Si vous aimez la vie ;
elle vous aimera en retour.

Petit Eucalyptus dormait paisiblement auprès de sa mère dans la pouponnière. Cela faisait déjà quelques jours qu'il était miraculeusement revenu au camp après près d'une lune d'absence et cela sans aucune blessure grave, ni même une seule égratignure. La veille, après un bon moment de repos bien mérité, le petit mâle écaille avait eu la chance de faire l'incroyable connaissance des nouveaux chatons du Clan de l'Ombre : les petits de Étoile de Lune et Vent du Sahara. Petit Firmament est impressionnant ! Bien qu'il soit plus jeune que Petit Eucalyptus, il mesure presque la même taille que lui. Et que dire de Petite Aube ! Elle est si gentille que l'on doit faire attention à ce que l'on dit pour ne pas la blesser. Mais Petit Été... Petit Été... tout simplement parfaite ! À peine un regard et Petit Eucalyptus était déjà tombé sous ses charmes remarquables. Il rêvait justement d'elle quand un poids s'écrasait contre son flanc en le pressant de se lever. En ouvrant les yeux, il fut un peu déçu d'y trouver Petite Aube, mais ne laissait rien transparaître dans son expression facial.

« - Tu viens jouer ? » demandait la petite rouquine à voix basse.

« - Oh oui, avec plaisir ! » ronronnait le petit mâle en s'étirant.
« - On joue à quoi ? » miaulait-il en la suivant à l'extérieur.

Si vous aimez la vie ;
elle vous aimera en retour.

Petit Eucalyptus n'aimait pas l'idée de Petite Aube. Jouer les envahisseurs ne lui plaisait guère. Certes, ce jeu est le préféré de tous les chatons du clan, mais pas lui. Chaque fois qu'il jouait, il se retrouvait toujours du côté des ennemis et commençait sérieusement à en avoir marre. Un peu de changement ne lui ferait pas de mal, au contraire, il pourrait peut-être apprendre quelque chose de nouveau à son amie ; un nouveau jeu par exemple, mais avant toute chose, il devait témoigner son inconfort verbalement :

« - Ah non, pas encore ! Pourquoi ce n'est pas toi qui joue le Clan du Tonnerre, hein ? Moi j'en ai plus qu'assez de prendre les coups. » se plaignit Petit Eucalyptus.

Il est vrai que depuis sa naissance le petit n'avait pas eu une vie facile. Son père lui était inconnu, sa sœur les avait quitté, sa mère ne s'occupait plus de lui et voilà que maintenant les autres chatons le prenaient comme une vieille souris juste bonne à bousculer, mordre et griffer. Petit Eucalyptus ne voulait pas leur faire subir le même sort, loin de là, tout ce qu'il rêvait c'est d'enfin pouvoir jouer et s'amuser avec ses camarades sans devoir constamment rendre visite à leur guérisseuse pour des égratignures bénîmes.