Malgré les menaces d'un ciel sombre, Mélancolie des Saules était encore une fois sortit du camp sans autorisation et toute seule. Elle ne s'était toujours pas dompter. À peine venait-elle d'accéder au rang de guerrière, la jeune femelle recommençait ses bêtises, mais cette fois ses intentions serait facilement justifiables. La chatte avait un grand besoin d'air, d'espace et d'un peu d'exercice. Elle se préparait à aller chasser ou du moins pêcher. Mélancolie des Saules avait attendu ce moment avec impatience. Depuis le début de l'inondation des terres de son clan, la jeune femelle ne rêvait que de foulé à nouveau le territoire du Clan de la Rivière, de pêcher dans ses nombreuses rivières et de se prélasser sur les chauds galets. La guerrière brune marbré de noir au ventre blanc avait déjà traverser une grande partie de la forêt, mais elle n'étais pas encore assez près de la rivière quand une pluie s’abattit sur elle. Son long pelage sombre devint tremper en quelques battements de cœur. La chatte ne pourrait pas rester ainsi sous la pluie, risquant d’attraper son coup de mort. Mélancolie des Saules se dépêcha de trouver un refuge, mais ce qu'elle trouva ne lui plus guère. Ses pattes l'avaient menés à la cabane abandonné, cette même cabane qui l'avait tant effrayé dans son jeune âge et près de laquelle elle avait dû risquer sa vie pendant un entraînement avec Cœur du Temps. La femelle s'arrêta un instant, s'assurant que cette fois aucun chien ne rodait dans les parages, mais l'humidité de la pluie battante couvrait presque entièrement toutes les odeurs. Prenant un risque énorme, elle accourut se réfugier à l'intérieur, mais à peine avait-elle mis les pattes sur le seuil, une masse s'écrasa sur elle, la plaquant férocement au sol. Mélancolie des Saules, paniquée, se mit à tambouriner le ventre de son assaillant avant d'y reconnaître un guerrier du Clan du Tonnerre.

Masque du Trèfle? Mais qu'est-ce qu'il fait ici? Non, c'est pas lui... Son regard est plus clair que celui de ce matou.

La guerrière brune avait raison. Ce félin avait beau ressembler au guerrier bicolore du clan adverse, il n'avait toutefois rien à voir avec ce dernier.

« - Salut. » miaula t-il sur un ton étrangement calme.

La chatte du Clan de la Rivière s'attendait plus à le voir lui feuler au museau. Sur quel genre de matou était-elle encore tombé? À croire que le Clan des Étoiles la protégeait sans cesse en mettant sur son chemin de gentil félin au lieu de brute épaisse.

« - Alors? Peur de se mouiller les pattes avec la pluie mais pas avec la rivière? » ironisa le mâle crème et gris avec moquerie.

Mélancolie des Saules planta ses pattes dans la chair tendre du ventre du félin et le repoussa de toutes ses forces. Celui-ci ne fit que reculer de quelques pas, sans toutefois retenté un assaut. La guerrière brune se releva, adressant un regard désapprobateur au mâle.

« - Sache qu'il y a une différence entre se faire mouiller volontairement et accidentellement. Et puis, je ne souhaite pas mourir à cause de cette pluie. Mais toi, que fais-tu ici, ne sais-tu pas que ces terres appartiennent au Clan de la Rivière? » gronda la femelle en arrondissant le dos, prête à se défendre s'il le fallait.

Le matou osa s'approcher d'elle. N'avait-il pas remarquer son air hostile? Mélancolie des Saules se méfiait, même si elle avait l'habitude de se faire des amis dans les autres clans, les solitaires étaient une toute autre histoire. Son père en était supposément un, mais elle ne l'avait jamais croisé ni assez entendu parler pour savoir de quoi ces félins-là étaient capable. La guerrière fit un pas en arrière, gardant une position facilement mobile pour pourvoir se défendre en cas de besoin. La chatte n’aimait pas que ce solitaire s'approche d'elle comme ça. Elle lui aurait bien mis un coup de griffe au museau si elle avait pu, mais son cœur lui ordonnait de ne pas le faire.

« - Je viens de le remarquer, il y a à peine quelques jours que vous avez récupéré votre territoire ,d'ailleurs au nom de tout les solitaires, je vous remercie. »

La brunette n'y comprenait plus rien. Pourquoi ce félin la remerciait-elle? Avait-il profiter de leur absence pour se graisser la patte dans leur rivière? La chatte se mit plus en rogne, mais alors qu'elle s'apprêtait à lui feuler au visage, le matou était déjà de retour dans son nid. Elle gronda alors à distance.

« - Si tu crois que nous allons vous laissez impuni, toi et tes copains solitaires, tu te trompes! Les voleurs de gibier dans ton genre, ont en fait qu'une bouchée. »

Mélancolie des Saules avait fermé les yeux un bref instant, mais lorsqu'elle les avait ouvert; les yeux bleues sombres du solitaire à une longueur de moustache des siens la fit sursauter.

« - Qu'est-ce que tu me veux à la fin!! Arrête de me fixer comme si j'étais un blaireau ou un renard! » s'écria t-elle énervé par le comportement de ce matou.

