Coeur Blanc était couché, couché dans le camp, à l'entrée de la tanière des guerriers. Il écoutait les deux trois derniers oiseaux de la saison gazouillaient joyeusement. Les voix dans sa tête était presque inaudibles, pour le moment du moins. Il n'avait pas toujours était comme ça, avant ses traumatisme il n'y avait personne dans sa tête pour le tenter à faire des choses dangereuses. Tout ceci était apparu après la mort de ses parents, du moins s'était assez ténu. Les petits chats bavards dans sa tête étaient devenus plus présents à la mort de sa compagne, une chatte du clan de la rivière.
Alors qu'une jeune minette du clan passa à ses côtés pour rentrer dans la tanière, une voix murmura :

Vas-y, attaque là! Allez! Elle te veut du mal, elle se retournera contre toi!

Il secoua la tête agacé. Il avait l'habitude des mensonges éhontés que miaulait ses chats mentaux. Il ne fit rien de ce qu'elles lui demandaient, il décida par contre de se lever mais pour un tout autre problème. Il venait de s'apercevoir qu'il avait faim, oublier sa faim? C'était quand même grave non? Lorsqu'il s'approcha du tas de nourriture il n'y vit que deux trois crapauds ainsi qu'une dizaine de bébés lézards, autant dire qu'il n'irait pas loin, il prit quand même un des amphibiens et le mangea rapidement avant de se diriger vers la sortie du camp. Il se dirigeait vers le noisetier espérant y trouver un peu de gibier. Soudain sa tête se mis à tourner, les voix étaient plus fortes. Il se sentait partir. Il se tortilla maladroitement, heureusement que personne ne pouvait le voir.

Endors-toi. Ce sera mieux pour toi. A quoi bon aller chasser pour ces traitres!

Il se coucha, il avait beaucoup trop de vertiges pour rester debout et attendre que ça passe. Mais avant de fermer les yeux il décida de se dissimuler sous des bosquets de ronces qui n'était qu'à quelques mètres de lui, puis il ferma ces paupières.

...

La première chose qu'il vit fut de la pierre noire, la puanteur était insoutenable. Un grondement monté peu à peu. Que se passait-il? Que faisait-il ici et d'ailleurs où était-il?! Ses démons intérieurs ne criaient plus, enfin ils murmuraient des choses inaudibles donc autant dire qu'il était en parfaite forme comparé à d'habitude. Il bougea la tête, se redressa péniblement et vit le chemin du tonnerre. Un monstre d'acier passa à toute allure lui vrillant les tympans. Fichtre bipèdes! Le guerrier s'éloigna à reculons de l'asphalte noire, se retourna et les vits. Dans les buissons deux yeux rouges sangs l'observaient. Lumière de Sang avait tout vu.

Les oiseaux avaient encore le courage de chanter en cette journée peu chaude, mais pas non plus froide. Je sentais la saison des feuilles mortes arriver à toute vitesse... Certes les feuilles tricolores sont assez belles, mais pour ce qui en est du gibier... C'est un peu moins beau.
Malgré mes membres encore engourdis d'une longue nuit - pour une fois - je me dirigeai vers la pile de gibier prendre un petit lézard... Pas de quoi remplir mon estomac, mais au moins pour casser la faim qui menaçait de faire gargouiller mon ventre. Après avoir "dégusté" ce léger repas, je me dépêchai de faire au mieux les patrouilles et en rejoins une pour la matinée.

Le soleil arrivait à son zénith lorsque ma patrouille rentra au camp. La chasse avait été bonne pour une fin d'été, néanmoins, l'envie insupportable de retourner en forêt me prit et je sortis rapidement du campement par l'habituel et éternel tunnel de ronces. Je marchai rapidement, me rapprochant plus du trottinement que de la marche. Je déambulait dans la pinède sans vraiment regarder où j'allais, je préférais laisser mes pattes me guider. Mais je ne sais pas si j'aurais dû.

Sans m'en rendre compte, je m'étais rapidement rapprochée du chemin du tonnerre, qui empestait pourtant à 2km à la ronde... Mais ce qui j'y vis me pétrifia. Un guerrier, Cœur Blanc, était là, à côté du chemin du tonnerre, s'en éloignant rapidement en voyant et entendant - et sûrement sentant - un monstre arriver. Je dus m'empêcher de vomir à cette horrible odeur... Mais, il est suicidaire ou quoi? Je passai au dessus des buissons et m'approchai du guerrier blanc qui n'était pas passé loin de la mort...

