Emergeant de son nid douillet, Règne de la Mygale senti comme une légère tension dans l'air. Et elle ne passe pas inaperçue..., songea-t-elle quand elle plongea son regard dans ceux des autres guerriers. Contrairement à ceux qui ne pensaient qu'à chasser ou entraîner leur novices, la noiraude, elle, menait son enquête. Elle avait repéré un sentiment bien spécifique : la peur. Sans trop savoir ni comment ni pourquoi, la guerrière posa immédiatement ses yeux sur la pouponnière, puis fit quelques pas dans cette neige qui faisait ressortir son corps de jais tout entier. Lorsqu'elle pénétra dans l'enceinte des reines, Pétale Bleu vint immédiatement à sa rencontre, lui expliquant, les larmes aux yeux et la voix secouée de sanglots, que ses enfants, Petite Aloès et Petit Eucalyptus avait disparus. Prise d'une étrange sensation, quasi-maternelle, la noiraude assura à la reine qu'elle les lui ramènerait.  

Règne de la Mygale était, certes, partie tôt, mais la visibilité réduite et le danger qu'offrait leur territoire enneigé la ralentissait. Elle releva la tête, faisant face aux morsures du froid qui lui brûlait les poumons quand elle respirait l'air gelé, elle fronça les sourcils. Elle était sûre que les deux disparus avaient trouvé refuge, quelque part, et qu'ils étaient encore en vie. Luttant contre le vent violent, la longue femelle essayait tant bien que mal de trouver ne serait-ce qu'une infime trace du passage d'un membre de son Clan. Sa recherche fut fructueuse, seulement, un seul félin était passé par ici récemment, et quand elle leva les yeux, ce fut pour voir une cabane isolée. Si elle n'avait eut cet odorat, Règne de la Mygale aurait peiné à se localisé sur son propre territoire, mais... Elle sut directement qu'elle se trouvait en face du Charnier. Prise de panique qu'un chaton se soit camouflé dans cet endroit, elle se pressa à la porte qu'elle trouva entrouverte, laissant suffisamment de place à un petit pour s'y faufiler. Regardant une dernière fois aux alentours, la noiraude poussa la porte de plus bel, jusqu'à pouvoir y entrer elle aussi, puis elle se retrouva dans le noir complet.

Ressemblant quasiment à un chat noir et blanc, la femelle du Clan de l'Ombre secoua son pelage pour retrouver sa fourrure de jais qu'elle aimait tant, puis analysa les lieux : une odeur putride, certes, mais aucune trace d'un éventuel ennemi ou prédateur. Elle sonda également l'odeur d'un chaton, qui faisait bien parti de sa tribu. Joyeuse de l'avoir retrouvé, elle fit cependant attention au sol fait maintenant de bois pourri, puis entreprit de suivre l'odeur du chaton. En effet, elle le trouva, endormi en boule sur un reste de toile multicolore, surement utilisées par ces Bipèdes de malheur. Non. Décidément, il n'y a personne... Rassurée, elle s'assit derrière Petit Eucalyptus, puis regarda par la fenêtre recouverte de givre, constatant qu'une véritable tempête faisait rage. Je vais passer la nuit ici. De toute façons, Petit Eucalyptus ne résisterait surement pas à ce froid glacial, pas une seconde fois. pensa-t-elle en regardant le chaton dormir paisiblement. Nous partirons dès que cette fureur gelée se sera calmée. Elle s'allongea, puis plongea presque immédiatement dans un sommeil profond.