m'attendis presque à ce qu'elle me saute à la gorge. Je restai bien droite sur mes pattes et soutins son regard haineux. 

« Allons, que se passe-t-il ici ? » dis-je d'un ton faussement autoritaire, tout en remuant les moustaches.

Petit Hêtre vit sa congénère serrer les mâchoires et gonfler sa fourrure de sorte à presque doubler de volume. La petite chatonne écaille courba la tête cherchant à éviter la bagarre. Elle qui n'aimait pas voir deux chats s’entre-déchirés à coup de griffes et de crocs, elle allait surement finir par être prise dans l'une de ces querelles sans intérêt. Soudain Petite Apocalypse ouvrit la gueule dans un rictus de colère et feula sur Petit Hêtre sans retenue. "Tu as des yeux ? Tu sais comment les utiliser non ?!" Elle marqua une pause permettant à Petit Hêtre de répondre, mais à peine avait-elle ouvert la gueule pour murmurer un faible "Oui, mais..." à peine audible, la chatonne ouvrit la sienne rageusement et conclut sur un ton sec: "C'est pas très compliqué de regarder devant soi." Petit Hêtre se rappela alors pourquoi elle n'aspirait pas à la vie de guerrière, elle était trop timide et peureuse pour faire face à qui que ce soit, même à un chaton aussi inoffensif que Petite Apocalypse. En fait, Petit Hêtre n'avait jamais vraiment aimé cette jeune chatonne, un peu trop impulsive à son goût, elle en avait même peur, une peur effroyable. C'est pourquoi elle se replia sur elle-même, cherchant à disparaître parmi les rares brins d'herbes qui perçaient le sol, les larmes emplissant son jolie regard émeraude, quand une ombre recouvrit le corps des deux chatonnes. C'était Envol des Nuits, une autre chatte que Petit Hêtre préférait éviter. "Allons, que se passe-t-il ici ?" miaula la chatte noire avec autorité.

Petit Hêtre sentit quelque chose frôler sa fourrure comme une caresse à rebrousse poils, ce qui la fit sursauter. Se rendant compte qu'il ne s'agissait que de sa sœur, elle se calma, mais vite elle se remit à paniquer, le cœur battant à mille à l'heure. Qu'allait encore dire ou faire Petite Lumière? La défendre bien sûr. Petit Hêtre en avait un peu marre de se comportement surprotecteur de sa sœur, mais que pouvait-elle y faire? Petite Lumière était né comme ça et un jour ce qui paraissait être un énorme défaut deviendrais une profonde qualité dont le clan ne pourrais se passer. Petite Lumière darda son regard bleu cristallin dans celui de Petite Apocalypse en lui sommant de sa voix mécontente: "Dis donc, ça t’arrive de comprendre qu’elle n’a pas fait exprès? Je te signal qu’un signe de compréhension serait acceptable dans ton comportement." Petit Hêtre fit un pas en arrière. Elle aurait vraiment voulu disparaître à ce moment là, s'enfuir loin de ses problèmes, mais elle ne pouvait pas abandonner sa sœur sans la remercier. La petite chatonne écaille jeta un faible coup d’œil vers la guerrière qui attendait encore la réponse à sa question, puis elle s'avança entre les deux chatons en levant une patte pour intercepter la bagarre. "Arrête Petite Lumière. C'est de ma faute, j'avoue: je ne regardais pas où j'allais et j'en assume l'entière responsabilité. Tu n'as pas à me couvrir comme ça. Je serais bientôt apprentie... nous le serons bientôt... et nous devrons apprendre à nous débrouiller seule, sans toujours demander le soutien de l'autre. Une fois baptisé, nos chemins se sépareront, mais je sais que quoi qu'il arrive nous resterons sœurs à jamais. S'il te plait, ne t'en mêle pas."

