Vent du Sahara passa ses journées hors du camp. La disparition de Patte d'Edelweiss et son impuissance pour la retrouver en plus du fait sur Chant du Matin fut lui aussi porté disparu l'exaspérait. Il les cherchait désespérément sur son terrioire, chaque jour. Il avait l'espoir qu'un jour ils reviendraient près des frontières, sain et sauf. Mais il rêvait. Il rêvait trop. Après tant de temps, ils seraient morts. Mais il fallait que la plus petite étincelle d'espoir qu'il lui restait ne parte pas pour le bien de Reine des Neiges. Il l'aimait, ne voulait pas la recevoir. Il lui avait fait une promesse et la tiendrait. Ses journées consistaient donc a faire des recherches. La nuit, il ne dormait pratiquement pas, sortait encore.

Le rouquin se réveilla en sursaut. Sa conscience venait de parler de lui comme si c'était un chat du Clan des Étoiles qui racontait cette histoire. Il était dans l'antre des guerriers, une patte venait de l'appuyer sur le flanc. Ouvrant les yeux avec difficultés, il s'étira brièvement. Cherchant Chant du Matin dans la tanière, ayant peur que ce qui avait été fit soit vrai, il constata que le mâle était bien présent et donc que c'était un réel rêve. Mais est-ce comme cela qu'il aurait réagit face à une telle disparition ? Le mâle sortit du gîte. Le ciel était d'un bleu azuré majestueux tout comme le soleil. L'astre flamboyant était levé depuis peau et éclairait avec faiblesse le camp, tandis que le guerrier s'avançait vers les chasseurs. Son rêve repassa dans sa tête et il ne pût s'empêcher d'aller voir la petite boule de poils blanche dans la pouponnière. Elle dormait paisiblement tout contre Petit Narcisse et Petite Dryade. Le chat roux sourit, et repartit vers les patrouilleurs. Le lieutenant lui offra un groupe de chats pour aller chasser.

En ces moments de chaleur atroce, peu sortaient. Brave et courageux, Vent du Sahara se proposait tout le temps, prêt à tout pour son clan. Il ne ramenait peut-être pas beaucoup, mais le matin, alors qu'il y avait un petit peu de vent pour le soulager de la chaleur, il n'hésitait pas à sortir pour ramener pourquoi pas une ou deux proies.
Il emmena donc les guerriers et apprentis sur le territoire. Il demanda à tout le monde de se séparer avec son apprenti. Seul lui n'en avait pas. À pas furtifs, il marchait dans un périmètre près de la rivière. Émergeant d'un buisson, il repéra un corps sans vie, sûrement plus proche de la mort que de la vie. Il se précipita vers l'animal. Il eût le réflexe de prendre son pou qui se révélait faible. Il pris le cou du jeune mâle entre les crocs, le tirant vers la rivière. Il éclaboussa le chat qui ne réagit pas.
Des paroles, puis des bruissements stoppèrent net Vent su Sahara. Il repéra l'odeur de Poisson du Nil et de Esprit des Songes.

« Esprit des Songes ! Poisson du Nil ! J'ai besoin de vous ! hurla-t-il pour qu'ils puissent l'entendre. »

Le rouquin lécha le front du petit. Il avait l'impression que c'était comme sa fille. Il s'allongea près d'elle comme si c'était un chat qu'il connaissait depuis longtemps, or il venait juste de la rencontrer. Il essayait tant bien que mal de l'hydrater, le temps que le guérisseur arrive.

|| HRP : Désolé du Retard ! ||

Comme il est bon de sentir à nouveau les rayons chauds du soleil contre ma fourrure, la terre et l'herbe fraichement poussée sous mes pattes au lieu d'une couche de neige froide et humide. Il y a longtemps que j'attendais ce moment avec impatience. Très longtemps même. J'étais désormais de retour chez moi, à la maison, au Clan de la Rivière, là où tout avait commencer ; là où j'étais né. Même si je n'étais plus un guerrier, je pouvais servir mon clan autrement. Heureusement que Étoile de Nénuphar m'avait nommé en tant que nouveau guérisseur de notre clan. J'étais plutôt fier d'occuper ce rôle, même si je ne connais que très peu de plante, mais je suis persuadé que la connaissance me viendra avec le temps et l'expérience, sinon je ne suis pas mieux que mort. Un lourd poids pèse désormais sur mes épaules ; celui de la vie ou la mort de mes camarades de clan. Je ne pouvais donc pas faire d'erreur. Une seule et je pouvais facilement enfreindre le Code du Guerrier ou même la volonté de nos ancêtres. J'espère ô Clan des Étoiles que vous continuerez de guider mes pattes en ce monde, autant pour suivre ma nouvelle voie que pour choisir les bons remèdes. Je ne souhaite pas avoir la mort de nombreux chats sur la conscience une seconde fois. Je mérites mieux à présent après avoir survécu à l'enfer de ma vie, vous ne trouvez pas ?