« – Q-qu'est-ce qui t'as pris?! Pourquoi étais-tu à côté du chemin du tonnerre? »

Je tournai un tour autour de lui afin de voir si il n'était pas blessé, puis pu enfin soupirer de soulagement. Ce n'était pas tous les jours qu'on voyait un guerrier à 2 griffes de la pierre puante et noire.
Je m'éloignai de cette endroit de quelques mètres en lui faisant signe de la queue de me suivre, car honnêtement, sentir cette odeur encore quelques minutes allait me tuer si je ne m'éloignais pas...

La lieutenante sortit des fourrés et se précipita aux côtés de Coeur Blanc. Elle avait l'air paniqué (ce qui est un peu normal). Ses yeux furetaient de partout, sur le qui vive. Elle bégaya quelques mots :

"Q-qu'est-ce qui t'as pris?! Pourquoi étais-tu à côté du chemin du tonnerre?"

 Bonne question! Qu'était venu faire son corps, son inconscient ici? Il n'y avait rien d'intéressant et à ce qu'il sache ses voix ne le poussaient pas encore au suicide! Puis une autre question lui vient en tête. Comment expliquer à Lumière de Sang qu'il avait des pertes de connaissance? Il pouvait lui faire confiance, il en était quasi sûr mais seul son chef était au courant. Il n'avait pas envie qu'on le prenne pour un fou! Ou pour un infirme... Mais peut-être Etoile de Feu-Follet avait déjà informé la lieutenante des "absences" du félin blanc. Mais alors pourquoi paraisse t'elle si étonnée? Il se rendit compte qu'elle lui tournait autour, scrutant son pelage blanc neige cherchant des traces d'une quelconque blessure. Il haussa les épaules comme si cela lui importait peu mais elle ne vit pas son mouvement. Au contraire elle s'éloigna faisant un signe de queue pour lui dire de la suivre. Il la rejoignit à l'abri des ronces, à l'écart du chemin du tonnerre puant.

 Elle le fixa pendant plusieurs minutes, elle attendait une réponse, mais que lui dire? Il essaya de ne pas détourner le regard, de "l'affronter", hors de question de passer pour une poule mouillée. Il miaula d'une voix plutôt assurée :

"C'est une bonne question... J'ai parfois des... de legers moments d'absences, je me laisse guider par mes pas et ça m'emmène à des endroits peu recommendable parfois."

 Il espérait que sa réponse était bien, cohérente et surtout qu'elle y croirait. Il espérait qu'elle ne doute pas, qu'elle ne voit pas qu'il cachait deux trois "petits" trucs. Les chuchotis étaient peu fort mais un peu pénible et angoissant. La guerrier du clan de l'ombre espérait qu'elles ne s'amplifieraient pas pendant qu'il expliquait sa présence ici à la chatte rousse....

La minette rousse parut étonnée, décontenancée par la réponse du félin blanc. C'étai vrai que dit comme cela ça pouvait faire un choc. Elle fronça le museau, ce que Coeur Blanc trouva très mignon, puis elle dit en bégayant légèrement :

"Que veux-tu dire par... des moments d'absence?"

Bon il n'allait quand même pas lui dire "écoutes j'entends des voix et me déplace inconsciemment parfois", sinon elle le prendrait pour un fou, un barjot! Non il fallait y aller avec tact, il ne pouvait plus reculer alors autant se lancer. Il espérait sincèrement qu'elle ne prenne pas ses pattes à son cou et lui fasse promettre de rester loin d'elle. Il miaula d'un ton calme quoi qu'un peu gêné :

"Euh... Comment dire... Parfois je tombe dans les vapes et... Je me réveille ailleurs... Mais rien de grave! Je te le jure!"

Présenté ainsi, les choses paraissaient "un peu" moins graves. Il s'approcha d'elle et chuchota, comme si d'autres chats étaient là à les espionner, qu'elle ne devait en parler à personne. Si elle en parlait alors il serait fichu, le clan se retournerait contre lui et alors il serait obligé de quitter le clan, voir même la forêt car il était impensable de laisser quelqu'un qui n'avait pas toute sa tête vagabonder. Allait-il lui parler des voix aussi? Coeur Blanc avait besoin de vider son sac mais tout pouvait lui retomber dessus du jour au lendemain. Il attendit sa réponse, en essayant de cacher son malaise.

