Vent du Sahara était heureux. Cela faisait plus d'une lune qu'il était en couple avec Reine des Neiges. Les deux jeunes tourtereaux s'aimaient tendrement, et rien ni personne ne pouvait désormais les séparer. Leur amour était plus passionnel que celui entre le rouquin et l'ancienne cheffe du Clan de l'Ombre. Il devait l'être encore plus que celui entre Cœur du Temps et Reine des Neiges. Pour autant, il ne voulait pas être perçu comme un traître pour avoir prit la place de l'ancien lieutenant dans le cœur de la femelle. Il fallait qu'il agisse comme un vrai compagnon. Ce pourquoi, chaque jour, il prêtait énormément d'attention encore Petite Dryade, Petit Narcisse et Patte d'Eldelweiss. Il considérait déjà les jeunes chatons comme ses petits. Il les dorlotait comme un père de famille. Comme il aurait dû le faire avec ses autres petits, au sein du Clan de l'Ombre.

S'éveillant au sein de la tanière des guerriers, le rouquin papillonna des yeux. Les rayons du soleil qui traversaient l'antre finissait par l'éblouir. Réveillé par l'astre flamboyant, la première pensée qu'avait le matou en sortant de son sommeil, c'était de savoir si Reine des Neiges et ses petits alors bien. S'étirant dans toute la longueur, dépassant alors de son superbe nid, le rouquin finit par bâiller aux corbeilles avant de s'assoir sur sa belle litière. À cet endroit, il commença une simple toilette pour mettre tous ses poils en place. Ceci fait, il se releva, prêt à sortir du gîte. Évitant alors tous les corps qui le séparait de la sortie, il finit dehors sans encombre, parfaitement indemne. S'approchant alors de la pouponnière, Vent du Sahara aperçu les chatons de sa compagne ainsi que cette dernière collée contre eux. Ils étaient si mignons que le rouquin ne voulait pas les réveiller, les laissant paisiblement.

Souriant, le bonheur jusqu'aux babines, le mâle roux refusait de réveiller la fratrie si belle. Alors, ce fut à l'entrée de la tanière que le guerrier se mit à rêvasser. Depuis un petit moment, il semblerait que le ventre de Reine des Neiges ne cesse de prendre de l'ampleur. Vent du Sahara était persuadé qu'il y avait quelque chose derrière tout cela. Mais il ne savait pas quoi, il semblait indécis sur le fait d'être sûr sur une hypothèse. Bien sûr, un chaton aurait juste penser que la reine avait prit du poids, mais le mâle était un combattant avec de nombreuses lunes d'expériences et non un petit inculte. Il se demandait alors de qui pouvait bien être les petits. Après tout, s'il allait être papa, il allait être heureux. Mais si ce n'était pas lui, si elle ne l'aimait as en réalité, si elle avait un autre compagnon ? Que penser d'elle alors ? Plongé dans les plus profondes de ses pensées, il n'entendit pas un bruissement qu'il aurait pu aussitôt découvrir s'il avait été concentré sur la vie actuelle.

 

 

L'amour d'une mère est irremplaçable.

 

Reine des Neiges, Esprit des Songes et Vent du Sahara

 

 

Reine des Neiges -
Ce n'était pas la première fois que je faisais un rêve semblable. Je marchais dans un champ de fleurs la dernière fois et maintenant, sous mes pattes, se trouvait un épais tapis de nuage blanc et cotonneux. J'avais beau avancer, je ne voyais strictement rien de nouveau, à part le ciel bleu au-dessus de ma tête et le clapotis joyeux de ce poisson qui s'amusait gaiement à me suivre en plongeant dans la mer de nuage et en bondissant dans les cieux tel un mythique poisson-volant. Si je n'avais pas été seule avec ce joyeux lurons, je n'aurais pas hésitée une seule seconde à tenter de l'attraper pour en faire mon diner, mais ses bonds spectaculaires me rendaient si heureuse et comblée que j'en oubliais presque que j'étais un prédateur et lui ma proie. Soudain, le poisson doré plongeait de nouveau, pour ensuite bondir plus haut, encore plus haut cette fois. Son corps ondoyant touchait le ciel bleu qui s'assombrit d'un coup ; les nuages laissèrent place à des trainées d'étoiles majestueuses ! Je n'en croyais pas mes yeux. Émerveillée par ce spectacle, je n'entendis pas un chat venir. Sa voix me fit donc sursauter.

« - Bonjour Reine des Neiges. » miaulait un matou.

Étrangement, son pelage couleur fumée ne brillait pas comme celui de nos ancêtres. Ce devait donc être un visiteur, comme moi, venu du monde des vivants pour consulter la sagesse du Clan des Étoiles. Celui-ci s'avançait vers moi, d'un pas plutôt irrégulier qui me rappelait bêtement la démarche houleuse de notre nouveau guérisseur ; Poisson du Nil. Mais ... une seconde ... C'est lui !

« - Poisson du Nil ?! Que fais-tu ici ? » m'empressais-je de lui demander par bêtise.

Voyons. C'est tout a fait normal qu'un guérisseur rode sur les terres de nos ancêtres ; suis-je bête ? Toutefois, le matou ne semblait pas vexé par ma question. Il levait plutôt ses yeux anis vers l'ondée d'étoiles au-dessus de nos têtes, puis soupirait légèrement.

« - Il faut croire que le Clan des Étoiles souhaitait que l'on se rencontre en ces lieux. » me répondit-il. « - Ils ont un message pour toi, ou du moins, pour nous deux. Viens me voir dans mon antre si cela t'intéresse. »

Sur ces mots, le guérisseur disparaissait petit à petit et la plaine aux étoiles avec lui. Je me réveillais alors en sursaut dans la pouponnière. Petit Narcisse et Petite Dryade dormait encore paisiblement contre mon flanc. Au moins, je ne l'ai avait pas réveillé dans mon soubresaut. J'attendis donc sagement qu'ils se réveillent pour aller rendre une petite visite à notre guérisseur, laissant mes amours au soin de Douce Brise et Petite Source.

Lorsque Poisson du Nil me reçut dans sa tanière, ses agissements me mirent aussitôt mal à l'aise. Au lieu de me saluer et de me souhaiter la bienvenue, le guérisseur me demandait de m'étendre sur le côté dans l'un des nids prévus pour les félins convalescents. Pourtant, je ne me sentais ni mal ni différente de d'habitude. Le matou couleur fumé mit l'accent sur mon flanc en me disant que c'était la volonté du Clan des Étoiles que je sois et reste en bonne santé, mais chacune de ses paroles ne me mettait nullement en confiance. Finalement, Poisson du Nil se redressait, les yeux brillants. C'est alors qu'il m'annonça la nouvelle ...

En me réveillant quelques jours plus tard, je fus surprise de trouver Esprit des Songes et Vent du Sahara dans la pouponnière de si bonne heure le matin. À peine j'avais ouvert les yeux, mon frère, le nouveau lieutenant du clan, vint à ma rencontre un campagnol fraîchement tué dans la gueule.

« - Bonjour Reine des Neiges. Je t'ai amené un campagnol, ton plat préféré. » miaulait Esprit des Songes après avoir déposé la prise devant moi.

« - Merci grand frère. » ronronnais-je en posant timidement mon regard sur Vent du Sahara. Je dois lui dire, mais est-ce le bon moment ? ... Non, pas maintenant. me dis-je en prenant la première bouchée dans le rongeur tiède.
   

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