J'étais occupé à prier nos ancêtres près de ma nouvelle tanière en adoptant à chaque phrase une nouvelle position. Mes muscles me faisaient toujours mal, mes pattes étaient raides et mes nombreuses cicatrices me piquaient dû à la chaleur cuisante du soleil de la saison des feuilles nouvelles. Je devrais surement sortir aujourd'hui pour aller cueillir quelques plants de mille-feuille afin de m'en faire un onguent à appliquer sur ma peau sèche. Je pensais justement au félin qui pourrait m'accompagner dans ma quête lorsque Esprit des Songes s'arrêta près de moi, la mine égayée. Le nouveau lieutenant, et mon ancien apprenti, me proposa alors de l'accompagné pour une petite promenade en forêt. Il en profiterait pour me faire visiter les nouvelles frontières car elles avaient dû changer depuis, puis nous irons chercher mes plantes avant de revenir au camp. J'acceptai donc sa proposition et ensemble, comme au bon vieux temps, nous quittâmes le camp en direction de la rivière.

À peine nous longions le courant argenté, une voix masculine nous interpella. Esprit des Songes sembla surprit, mais pas autant que moi. Le lieutenant affirma qu'il s'agissait d'un certain Vent du Sahara dont son visage m'était encore inconnu, mais en arrivant à sa hauteur, de peine et de misère pour ma part, son pelage doré me dit vaguement quelque chose. Je devais déjà l'avoir croisé au sein du clan, alors c'était tout à fait normal.

« - Poisson du Nil ! Je crois que tu devrais venir voir cela. » miaula le guerrier ardoise en tournant son regard argenté dans ma direction, vite imité de son camarade au pelage doré.

En m'approchant des deux matous, je remarquais entre eux deux un jeune félin tigré étendu sur le sol en très piteuse état. À première vue, il ne semblait pas blessé car il n'y avait aucune trace de sang, mais son pelage trempé m'alerta. Était-il tombé dans la rivière et ce Vent du Sahara l'avait repêché ? Je me penchais donc au-dessus de la jeune novice car oui, c'était une femelle, puis je collais l'une de mes oreilles en charpie contre son petit corps humide. Par le Clan des Étoiles, elle respire encore ! Pas parfaitement, mais elle respire. Au moins c'est un début. Ensuite, son souffle rauque m'avertissait que soit elle avait avalé trop d'eau soit pas assez, alors pour en être sûr, je touchai sa truffe rêche de la mienne.

« - Déshydratation. » conclus-je en relevant le museau. « - Elle a besoin d'eau. » dis-je en croisant le regard de mon ancien apprenti.

« - Mais Poisson du Nil, elle est trempée de la tête aux pattes. » répliquait-il.

« - Certes Esprit des Songes, mais notre fourrure et notre peau n'agissent pas comme les plantes, elles n'absorbent pas l'eau afin de la transmettre à notre organisme, alors arrête de trainer et va vite me chercher quelques gouttes d'eau avec ... euh ... la mousse qu'il y a là-bas, sous cet arbre, avant qu'elle ne meurt de soif par ta faute. » ordonnais-je sur un ton ferme et autoritaire.

Ce n'était vraiment pas le moment de courir après sa queue comme un furet. Le temps nous était compté. Pendant que le lieutenant se rendait à l'arbre pour la mousse, puis à la rivière pour l'imbiber d'une eau pure et limpide, je posais doucement ma queue sur l'épaule du guerrier doré en tentant de le rassurer. La novice allait s'en sortir, du moins, je l'espérais. Ô Clan des Étoiles, faites que j'ai raison.

