Nuage de Romarin s'était levé tôt ce matin. Il voulait profiter de sa journée. À son réveil, le jeune apprenti était allé manger quelque chose, seul. Il avait réfléchi. Cela faisait deux lunes qu'il était novice. Il fallait encore beaucoup d'entraînements avant qu'il devienne guerrier. Ses rêves de devenir lieutenant puis chef ne pourraient se réaliser que dans un long moment. Pour l'instant, il fallait qu'il se concentre sur son entraînement. C'était le seul moyen de devenir le meilleur. Rêver, c'était bien. Mais pour réaliser ses rêves, il faut agir. La chance ne peut rien faire pour cela. Pour devenir meneur d'un Clan, il fallait de l'expérience, pas de la chance. Après avoir fini son repas, le novice gris avait rejoins son mentor qui discutait avec un autre chat. Son ainé de ne pourrait pas l'entraîner. Le temps n'était pas assez bon pour cela. Ça ferait une journée de repos à l'apprenti. Nuage de Romarin, déçu, avait donc trainé des pattes jusqu'à son antre. La seule chose à faire était de dormir. C'était la meilleure technique pour se reposer. Pourtant, le matou n'avait pas réussi à plonger de nouveau dans le sommeil. Aujourd'hui, il avait envie de courir, de chasser, de bouger. Sans aucune autorisation, Nuage de Romarin avait donc quitté le camp. Arrivé à la Lande, le jeune chat ferma les yeux. Il aimait la nature. Le vent faisait frémir ses petites moustaches mais ses pattes étaient mouillées. Hier, il avait plu et l'apprenti détestait avoir le pelage mouillé ou même les pattes trempées. Agacé, le novice gris décida de rentrer au camp. C'est à ce moment qu'il sentit l'odeur juteuse d'un lapin. Il devait l'attraper. Se concentrant un maximum malgré ses pattes trempées, le félin observa le rongeur. Il était bien dodu. Parfait. Le petit chat se mit à courir à sa poursuite. Malheureusement, il le perdit de vu. Nuage de Romarin s'ébroua et regarda autour de lui. Il ne savait pas où il était. Pourtant, il sentait une odeur. Le novice finit par apercevoir une cabane. Un corps plein de cicatrices, endormi ou mort, était allongé dedans. En s'approchant, Nuage de Romarin fut soulagé. Ce n'était pas un bipède, c'était un chat. Se demanda ce qu'il faisait là, l'apprenti au poitrail blanc huma l'air. Ça ne sentait pas le mort, mais Nuage de Romarin n'était pas convaincu. Une fois à la hauteur du chat, il lui tapota un peu l'épaule avec sa patte mouillée pour voir s'il était en vie. Le corps sursauta et observa l'apprenti. Nuage de Romarin s'éloigna de quelques pas et miaula en tremblant :

- Je... Je suis désolé, je croyais que tu étais mort vu tes nombreuses blessures... Je ne voulais pas te réveiller...

Le novice baissa la tête pour s'excuser puis s'apprêta à partir. Mais à peine avait-il fait quelques pas vers la lande, que l'autre félin l'interpella.

Nuage de Romarin avait eut très peur. Ce chat était blessé, pas mort. Mais quand même, son image resterait gravée dans les mémoires du jeune apprenti. En partant, le félin gris se demanda ce qu'il faisait là, seul, avec de nombreuses cicatrices. Peut-être que quelqu'un l'avait attaqué ? Peut-être par un chat de clan. Nuage de Romarin savait que ce n'était pas un félin comme les autres. Le grand chat blessé ne faisait pas partie d'un clan. Ni le Clan du Tonnerre, ni le Clan de l'Ombre, ni le Clan de la Rivière. Il ne sentait pas le poisson ou cette odeur immonde des ombreux et du tonnerre. C'était soit un solitaire, soit un chat domestique. Nuage de Romarin n'avait jamais vu ces bêtes. Il n'avait connu que les chats de clan. Mais jamais ça. En même temps, ils n'étaient pas très différents. Ils étaient tout aussi agressifs. La seule différence, c'est qu'ils vivaient seul ou avec leurs bipèdes. Nuage de Romarin n'aimait ni les chats domestiques, ni les solitaires. Ceux qui vivaient avec les bipèdes, ce n'était pas une vie. Ils dormaient toute la journée et on leur donnait à manger. Ils se laissaient vivre. Et puis, les solitaires, ils chassaient sur les territoires des clans, et ça, Nuage de Romarin n'aimait pas du tout ! Alors que le petit chat trottinait vers la lande, le chat blessé lui parla :

- Premièrement, mon petit, tu aurais dû t'assurer que j'étais vivant, que je respirais, avant de me réveiller brutalement. Deuxièmement, je suis une femelle si tu ne l'as pas remarqué. Oh, je m'envie aussi impoli que toi, tu dois être contagieux. Mon nom est Sauvage, quel est le tien ?

L'apprenti tigré se retourna et s'avança, honteux, vers la blessée. Après l'avoir rabaissé, celle-ci se lécha. A présent, elle avait plein de sang autour de la gueule. Nuage de Romarin se dit qu'il n'était pas à sa place. Il voulait retourner au camp, s'entraîner ou même s'occuper des anciens. Mais pas rester ici, avec une inconnue. Le jeune chat la vit soudain ronronner. Étonné et méfiant, il la regarda sans oser fixer ses blessures. Sauvage portait bien son nom. Elle avait vraiment l'air méchante et agressive. L'apprenti aimerait tellement que sa mère soit là pour le protéger. Mais il n'y avait personne. Orage d'Or le surveillait sûrement du ciel, alors il fallait qu'il soit fort. Prenant son courage à deux pattes, le jeune félin miaula à l'attention de la chatte :

- Enchanté, Sauvage ! Moi, je me nomme Nuage de Romarin et je suis un chat de clan !

Le petit se força à lever la tête, même s'il était mort de peur. Heureusement, il sentait la présence de sa maman. Depuis sa naissance, elle l'avait toujours protégé. Alors ça n'allait pas changer maintenant.

Nuage de Romarin observa les différentes blessures de la chatte. Elle devait vraiment avoir mal. Le novice gris se demanda ce que faisait la mort. Quelle sensation avait-on ? Le jeune matou remarqua que Sauvage souffrait. Il ne savait que faire pour l'aider. Le petit chat était un apprenti-guerrier, pas un apprenti-guérisseur. Il bougeait la queue, mal à l'aise. Peut-être qu'elle allait mourir devant lui ? Sans qu'il ne l'ait aidé ? Le novice gris voulut dire quelque chose, mais aucun son ne sortit de sa gueule. Le jeune félin soupira et plongea les yeux dans ceux de la solitaire. Celle-ci venait de lui demander s'il connaissait des plantes médicinales. Nuage de Romarin essaya de réfléchir eux différents remèdes. Il ne connaissait que les graines de pavot et les toiles d'araignée. Il fallait emmener cette féline a camp pour qu'on puisse la guérir. Mais le petit chat ne pensait pas qu'elle accepterait. Il tenta quand même :

- Moi, pas beaucoup, mais il y a bien un chat qui pourrait te soigner...

L'apprenti regarda un bref instant la chatte avant de sourire légèrement. Il agita les oreilles et ne risqua pas un coup d'œil sur les nombreuses blessures.