Je te donne la clef de mon coeur, à toi de savoir comment l'ouvrir...

L'ennui, l'ennui absolu. Étendue sur le dos, les pattes en l'air, je contemplais la voute céleste. Elle était magnifique aujourd'hui, d'un bleu azur infini. Quelques nuages duveteux parsemaient le ciel par si par là, pendant que des multitudes d'oiseaux voletaient au gré des vents. Je n'avais pas la moindre espèce d'idée de quoi faire. Depuis que Etoile Sombre et Nuage de Cristal avaient disparu, je n'arrivais pas à m'occuper. Les larmes me montèrent aux yeux. Comment avaient-ils pu me faire ça ? Sales bipèdes puants ! M'enlever ma meilleure amie et mon mentor ! Pour refouler ma peine et penser à autre chose, je décidai de me lever. En plus de cela, je détestais par dessus tout ne rien faire.  
Je me dirigeai vers la sortie du clan. Par où aller ? Les Landes ? Non j'y allais déjà souvent et c'était trop loin. Les falaises ? Beaucoup trop dangereux, je ne voulais pas mourrir tout de suite... Je sais ! Je me mis en route vers la plaine rocailleuse. Je n'y avais jamais vraiment mis les pattes, exceptée une fois où j'avais fait le tour du territoire avec Etoile Sombre.
Malgré que certains chats le trouvaient austère, je trouvais ce lieu merveilleusement calme et réconfortant. Arrivée parmi les rocs, j'envisageai une pierre plate et montai dessus d'un bond. Le soleil réchauffai ma fourrure et le contact de la pierre brûlante me réconfortai. Une odeur lactée remonta à mon museau. Un doux souvenir vint envahir ma mémoire. La chaleur de ma mère, la douceur de sa fourrure et les doux ronronnement satisfaits de mon frère et moi. Ma mère avait levé la tête pour regarder mon père arriver, deux proies dans la gueule. Un moment en famille, un souvenir si précieux... Je les faisaient revivre par ma pensé et par mon cœur pendant quelques instants. C'était beau, c'était magique !
Avant que je ne puisse continuer à savourer ce moment. Un miaulement joyeux me fit bondir. M'emmêlant les pattes, je tombai de la pierre. Ouch ! Un déchirement se fit entendre. Une douleur fulgurante dans ma patte arrière me fit frissonner de tous mes membres. Je criai de douleur. Des larmes vinrent inonder mes joues. Cela était de trop. Parfois, on doit lâcher prise et se laisser aller. Je gardais toujours tout pour moi mais les nerfs avaient lâchés.
Après quelques instants, je levai la tête vers le malotrus, Nuage du Lac.

Code by Frosty Blue de Never Utopia

Je te donne la clef de mon coeur, à toi de savoir comment l'ouvrir...

Le chat bicolore me regarde en long en large et en travers. Ses yeux se posent sur ma patte sanglante. Loin de s'inquiéter, il me dit :

« Ne t'inquiète pas, ce n'est pas grave, enfin je crois... Je me suis déjà fais plein de fois mal, et ça va, je ne suis pas mort. T'inquiète ça va aller. »

Ne t'inquiète pas, ne t'inquiète pas ! Non je ne m'inquiète pas ! Mais ça fait mal, tu vois... Parfois, ce chat m'exaspérait à un point inimaginable. Loin de m'aider à me relever ou de me proposer son aide, il me lécha la joue. Ce geste, d'habitude tendre et réconfortant, ne fit que renforcer ma colère. C'est moi où il me prend pour la chatonne timide arrivée au clan il y a déjà 9 lunes ?!

« Rentrons... »

Je soufflai d'exaspération. Je n'avais aucune envie de rentrer au camps. J'étais venue pour me vider l'esprit et changer d'air. Et voilà que quelques instants après je devais déjà y retourner. Il en était hors de question ! En plus, ma patte souffrante me faisait tournée de l'œil. Je ne me sentais pas bien. Comme il restait immobile semblable à un chaton découvrant le nouveau monde, j'entrepris de me laver la patte. Je léchai et re-léchai sans cesse la plaie. Un goût métallique m'envahissant la gorge. Je recrachai le sang et répétai l'opération. Enfin propre, une blessure assez profonde apparue. La vue de celle-ci ne m'émoustillait pas le moins du monde, cependant, ce n'était pas beau à voir. La silhouette à côté de moi gigota, mal à l'aise. En respirant profondément pour reprendre mon calme, je lui dis :

« Je suis désolée Lac mais je ne veux pas rentrer, pas maintenant ! De toute façon, ma patte me fait souffrir et marcher me ferait trop mal. Je crois qu'il faudrait trouver une toile d'araignée pour arrêter l'hémorragie. »

Les derniers mots étaient secs et précis. En découvrant la mine déconfite du jeune mâle, je regrettai mes paroles sèches. Après tout, il veut juste me rassurer et il est un peu timide... Pour m'excuser, je pris mon mal en patience et je m'avançai vers lui, boitante. Je souris et lui léchai gentiment le poitrail. Le bleu océan de ses yeux était magnifique...

HRP:

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