Mon regard se détendit lorsque une ombre passa son mon nez. Ça devait être une guerrière vu la taille de la silhouette. Je n'y prêtai pas attention et continuai à fixer droit dans les yeux Petit Hêtre.
-"Allons, que se passe-t-il ici ?" miaula d'un air autoritaire Envol des Nuits.
Qu'est-ce qu'elle nous veut celle-là ? Elle ne devrait pas être à la pouponnière au lieu de se mêler de ce qui ne la regarde pas ? A être guerrier ça se croit tout permis.
J'allais répondre de mon air hautain lorsque qu'une petite voix me devança :
-"Dis donc, ça t’arrive de comprendre qu’elle n’a pas fait exprès? Je te signale qu’un signe de compréhension serait acceptable dans ton comportement." Je me retournai mon visage mi-défiguré par les paroles qui m'étaient destinées.  
Cette voix...
C'était en effet Petite Lumière, la sœur de Petit Hêtre. Je me souviens encore des moments passés à la pouponnière toutes ensembles, je passais le trois quart de mon temps à les écouter parler ou bien jouer ensemble pendant que moi j'attendais le rétablissement de ma patte. Rien que de voir afficher un sourire sur leur visage m’étripait. Elles, elles étaient heureuses, moi non. Ce sentiment de "différence", ce sentiment de "solitude". En même temps je dois dire que je ne faisais aucun effort pour leurs adresser la parole mais c'était au dessus de mes forces. De la jalousie ? Je ne pense pas. La jalousie me rendrait folle, en l’occurrence cette situation me rendait simplement nostalgique, tout comme le fait de ne pas avoir pu devenir apprentie plus tôt.
Mais revenons à l'instant présent voulez vous. Je sais que je n'ai jamais été très aimable avec qui que ce soit mais là, les chats qui se permettent de se mêler de ce qui ne les regarde pas m'exaspère. Ils n'ont pas d'autres choses à faire que de mettre de l'huile sur le feu ? Ils croient réussir à me résonner avec leurs belles paroles inutiles ? Et bien ils se trompent sur toute la ligne alors. Je ne suis pas ce type de personnalité qui s'avoue vaincu en quelques secondes par la soumission d'un chat possédant un rang au dessus du mien. Que nous soyons chaton, apprentie ou autre, je refuse de me soumettre à leurs ordres. Ils ne valent pas plus que nous, nous sommes tous égaux et avons le droit de donner notre opinion, comme à ce moment précis où je me trouve face à trois chattes sur le dos.
J'allais riposter pour mon montrer exaspération lorsque Petit Hêtre ouvrit la gueule :
-"Arrête Petite Lumière. C'est de ma faute, j'avoue : je ne regardais pas où j'allais et j'en assume l'entière responsabilité. Tu n'as pas à me couvrir comme ça. Je serai bientôt apprentie... nous le serons bientôt... et nous devrons apprendre à nous débrouiller seule, sans toujours demander le soutien de l'autre. Une fois baptisé, nos chemins se sépareront, mais je sais que quoi qu'il arrive nous resterons sœurs à jamais. S'il te plait, ne t'en mêle pas."
Au moins elle est réaliste.
C'est vrai quoi ? Je peux bien comprendre que Petit Hêtre soit énervée. Après tout, elle sait se défendre toute seule, ce n'est pas comme si elle n'avait pas de langue, ce n'est pas comme si elle était plus faible qu'un autre.

[Rp mal fait, pas d'inspiration ce soir sorry .]

J'abandonnai vite l'espoir de recevoir une réponse. Sans se soucier de moi, Petite Lumière, une chatonne blanche, curieuse et farouche s'approcha. 
- Dit donc! Ça t’arrive de comprendre qu’elle n’avait pas fait exprès? Feula-t-elle presque. Je te signal qu’un Signe de compréhension serait acceptable dans ton comportement.
Elle n'a rien perdu de la scène, me dis-je en mon for intérieur, amusée. A ces mots, Petite Apocalypse se crispa, prête à lui cracher une réponse cinglante, mais Petit Hêtre la devança.
Ce n'est qu'à ce moment que je vis la patte blessée de la petite chatte bicolore. C'était donc pour ça qu'elle était si frustrée...
Aspirée par mes pensées, je n'avais pas saisit le sens des paroles du frère de Petite Lumière, mais je vis la queue de la femelle trembler.
Je vis Petite Apocalypse ouvrir la gueule. Je pensais entendre une provocation ou une réplique acerbe, mais quand elle parla, sa voix était posée et calme.
- Cette histoire ne te concerne pas, je ne vois pas pourquoi tu t'en mêles d'abord. Et puis si elle veut me reprocher quelque chose, elle le dira. Je suis sûre qu'elle n'a pas besoin d'assistance. Dit-elle avec une conviction non feinte. J'étais entièrement d'accord, et je faillis m'en retourner pour dormir encore dans le soleil, mais je me rappelai aussitôt ma grossesse. Je devais faire en sorte que ces chatons se réconcilient pour de bon, ça me paraissait être un devoir. Petite Lumière tourna les talons.
Un silence accueillit pesamment son départ, et les deux chatons restants se dévisagèrent.


- Tout est bien qui finit bien, miaulai-je.


Ah, vraiment ? Tu n'as que ça à dire ? Cervelle de musaraigne ! Ne sachant qu'ajouter, je me couchai sur place, repliant mes pattes sous mon poitrail. Je comptais bien surveiller ces deux garnements ! Ils auraient certainement recommencer à se disputer dès mon départ.
Soudain, l'image de Croissant de Lune s'imposa à moi. Si elle me voyait près de son petit, elle allait m'arracher les oreilles. J'étais loin d'être au sommet de ma forme, et j'essayai d'éviter au mieux les disputes. Ainsi, je me remis tant bien que mal sur les pattes et lançai un regard d'avertissement aux deux petits, avant de m'en aller.
Le soleil déclinait déjà, et les ombres s'allongeaient sur le camp.
Prenant le soir comme alibi, je pris la direction de la tanière des guerriers.
Plusieurs regards me suivirent.
Vous pensez que je ne suis bonne qu'à allaiter des petits ? C'est ça ?
Me retins-je de cracher à la ronde. Au lieu de ça, j'entrai dans le repaire et m'étendis de tout mon long sur mon nid de mousse. Ici, au moins, personne ne pouvait me juger. Alors que je fermai les yeux, une douleur dans le ventre me les fis rouvrir en sursaut.

Un chaton ! Un chaton a bougé !
Avec de nombreux coups de langue, je calmai le chaton... Non, mon chaton.