Vent du Sahara ne savait que faire en présence d'un chat aussi proche de la mort. L'eau qu'il lui avait fourni ne lui avait pas servit à grand chose puisqu'elle ne c'était pas réveillée. En effet, le matou avait bien comprit que c'était une femelle et avait enfin remarqué qu'à sa carrure, elle n'était pas plus grande qu'un jeune apprenti, venant de recevoir son nouveau nom. Elle était si faible, la pauvre. Le vent autour du mâle roux faisait virevolter les poils de la femelle tandis que les siens s'ébourrifaient. Mais il n'y réagit pas, cherchant seulement à aider cette petite qui avait pour l'instant besoin d'une présence mais aussi d'un guérisseur.
Enfin, Poisson du Nil et Esprit des Songes apparurent assez rapidement. Vent du Sahara s'écarta alors quand le guérisseur déposa son oreille tout contre le petit corps humide de la femelle. Suite à cela, il toucha sa truffe et conclut rapidement une déshydratation. Alors que le lieutenant suite à une réplique, partait chercher de la mousse avant de revenir vers la rivière pour imbiber ce quil tenait dans la gueule d'eau, le soigneur passa gentiment sa queue sur les épaules du rouquin comme pour le rassurer. Ce dernier lui lança un regard désespéré mais dans les yeux de son nouvel ami se lisait un espoir inépuisable, et ce sentiment fut transmit au mâle couché, qui se disait qu'elle pouvait survivre.

C'est alors que la situation bascula. Non, elle n'était pas morte, elle respirait encore bien entendu comme nous avait fait croire le soigneur. Le cas de la féline ne s'aggravait pas, mais s'améliorait. Vent du Sahara sentit la patte de la novice tremblotter contre son pelage. Son coussinet venait de se poser contre le cœur du guerrier. Ce dernier avait reçu quelque chose de fort, quelque chose qui remontait dans ses souvenirs émouvants, quand il vivait encore dans le Clan de l'Ombre et que ses petits avaient fait la même chose. Ce contact qui ressemble à celui d'un lien paternel. Il sentait comme si c'était sa fille, et désormais, il avait envie d'y croire. Réellement. Tournant vivement sa tête vers ses camarades, il pressa Esprit des Songes pour qu'il lui donne la mousse.

« Poisson du Nil ! Elle a bougé ! Esprit des Songes, dépêche-toi, ramène-moi la mousse pleine d'eau ! »

La joie se lisait presque sur l'expression que portait le combattant sur son visage. La bonne humeur sembalit remonter et l'espoir pétillait dans ses yeux, tandis qu'il se précipitait pour prendre la mousse et la donnée à boire à la petite femelle. Après cela, il lui secoua un peu la tête, et lui lança de l'eau sur les yeux. Il fallait qu'elle se réveille, elle le pouvait !

Soudain, Vent du Sahara se releva presque d'un bond. Je ne doute pas que si il en aurait eu la force, le courage et la capacité, il aurait bondit jusque dans les cieux, au sein des étoiles pour rammener l'âme de la jeune apprentie parmi les vivants. Sa détermination était tellement prenante que j'eu peine à le croire quand il se mit à scander à voix haute, en criant même, que Nuage de Flocon avait bougé. Il avait surement rêvé ce geste dû à la chaleur, à l'angoisse et la peur qu'il éprouvait pour la survie de la femelle, mais lorsque la novice se mit à remuer sous mes yeux comme par miracle, je ne pouvais plus douter de sa parole. J'avais la preuve directement sous mes yeux. Je la voyais respirer, se mouver et reprendre peu à peu conscience de mes yeux vus. Tel un rêve irréel.

« - Poisson du Nil, elle a bougé ! » s'exclamait Vent du Sahara tout excité, la queue remuant presque comme celle d'un chien.

« - Oui, j'ai vu. » me contentais-je simplement de dire car le guerrier doré poursuivait déjà sur sa lancé.

« - Esprit des Songes, dépêche-toi ! Ramène-moi la mousse pleine d'eau ! » s'écriait-il à l'intention de mon ancien apprenti qui se précipita immédiatement à la rivière, la mousse dans la gueule, puis revint avec celle-ci imbibé d'eau fraîche.

Vent du Sahara lui arracha pratiquement d'un coup de dent avant de venir la presser sauvagement contre le petit visage de la jeune chatte. Il lui en mettait partout. Sur la tête, les yeux, le nez, la bouche. Je devais l'arrêter. C'était mon devoir en tant que guérisseur de son clan de lui faire cesser, voir et corriger son erreur, mais Esprit des Songes me devança rapidement.

« - Vent du Sahara, calme toi et laisse la tranquille. Ce n'est pas un jouet. » le gronda le guerrier ardoise.

« - Esprit des Songes a parfaitement raison. Tu risques fortement de la blesser davantage si tu continues de la brusquer ainsi et je crains de ne pouvoir rien faire pour elle si tu lui casse une vertèbre au niveau du cou. Rien ne sert de la secouer comme une vulgaire souris, elle ouvriera les yeux le bon moment venu. » expliquais-je au guerrier doré qui déposa l'apprentie devant ses pattes musclées en s'excusant piètrement.

Au moins, il avait compris cela.