Frère et Sœur : une guerre sans fin.

 

Petit Espoir et Petite Utopie.

 

 

Pour une fois, je peux enfin décider de l'issu de cette journée. Et oui, miraculeusement, je suis réveillé avant toi Petite Utopie et ne crois pas que je vais te laisser me gâcher ce plaisir, ce plaisir inondant de te regarder dormir comme une souche car je le ferai moi-même le moment venu. Je te bondirai dessus, exactement comme tu as pris la désagréable habitude de le faire avec moi. Fleur Céleste te le dis souvent ; je ne suis pas un jouet, mais ton frère. J'ai tant envie de te montrer, non, de te faire subir le même sort, mais d'un autre côté, ma conscience me dit de ne pas le faire. Je ne suis pas aussi cruel que toi. Peut-être le suis-je plus encore ou moins, je l'ignore. Mais le moment venu, je te le jure, tu connaîtras le même sort que moi et ce moment c'est maintenant !

D'un bond, je fauchais Petite Utopie au sol, laissant absolument tout mon poids l'écraser comme elle avait si bien prit l'habitude de me le faire. Malgré sa plainte, je ne me relevai point, prenant plaisir à la voir enfin souffrir de son propre supplice. Pour une fois, je prenais le dessus sur elle. Père serait fier de moi si il me voyait, mais malheureusement, il devait encore dormir dans la tanière des guerriers ou partit chasser pour le clan. Peu importe. De toute façon, je remportais notre petite guerre avec brio. Petite Utopie mordait la poussière pendant que moi, je lui mordillait vivement les oreilles en ballottant une patte de gauche à droite dans ses moustaches jusqu'à ce qu'elle s'avoue enfin vaincue.
   

Codage by TAC

Le réveil fut brutal pour Petite Utopie. Alors qu'elle rêvait à son baptême d'apprentie et que Étoile Merveilleuse était sur le point de lui donner son nouveau nom, un corps inconnu la frappait de plein fouet. Obligé d'oublier ses songes, la chatonne ouvrit les yeux avec colère. Son assaillant était nul autre que son frère Petit Espoir qui avait surement décidé de l'embêter aujourd'hui, mais malgré les liens du sang, cette petite cervelle de souris en paierait le prix. Petite Utopie s'agitait, tentant tant bien que de mal d'échapper à l'étreinte étouffante de son frère, mais sans succès. Celui-ci en prit même plaisir de la voir prise au piège, ce qui irritait encore plus la petite rouquine qui lui ordonnait présentement de s'enlever de sur elle. Elle n'est pas un perchoir à oiseau, bon sang ! Petit Espoir ne l'écoutait pas. Il se couchait alors sur elle, lui mordillant les oreilles et jouant dans ses moustaches pour l'énerver encore plus. Soudain, Petite Utopie en eut assez ! D'une roulade improvisé sur le côté elle fit tomber Petit Espoir qu'elle éjectait ensuite à l'aide de ses pattes arrières. Le vacarme de l'affrontement réveillait Fleur Céleste qui paniquée par les plaintes de Petit Espoir s'en prit verbalement à Petite Utopie.

« - Que se passe t-il ici à la fin ? » feulait la reine crème.

« - C'est lui qui a commencé ! » se défendit la rouquine. « - Je dormais tranquillement lorsque cette crotte de renard m'a bondit dessus ! » expliquait-elle en désignant son frère de la queue.

Encore une fois, c'était ma faute. Toujours ma faute. J'ai une tête moi à faire des bêtises. Non. Pas du tout. Même si je dois avouer que cette fois c'est bien moi qui est commencé, mais uniquement en réponse aux précédentes provocations de ma sœur. Rien de plus. Mais qu'Est-ce que cette manie de toujours m'accuser ? C'est maladif ! C'est pourtant elle qui m'a éjecté comme une vulgaire souris dans les airs. J'espère qu'elle sera puni cette fois. Quitte à l'être moi aussi. Je m'en fous d'être privé de sortie ou encore de repas. Pourvu que justice soit rendu et que ma sœur aussi soit sanctionné pour ses actes de chaton trop gâté. Quoi que l'on en pense, papa l'aime plus que moi et cela depuis toujours. Pourquoi ? Vous ne voyez donc pas ? Maman. Elle ressemble à notre mère défunte. Plus que je ne pourrais jamais l'être. Voilà la raison pour laquelle notre père la préfère à moi. Oui moi. Pauvre petit chaton qui ne ressemble à personne. Certains disent que j'ai le pelage de mon père, mais regardez mieux que cela ! Masque du Trèfle est blanc cassé aux extrémités gris-bleu, tandis que moi je suis blanc cassé, certes, mais aux extrémités tigrés de gris contrairement à mon paternel. Je ressemble plus à notre guérisseuse. Oui, je sais. Cantique Astral est ma tante. La sœur de mon père. Il est donc tout a fait normal que je lui ressemble un peu, mais pourquoi autant ? Suis-je véritablement le fils de Mélopée Sahélienne ? Je commence à en douter fortement. Il serait logique que si la guérisseuse avait eu un petit, elle l'aurait caché, non ? Pourtant, je ne ressens aucune attirance envers cette femelle. Pas plus envers Fleur Céleste qui justement nous fusillait toujours du regard en attente d'une réponse de ma part. Alors je lui répondis franchement :

« - Elle ment ! Je n'ai fait que me défendre ! C'est elle qui m'a frappé la première, moi, je ne voulais que jouer ! » fis-je mine de pleurnicher.