Malgré sa colère plus que palpable, le matou gardait un air calme et serein qui ne cessait de la mettre de plus en plus en colère. Mélancolies des Saules eut alors envie de partir, de quitter cette cabane maudite qui lui avait jusque là apporter que des ennuis, tourner le dos à ce mâle et retourné à son clan où elle pourrait surement enfin se détendre sans avoir cette paire de yeux bleue océan fixé sur elle constamment. La guerrière brune marbré de noir fit encore quelques pas en arrière, tentant de se rapprocher de la sortie afin de pouvoir s'éclipser rapidement quand le matou se rapprocha encore d'elle pour lui susurrer presque à l'oreille.

« - Ne t'énerve pas et attendons la fin de la pluie ensemble et sans s'entretuer. À part ça, je ne sais toujours pas comment tu te nommes. »

La chatte se crispa encore plus devant les paroles du solitaire et ne put s'empêcher de lui répondre:

« - En quoi cela te concerne de savoir comment je me nomme!? C'est décidé, je m'en vais! »

Mélancolie des Saules fit demi-tour, tournant le dos au matou bicolore avant de ressortir en courant sous la pluie. Elle préférait se faire mouiller que d'avoir à faire face au avance déplacé de ce matou miteux. Qui sais où cette rencontre aurait pu la mener si elle avait accepter de rester? Nul ne sait et c'est mieux ainsi!

Les oreilles plaqués contre son crâne et les pattes flageolantes sous la pluie, Mélancolie de Saules ne s’arrêtait pas de courir. Elle ne voulait plus avoir à faire avec ce matou, surtout pas seule. C'est pourquoi elle retournait au camp pour en informer son clan. Ce solitaire voleur de gibier ne resterai pas impuni.

« - Désolé! S'il te plaît, reste! Je ne voulais pas t'énerver! »

Ses mots furent presque entièrement couvert par le grésillement de la pluie. À peine perceptible, ils avait tout de monde chatouiller les tympans de la guerrière qui refusait toujours de s'arrêter. Peut-être est-ce une ruse de sa part pour se venger et m'empêcher de le vendre?, pensa la chatte brune en bifurquant au détour d'un arbre. Elle s'approchait de plus en plus de la rivière, celle adjacente au camp quand un éclair blanc crème fendit l'air et vint se planter devant elle: la forçant à s'arrêter en catastrophe.

« - Écoute moi s'il te plaît! Je suis désolé! » s'exclama le solitaire en tentant de garder un ton calme et sincère. « - J'ai essayé de te retenir car tu es la première chatte qui me plaît. »

La brunette ne put s'empêcher de se hérisser le poils qui se soulevai à peine à cause de l'averse. Pour elle, les mots de ce chat n'avait aucun sens. Jamais elle ne pourrait le croire, ni s'abaisser à aimer un être comme lui.

« - Dégage! J'en ai marre de tes stratagèmes! Tu ne réussiras pas à me berner! Je suis plus intelligente que j'en ai l'air! » feula t-elle au bord de lui sauter à la gorge.

Le chat crème lui laissa la voix libre. Ce geste fit hésiter un moment Mélancolie des Saules. Et s'il n'était pas si méchant que ça après tout? La chatte brune marbré de noir secoua la tête faisant mine de s'ébrouer. Non, il ne peut pas être bon. C'est un solitaire. finit-elle par pensé avant de filer à toute allure vers le pont-tronc qui désignait l'entrée du camp. Une bonne nuit de sommeil lui faciliterait la tâche. Elle y réfléchirait longuement avant d'oser remettre une patte dehors...

Mélancolie des Saules n'avait cessé de courir, comme si sa vie en dépendait. Était-elle pourchassé par un renard, un blaireau ou pire un chien? Non. Rien de tout cela. Ce qu'elle craignait c'était que ce misérable solitaire est décidé de la suivre. Elle ne s'arrêta qu'une fois au bord de la rivière, près de l'arbre-pont qui mène au camp de son clan. C'est seulement là, qu'elle reprit son souffle. Elle ne pouvait tout de même pas débouler dans le camp et alerté le clan pour une simple rencontre désagréable. Certes elle ne porte pas ce mâle dans son cœur, pas plus que n'importe quel autre félin, mais il n'était pas assez dangereux pour oser s'attaquer au Clan de la Rivière et puis la guerrière croyais avoir été clair avec lui. La brunette soupira lorsqu'elle posa son regard sur les fougères immobiles. L'odeur du matou avait complètement disparu; il ne l'avait pas suivi, heureusement pour elle. Mélancolie des Saules traversa l'arbre-pont, ses griffes s'accrochant solidement au tronc. Elle pénétra le camp comme si rien de tout ça ne s'était passé, puis elle alla prendre sa part sur le tas de gibier. Elle se choisit un saumon, simplement, comme elle en avait l'habitude depuis sa tendre enfance. Ce poisson au goût relevé la faisait toujours salivé. C'était sa proie favorite. La guerrière vint se placer près de la tanière des guerriers, dévorant sa proie sans grande appétit. Le solitaire occupait encore ses pensées, de façon presque obsessionnel. Elle repensait à son corps musclé, son pelage ressemblant à celui de Masque du Trèfle du Clan du Tonnerre et à ses paroles. Pourquoi lui avait-il avoué sa flamme aussi subitement? La chatte commençait à s'en vouloir. Peut-être était-il inoffensif, au point de devenir ami avec elle? Dégoûtée, Mélancolie des Saules chassa cette pensée en prenant une énorme bouchée dans le saumon juteux. Elle ne voulait plus y penser. La guerrière se leva ensuite pour rejoindre son nid. Elle devait dormir pour se remettre de ses émotions. Comme on dit: la nuit porte conseil.