Vous savez, c'est à cause des histoires comme celle-ci que je suis devenue qui je suis. Ces reines, ces mères indignes qui abandonnent la chair de leur chair dès leur naissance ! C'est répugnant ! C'est ignoble ! N'y a t'il vraiment aucune loi qui interdit ce genre de comportement, d'action ?! Notre code, ce noble code n'est pas si noble que ça finalement ! Au moins, je suis là moi. Reine sans petits avec un cœur remplit d'amour et de tendresse à offrir. Certes, je ne remplacerai jamais leur véritable mère qui a souffert pour les mettre au monde, mais je peux leur offrir bien plus que ce que prévoyaient ces cervelles de poissons. À mes côtés, ils auront une mère et apprendront le sens du mot famille. Ils seront aimés, attendris et chérie comme mes propres petits. Je serai toujours là pour eux, quoi qu'il arrive.

Le soleil se levait à peine à l'extérieur de la pouponnière. J'étais déjà réveillée et j'observais calmement la jeune boule de poils collée contre mon flanc. Son petit museau rose enfoui dans mon pelage blanc, elle dormait encore paisiblement en faisant mime de téter. Je me retenais de ronronner afin de ne pas la réveiller, mais l'envie en devenait presque insupportable. Je me demandais même ce que ça serait d'allaiter car non je n'étais pas en train de le faire. Bien que Boule Marine, nom que je lui avais choisi avec soin, n'était âgée que de deux lunes, la petite avait dû commencer à se nourrir de viande prémâché faute de reine. J'étais la seule à son arrivée au clan, seule reine qui ne pouvait pas allaiter. Au départ, j'étais affreusement déçue, mais maintenant je suis comblée malgré mes lacunes. La petite est en santé, grande et forte. Elle continuera de grandir sous ma supervision et deviendra bientôt une grande guerrière du Clan de la Rivière ! Nul doute là-dessus !

REINES DES NEIGES ♥

BOULE MARINE♥

PARTICIPANT ♥

PARTICIPANT ♥

Fiche de liens (c) Miss Yellow

Je me mis à ronronner, remarquant une faible agitation contre mon flanc. Boule Marine remuait doucement, puis elle ouvrit ses petits yeux bleus aigues-marines qui m'avait grandement inspirée son nom. Elle me regarda de son air innocente tout en baillant à s'en décrocher la mâchoire. Sa petite gueule sombre s'ouvrit, laissant à découvert de minuscules crocs blancs nacrés et une fine langue aussi rose que sa truffe. Boule Marine est toute mignonne à croquer ! Mon doux ronron avait sans doute dû la réveiller. Au moins, ce n'était pas les cris excentriques des plus jeunes apprentis du clan qui s'amusaient à se battre ou à s'entraîner entre-eux. La chatonne s'étira longuement, allongeant ses petites pattes blanches tigrées, puis elle releva les yeux sur moi en piaulant gaiement :

- Bonjour, Reine des Neiges ! Désolé, j'avais eu si peur cette nuit, mais tout va bien !

Bien heureuse de l'entendre, je ronronnai de plus belle. Toute la nuit, Boule Marine s'était agitée dans tout les sens comme si elle souffrait de douleur abdominales, mais je fus soulagée de comprendre qu'il ne s'agissait de terreurs nocturnes. Je miaulais donc pour la rassurer :

- Ça va. Ne t'en fait surtout pas pour moi, j'ai l'habitude que la pouponnière soit bien animé autant de jour que de nuit. Ce n'est pas une petite chatonne au sommeil troublé de cauchemar qui me dérangera au point que je renonce à mon rang de reine.

J'embrassai Boule Marine d'un délicat coup de truffe humide contre l'oreille avant de lui lécher affectueusement le dessus du crâne.

La petite détourna un instant les yeux de sur moi avant de venir se blottir contre mon poitrail blanc. Je sais pour l'avoir connu que quelques jours après sa naissance que ce genre de comportement résulte d'un refus de se laisser aller. Boule Marine avait été abandonné par sa mère et quoi qu'elle puisse tenter pour me le cacher, je savais qu'elle avait grand besoin de pleurer. Je crus même apercevoir des larmes dans ses yeux bleus marins, mais je ne pus confirmer mes croyances car son joli museau noir était enfouie profondément dans mon pelage soyeux de reine. Je frôlai de nouveau son crâne de ma truffe humide, murmurant quelques paroles réconfortantes, quand la chatonne répondit d'une voix étouffée par ma fourrure couleur neige :

- J'en ai marre. Pourquoi je n'ai pas eu une mère comme toi ? Pourquoi moi ? Pourquoi cette naissance, cet abandon de ma saleté de mère ?

Sa petite voix me brisa le cœur. Je comprenais sa peine, son angoisse, ses craintes et ses peurs. Ce n'est pas facile de vivre sans mère. Sans père, ça peut aller, mais sans sa maman, c'est impensable pour un chaton aussi jeune. Boule Marine releva un peu la tête, découvrant ses petits yeux noyés de larmes que je m'empressais à sécher à grand coup de langue en lui disant de ma voix douce entre chacun d'eux :

- Ne sois pas triste Boule Marine. Personne ne peut savoir d'avance ce que l'avenir nous réserve. Tu as peut-être perdu ta vrai mère, celle qui t'a donné naissance, mais si tu le souhaites, tu peux m'appeler maman, ça ne me dérange pas du tout. Tu es un peu comme ma fille après tout, non ? Jamais je ne t'abandonnerai moi. Jamais, tu m'entends.