Lumière de Sang mit du temps à reprendre ses esprits, à essayer de tout rassembler dans sa tête et ça Coeur Blanc le vit bien. Elle miaula, bégayant légèrement :

"Comment ça, rien de grave? Ta vie pourrait être mise en danger comme aujourd'hui! Tu aurais pu en... mourir... Et non, je n'en parlerai pas..."

Elle sourit, essayant peut-être dese rassurer, ou alors s'était le félin blanc qu'elle voulait rassurer. Et dit-donc, se faisait-elle pas un peu de souci pour elle? Il semblerait, et ça lui faisait très plaisir forcément. Néanmoins il était toujours mal à l'aise, effectivement il n'avait pas tout dit et ce qu'il gardait encore pour lui était pire que des "petits" moment d'absence. Il s'agissait de lui dire que dans sa tête il n'était pas tout seul quand même! Comment le dire? Il ne voulait pas mais sa gêne était tellement perceptible que jusqu'au camp des félins de la lande on pouvait la sentir. La figure de la lieutenant se figea d'inquiétude, ça y est, elle la sentait, cette honte, elle la percevait et elle dit :

Il y a quelque chose d'autre?

Que faire? Il ne pouvait pas reculer, il ne pouvait pas, et puis c'était la première personne qui serait au courant de ces miaulements mentaux! Pelage Epineux savait juste pour les évanouissement mais pas ces présences qui le hantaient! Le guerrier aux yeux vert déglutit et dit d'une voix étranglée.

"Et bien des fois je... Il baissa la tête, honteux. Des fois j'entends des... Des voix..."

Il se dandina espérant qu'elle ne lui dise pas de se barrer loin et à tout jamais.

Etonnamment la chatte rousse ne resta pas éberluée bien longtemps et la curiosité pris le pas sur la peur, ainsi elle commença son "interrogatoire" auprès de Coeur Blanc qui lui était sous le choc encore de sa propre révélation. S'entendre dire que des voix imaginaires l'accompagnaient était très dur à accepter, aussi il dû secouer sa tête pour revenir sur terre devant son lieutenant. Elle lui demandait justement ce que ces miaulements pouvaient bien lui raconter. Elles... Elles le détruisaient! Complétement! Le perdaient et le noyaient dans un flot d'insultes et de paranoïa lui faisant peu à peu perdre la raison. Lumière de Sang, face à lui, semblait très curieuse et impatiente de connaître la réponse. Le félin blanc ouvrit la ouche et aucun son n'en sortit. Il prit une grande goulée d'air avant de réessayer un miauler quelque chose. Ce ne fut qu'un simple murmure, un murmure glaçant le sang.

"Que je dois tous les tuer...."

Il se rendit compte que présentait ainsi, sa "maladie" devait paraître grave. Elle l'était! Mais il n'allait tout de même pas tuer ses camarades ni aucun autre chat! Le mâle aux yeux émeraudes commença à se dandiner, extrêmement al à l'aise à cause de sa réponse un peu trop... direct? Il baissa aussi ses prunelles et attendit patiemment la réaction de la femelle de couleur flame.

La lieutenante rousse parut choquée, un peu normal après tout. Ses voix lui ordonnait des choses très étranges et surtout très effrayantes. Elle avait ses yeux grands ouverts et Cœur Blanc était triste de l'effrayer ainsi, il s'attendait à ce qu'elle déguerpisse ou lui donne une bonne leçon sous peu. Mais elle ne fit rien de tout ça, elle le regarda simplement et lui miaula discrètement :

"- Je... vois. "Les", c'est tous les membres du Clans, je suppose? Comment peux-tu supporter ça...? "

Comment supportait-il? Très bonne question, lui même se demandait parfois comment il se retenait de ne pas faire un carnage. Il supportait cela depuis la mort de sa compagne et de ses parents, triste période de sa vie où l'amour avait manqué. Et donc oui, ces "êtres" vivants dans son mental était toujours là, insoutenables. Il en avait marre mais il ne pouvait rien y faire. Peut-être un jour quelqu'un l'aiderait... Le matou blanc observa la chatte rousse et lui dit le plus calmement possible, cachant son malaise, sa tristesse et sa nervosité du mieux qu'il le pouvait :

"- On... On finit par s'y faire... Rassure toi je ne ferai rien de ce que dise ces voix là!"

Il ne voulait pas qu'elle se sente menacée, ainsi il avait essayé au mieux de la rassurer.