Mélancolie des Saules se sentit basculer dans le vide. Son corps frappa une espèce d'onde glacée qui lui rappela la surface miroitante de la rivière dans laquelle son clan avait l'habitude de pêcher. Cette même rivière où elle avait partagé ses derniers instants avec quelques uns des êtres chers sans même se douter de ce qui l'attendait. Le froid glacial envahit tout son corps, tel la brise d'une nuit hivernale s'infiltrant entre les branches et les feuilles des tanières. La femelle était incapable d'ouvrir les yeux, trop lourd de sommeil. Même la peur de chuter à l'infini sans jamais s'arrêter en touchant le fond n'était pas assez forte pour la convaincre de soulever ses paupières alourdies. Elle semblait vouloir encore échapper à ses erreurs, même en cet autre monde. Mélancolie des Saules savait ce qui lui arrivait. Elle savait que c'était la fin, que sa vie ne tenait plus à un fil, car celui-ci c'était brisé avec tout ses rêves et ses espoirs de revoir son beau Souffle des Tornades et fonder une famille. Que deviendrait le guerrier blanc ? Elle l'ignorait. Avait-elle donné naissance à ses chatons, au moins un ? Elle ne le savait pas. Au fond de son cœur, elle s'en voulait plus que tout d'avoir caché sa situation à son clan. Sa sœur et ses amis auraient peut-être put l'aider, mais non ; idiote comme elle est, la guerrière avait préféré se taire et en subir les conséquences de ses actes seule. Conséquence qui avait été désastreuse. Le Clan des Étoiles avait surement voulu la punir d'une punition équitable à son geste et la mort était parfaite. Mélancolie des Saules sentit son corps engourdie reprendre peu à peu ses sensations, mais comme on dit ; lorsque l'on passe dans l'au-delà, notre corps devient aussi léger qu'une plume. C'est exactement ce qu'elle avait l'impression à ce moment. La femelle ouvrit enfin les yeux, découvrant une colline sombre éclairée par de puissant rayon argenté comparable à ceux du soleil en été. La nature avait perdu son éclat, sa splendeur, ses couleurs, laissant l'ancienne guerrière du Clan de la Rivière dans un monde froid et étranger de teintes de noir, gris et blanc. Soudain, une voix l'appela ou plutôt s'adressa directement à elle, suivit de plusieurs écho de dizaine de millier d'autre voix. Mélancolie des Saules réussi à reconnaître entre toutes celles de sa mère ; Pelage de Sardine et son frère ; Plume Sombre, mais seul l'image d'une femelle inconnue s'insinua dans son esprit. Un bref instant, elle réussi même à voir sa pelisse rousse tigré et blanche ainsi que ses yeux aigues-marines.

« - Bienvenue... » miaula la rouquine en frémissant des moustaches pour débarrasser ses vibrisses d'une fine couche de poussière d'étoiles qui déferlait tel de fine gouttelette de rosée.