Petit Espoir ne perdit pas une seconde. Il se défendit lâchement en pleurnichant de sorte à attendrir le cœur de Fleur Céleste et ainsi l'amadouer afin que la reine crème se range de son côté comme il avait l'habitude de le faire. Petite Utopie quant à elle, sentit la colère s'infuser dans tout son petit corps. C'était son frère le menteur, pas elle ! Frustrée, la rouquine sortit les griffes, sa jolie fourrure roux clair dressée sur son échine, elle crachait sans retenue :

« - Espèce de cervelle de souris ! » pestait-elle. « - C'est toi le menteur ! Tu m'as attaqué en premier, moi je dormais et je faisais le plus beau des rêves : celui que tu ne feras sans doute jamais parce que je vais te tuer si tu oses encore raconter des sornettes ! » grondait Petite Utopie.

La chatonne était tellement énervée que son mignon petit minois angélique n'était plus que l'ombre de lui-même. Son museau était plissé en un rictus presque dément qui dévoilait de fins petits crocs nacrés prêt à déchiqueter la chair rose et tendre de son propre frère. Même ses yeux, devenus fous, présentait une pupille aussi mince qu'un léger trait de crayon. Si Petit Espoir osait prononcé un seul traitre mot, s'en était fini de lui. Par chance pour le chaton tigré de gris, Fleur Céleste intervint dans le conflit à l'aide de sa grosse voix autoritaire. Ses propres petits savaient qu'à ce moment-là il était inutile de la contredire et même si Petite Utopie et Petit Espoir n'étaient pas liés par le sang à cette chatte, ils le savaient très bien eux-aussi.

« - Ça suffit ! Taisez-vous tous les deux ! Personne ne blessera l'autre. Ni aujourd'hui ni jamais d'ailleurs. Vous êtes frère et sœur bon sang ! Croyez-vous sérieusement que vos parents apprécieraient de connaître l'existence de cette animosité entre vous ? Je ne crois pas. Alors je ne veux plus jamais vous entendre vous parler sur ce ton, compris ? Excusez-vous maintenant. Tous les deux ! » ordonnait Fleur Céleste en rapprochant les deux chatons l'un de l'autre.

Fleur Céleste n'eut malheureusement pas le temps de répondre à ma petite comédie que ma sœur eut une nouvelle fois l'une de ses nombreuses réactions exagérés. Mais quel plaie celle-là ! Toujours à vouloir avoir le bon rôle ; celui de la petite fille parfaite à son papa sans défaut et sans négation. Mais cette fois-ci, je ne lâcherai point, du moins pas tant qu'elle reçoive ce qu'elle mérite. C'est à dire des représailles pour s'être montré cruelle envers moi, son propre frère et cela depuis notre naissance. Lorsque je la vis plisser le museau, ses yeux bleus luisant de colère, j'étais déjà prêt à recevoir son courroux sans me laisser berner par ses paroles creuses, sans fondement dont elle avait l'habitude de me châtier. Quoi que ma sœur puisse me dire, je ne devais jamais y faire attention car elle ne respectais jamais sa parole et mentait constamment.

« - Espèce de cervelle de souris ! » pestait-elle. « - C'est toi le menteur ! Tu m'as attaqué en premier, moi je dormais et je faisais le plus beau des rêves : celui que tu ne feras sans doute jamais parce que je vais te tuer si tu oses encore raconter des sornettes ! » grondait Petite Utopie.

« - Ça suffit ! Taisez-vous tous les deux ! Personne ne blessera l'autre. Ni aujourd'hui ni jamais d'ailleurs. Vous êtes frère et sœur bon sang ! Croyez-vous sérieusement que vos parents apprécieraient de connaître l'existence de cette animosité entre vous ? Je ne crois pas. Alors je ne veux plus jamais vous entendre vous parler sur ce ton, compris ? Excusez-vous maintenant. Tous les deux ! » ordonnait Fleur Céleste en nous rapprochant l'un de l'autre.

Petite Utopie et moi étions plus têtus que ce que notre mère adoptive pouvait le croire. Je le sais car chaque fois que l'on s'était chamailler par le passé, nous ne nous étions pas réconcilier le jour même ni la lune suivante. Nos querelles prenaient du temps à finir à terme et d'après ce que je lisais dans les yeux furieux de ma sœur, notre tradition n'était pas prête de changer aujourd'hui. Sans dire un mot, je lui tournais le dos et elle fit de même sous le regard outré de Fleur Céleste qui se contentait de soupirer de découragement.

« - Mais que vais-je bien pouvoir faire de vous deux ? » nous demandait-elle de manière indirecte.

Petite Utopie était plus têtue qu'il n'y paraissait. Il était hors de question pour elle de se réconcilier maintenant avec son frère, du moins pour son propre intérêt et sa fierté de chatonne. Fleur Céleste pouvait bien croire ce que bon lui semblait, mais la petite rouquine n'était pas prête de plier à ses vœux et lui faire plaisir. Elle relevait donc le menton en poussant un soupir grossier, puis tournait le dos à son rival. Petite Utopie aurait préférée fuir le conflit, éviter de voir son frère à nouveau car celui-ci était déjà mort à ses yeux. La stupidité de Petit Espoir la rendait malade. Pourquoi ne pouvaient-ils pas s'entendre à merveille comme elle et Nuage Diabolique, leur frère de cœur ? Le chaton blanc tigré de gris était-il jaloux de l'apprenti noir ? La petite rouquine le pensait de plus en plus. Et puis, tant pis. C'est son choix. Il n'a qu'à en subir les conséquences ! finissait-elle toujours par se dire. Son frère cherchait toujours à se faire prendre en pitié auprès de tous les chats et cela enrageait amèrement Petite Utopie qui plantait ses petites griffes blanches dans le sol et n'écoutait déjà plus Fleur Céleste qui soupirait longuement, visiblement déçue du comportement puéril des deux chatons.